Violence et pédophilie

 

 

   Recueil de rapports sur la violence et la pédophilie…

      Enquête effectuée pour la réalisation d'un ouvrage littéraire sur le sujet par Alain Terdit   [email protected]

 

 

 3   Association Protestante Néerlandaise de Planning Familial

 16  Le plaisir du corps et   l'origine de la violence

 47  Assistance aux personnes en prise avec des attirances pédophiliques

59  Rapport capital

    109 Communiqué : Le Monde du 26 janvier 1977

 

  La pédophilie 

Brochure
P.S.V.G.(1979)
Association Protestante Néerlandaise de Planning Familial

MODE D'EMPLOI 

Beaucoup d'entre vous auront du mal à lire cette brochure calmement. Si vous avez des problèmes avec certains passages, ne la jetez pas tout de suite. Essayez d'abord de réfléchir calmement pour savoir ce qui vous pose problème. Vous trouverez pages 14 et 15 une petite liste d'idées et d'opinions qu'on rencontre fréquemment. Si vous n'arrivez pas à comprendre d'où viennent vos difficultés, vous devriez consulter cette liste. Même si votre opinion est déjà faite d'avance, vous y trouverez peut-être matière à réflexion.

P.S.V.G. FÉVRIER 1979

Note du traducteur:

Cette brochure a été réalisée par une ASSOCIATION NÉERLANDAIS (et protestante) DE PLANING FAMILIAL. Il faut donc replacer certaines informations et affirmations dans leur contexte géographique et historique. Cette brochure fait partie d'un ensemble destiné à une diffusion très large, qui comporte entre autres: homosexualité; drogues; jeunes et sexualité; la pilule; contraception; la ménopause; maladies vénériennes etc.

INTRODUCTION

Cette brochure parle de pédophilie. Elle est destinée à tous ceux qui veulent en savoir plus sur la pédophilie, mais surtout à ceux qui sont concernés. En premier lieu, les pédophiles eux-mêmes, et les enfants qu'ils fréquentent. A côté de cela, les parents avec des enfants jeunes, et les parents ayant des enfants pédophiles, sont concernés. A cause des lois actuelles, il arrive aussi que la police et les magistrats y soient confrontés. Des travailleurs sociaux y sont impliqués également. Ainsi, il y a de nombreuses personnes qui s'occupent de pédophilie. A vrai dire, cette brochure s'adresse également aux enfants, mais ils s'apercevront rapidement qu'il s'agit malgré tout d'une brochure pour adultes. Cela vient de ce que la "pédophilie" est non seulement un mot d'adulte, mais surtout un problème d'adulte.

Par conséquent, vous lirez d'abord:

- qu'est-ce que c'est que la pédophilie? 

- que sont les pédophiles? 

- qui sont-ils? 

- que font les pédophiles avec les enfants? 

- avec qui le font-ils?

 - comment s'y prennent-ils?

et seulement après:

- que pensent les enfants de leurs contacts pédophiles?

Là aussi, les enfants n'occupent que la seconde place. Avec cette brochure nous tenterons de donner une meilleure image de la pédophilie. Nous voulons aligner des faits, et ainsi nous débarrasser de préjugés et malentendus.

QU'EST-CE QUE LA PÉDOPHILIE?

L'être humain éprouve des sensations sexuelles et amoureuses de toutes sortes: homosexuelles, pédophiles, hétérosexuelles. Certaines personnes ont plus de sensations d'une sorte que d'une autre sorte. Quand nous découvrons cela, nous nous empressons de leur coller une étiquette: une personne surtout attirée par quelqu'un de son propre sexe s'appellera homosexuel; quelqu'un qui se tourne surtout vers le sexe opposé s'appellera hétérosexuel, et ceux qui dirigent leurs sentiments surtout vers les enfants, s'appelleront pédophiles. Littéralement cela veut dire : "quelqu'un qui aime les enfants". Et c'est exactement ce dont il s'agit. Vu de cette façon, il arrive à chacun d'entre nous d'avoir de tels sentiments, consciemment ou inconsciemment. Parfois la sexualité y joue un rôle. Et parfois on s'en rend compte:on s'aperçoit par ex. qu'on aime chahuter avec des enfants. Et parce que nous avons du mal à accepter cela, on a commencé à nous mettre, et à mettre les autres, dans des catégories: pédophiles, homophiles etc. Quand une personne oriente sa sexualité surtout vers l'autre sexe, elle est hétéro: il (ou elle) DOIT se comporter de telle ou telle façon, et les autres pulsions (pédophiles, homophiles) sont cachées, opprimées ou ignorées.

QUE SONT LES PÉDOPHILES?

Les pédophiles sont des personnes qui se sentent attirées par les enfants, y compris sexuellement. Le fait de se sentir attiré par les enfants est vécu comme une partie intégrante de la personnalité: quand on n'a pas le droit d'avoir ces sentiments, on n'a pas le droit d'être soi-même.

QUI SONT-ILS?

Des personnes qui aiment surtout les enfants, on en trouve partout: ce sont des hommes et des femmes, des femmes de 25 ans et des hommes de 50 ans, des gros, des maigres, des grands, des petits, des gentils et des pas-gentils. Il y a des personnes qui se sentent attirées par les enfants de leur sexe, des enfants du sexe opposé, ou par les deux. Et, comme chez les homosexuels ça ne se voit pas sur leur figure.

QUE FONT LES PÉDOPHILES AVEC LES ENFANTS?

Pour résumer, on pourrait dire: la même chose que les autres adultes, mais parfois il s'y ajoute des actes sexuels. Le pédophile tient surtout à faire savoir à l'enfant qu'il l'aime. C'est pour cette raison que la plupart du temps il n'y aura pas "pénétration" avec des enfants jeunes. Un garçon ou une fille d'une dizaine d'années n'est pas encore suffisamment "bâti" pour cela. Un homme adulte qui essaie d'introduire son pénis dans le vagin d'une fillette, lui fera mal dans la plupart des cas. Par conséquent, les pédophiles, en général, s'abstiendront, ne fût -ce que pour cette raison. Mais qu'est-ce qu'ils font alors? Non seulement ils parlent ensemble, rient ensemble, jouent ensemble etc., mais ils s'embrassent aussi, se caressent, se montrent leurs organes sexuels. Parfois l'adulte se masturbe devant son (sa) petit(e) ami(e), ou se laisse masturber.

AVEC QUI LE FONT-ILS?

Le pédophile se sent attiré par les enfants d'environ 8 à 15 ans. Avec l'arrivée de la puberté, l'enfant perd parfois son attraction SEXUELLE pour l'adulte. Il arrive que le plus jeune accepte cela difficilement. Mais très souvent l'amitié subsiste. Comme dans les relations entre adultes, le pédophile peut avoir des relations avec des enfants qu'il connaît depuis longtemps et avec des enfants qu'il connaît depuis très peu de temps. La plupart du temps, les deux partenaires se connaissent déjà depuis très longtemps avant d'en arriver à vivre une relation pédophile. Souvent ils habitent dans le même quartier, parfois l'adulte est un ami des parents, ou un membre de la famille.

COMMENT S'Y PRENNENT-ILS ?

Comme nous venons de le voir, les partenaires se connaissent souvent depuis fort longtemps. Aussi, beaucoup de relations se développent-elles peu à peu. A un moment donné, cette relation devient plus intime, et la sexualité peut y trouver sa place. Dans ce cadre, il n'y a pas à proprement parler d'"initiative". Quand une relation se développe peu à peu, il arrive un moment où les deux partenaires estiment que la sexualité peut y trouver place. Il est à noter, cependant, qu'il arrive très souvent que ce soit le plus jeune qui "commence", ou joue les "incitateurs". Mais dans la plupart des cas, l'aspect sexuel se développe progressivement, en interaction? Le pédophile peut avoir, lui aussi, des contacts uniques et sans lendemain. Là, également, l'initiative peut venir de l'enfant comme de l'adulte. Il arrive parfois que le contact sexuel soit imposé. L'adulte peut abuser de son pouvoir; il, ou elle, peut user de contrainte, ou essayer par des voies détournées d'obtenir l'assentiment de l'enfant. Mais ceci n'est pas spécifique de la sexualité pédophile. Dans les contacts homo ou hétérosexuels également, il peut être question de contrainte et de pouvoir. Seulement, les enfants sont moins en mesure de se défendre que les adultes. Il est toujours plus facile d'abuser d'un enfant (et pas seulement sur le plan sexuel). les rapports avec des enfants exigent TOUJOURS respect et retenue. Il se trouve que les parents oublient cela bien plus souvent que les pédophiles, parce que les parents considèrent ces petites personnes comme LEURS enfants.

QUE PENSENT LES ENFANTS DE LEURS CONTACTS PÉDOPHILES?

Quand un enfant a une relation avec un pédophile sans intervention extérieure, des liens d'amitié se tissent qui subsistent souvent quand l'aspect sexuel de la relation a cessé d'être. Souvent l'adulte a une grande importance pour l'enfant en tant que personne de confiance, comme soutien, mais avant tout comme "partenaire en amour". Les sentiments que l'enfant éprouve sont des sentiments de "être amoureux de" et "bien aimer". L'aspect sexuel a probablement une signification autre pour lui que pour l'adulte. Parfois l'enfant est passif. il apprécie la tendresse et les caresses: il se laisse faire gentiment. Mais il arrive aussi que l'enfant soit actif. PROBABLEMENT l'enfant ne voit pas le sexe comme une chose à part dans une relation. On peut dire que chez certains enfants la sexualité fait encore partie intégrante de leur existence.

E N F A N T S - E T - S E X U A L I T É

Nous avons été très prudents en parlant de la sexualité des enfants; nous disions "probablement, ils le sentent ainsi". Prudence à observer, car finalement nous ne savons pas grand chose de la sexualité infantile. On entrevoit beaucoup de choses, et une de nos erreurs est de regarder leur sexualité en partant de nos propres sentiments et sensations. Nous projetons nos propres opinions, sentiments et expériences sur les enfants. Peut-être parce qu'en tant qu'adultes nous avons oublié notre propre enfance; peut-être aussi parce que nous VOULONS oublier notre enfance quand il s'agit de sexualité. Les adultes d'aujourd'hui qui ont eu des "expériences sexuelles" en tant qu'enfant ont appris que c'était "mal". 

Les sensations qu'ils ont pu avoir en jouant "au docteur" ou "au papa et à la maman" sont souvent profondément refoulées. Pour savoir quelque chose sur la sexualité des enfants, il faudrait regarder les enfants sans idée préconçue. Et peut-être aussi se regarder sans idée préconçue. Car il se peut que l'adulte ait déjà eu, à un moment ou à un autre, une réaction de recul quand il a senti la pulsion de caresser sexuellement un enfant (par ex. en lui donnant son bain...). L'enfant a toujours affaire à des adultes. Et ces adultes interdisent, punissent, se fâchent. 

Dès son plus jeune âge, on apprend à l'enfant qu'il ne faut pas faire de choses "sales". Même sans que les adultes l'expriment clairement, l'enfant sent, de par l'attitude des adultes, que certains jeux amusants sont interdits. Et c'est pour cela qu'il préfère y jouer dans des coins obscurs où l'on risque moins la découverte. Ainsi, la vie sentimentale de l'enfant est très rapidement entourée d'une ambiance un peu malsaine. Et la sexualité des enfants devient un comportement dicté par les adultes. 

L'adulte est très important pour l'enfant. L'adulte détient le pouvoir. Les adultes, les parents, les grands-parents, les enseignants, les flics, les automobilistes, les médecins et ainsi de suite, tous ces adultes déterminent ce que les enfants ont le droit, ou n'ont pas le droit de faire. Le monde de l'enfant est étriqué. La rue où il joue est dangereuse à cause des automobilistes, la maison qu'il habite est conçue par un architecte adulte, et qu'est-ce qu'il apprend? des leçons prodiguées par des instituteurs. Les frontières de l'enfant sont beaucoup plus resserrées que nous ne le pensons. Dans le domaine de la sexualité aussi, l'adulte a imposé les limites. C'est lui qui détermine ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est "propre" et ce qui est "sale". On pourrait dire que c'est l'opinion des adultes qui entoure de frontières la sexualité des enfants. Et, évidemment, cela est également valable pour les relations pédophiles.

D E S - M A L E N T E N D U S

Jusqu'ici nous avons essayé d'expliquer ce qu'est la pédophilie, ce que font les pédophiles, et comment les choses PEUVENT se passer dans une relation. Il y a beaucoup de malentendus et de préjugés dans ce domaine, qui déterminent en grande partie l'évolution des relations pédophiles. Nous allons les regarder de plus près.

MALENTENDU: TOUS LES PÉDOPHILES SONT DES HOMOSEXUELS

Il y a des gens qui pensent que tous les pédophiles sont des homosexuels. C'est faux. Il y a autant de pédophiles attirés par les enfants de l'autre sexe que de pédophiles attirés par les enfants de leur propre sexe.

MALENTENDU: TOUS LES HOMOSEXUELS SONT DES PÉDOPHILES

Également faux. Parmi les homosexuels, on trouve la même proportion de pédophiles que parmi les hétérosexuels.

MALENTENDU: LES PÉDOPHILES SONT DES PETITS VIEUX DÉGOÛTANTS

Faux. Le pédophile peut avoir n'importe quel âge, jeune ou vieux. Il n' y a pas que des hommes. Une femme aussi peut tomber amoureuse d'un enfant. Mais comme on considère qu'il est normal qu'une femme embrasse et caresse les enfants, elle n'attire pas l'attention...Et, au fait, ils ne sont pas dégoûtants non plus.

MALENTENDU: LES PÉDOPHILES SONT DES FRUSTRÉS

Cela devient monotone: faux également. On trouve des gens frustrés partout, chez les homosexuels, les pédophiles, les hétérosexuels. Ce qui est vrai, c'est que par l'interdiction de vivre la vie sexuelle, le pédophile peut devenir frustré. Il n'est pas frustré parce qu'il est pédophile, mais il peut le devenir s'il ne peut pas s'exprimer en tant que pédophile.

MALENTENDU: L'ENFANT QUI A UNE EXPERIENCE PÉDOPHILE DEVIENT HOMOSEXUEL

Le fait d'être homosexuel ou hétérosexuel n'a rien à voir avec une expérience pédophile. Des recherches ont démontré que parmi les personnes ayant eu des contacts pédophiles, il y a autant d'hétérosexuels que parmi ceux qui n'avaient pas eu ces contacts.

MALENTENDU: LE PÉDOPHILE EST UN SUBORNEUR D'ENFANT

Beaucoup de gens pensent que le pédophile attire l'enfant dans un endroit tranquille en lui proposant des bonbons, des glaces, des petits cadeaux. Cela arrive. Et quand cela arrive, c'est tout simplement parce que le pédophile, de par la législation actuelle et la condamnation sociale, est pratiquement forcé à agir ainsi.

MALENTENDU: LE PÉDOPHILE EST UN ASSASSIN D'ENFANT

A vrai dire on ne peut pas appeler cela un malentendu. L'accusation est beaucoup trop grave. Rarement, très rarement, il arrive qu'un pédophile en vienne à tuer. C'est en général par peur de la découverte. Cela n'est pas spécifique à la pédophilie. D'autres crimes sont commis par peur de la punition. Ainsi, un voleur PEUT devenir un assassin, et un pédophile PEUT tuer. Mais , encore une fois, cela est très très rare, et provient de la peur de la découverte (et donc de la punition). Cela n'a rien à voir en soi avec la pédophilie.

MALENTENDU: LE PÉDOPHILE EST UN DÉTRAQUE

Parmi les pédophiles on trouve des gens de toutes sortes. Quelques-uns ont l'air "bizarre", d'autres paraissent parfaitement "normaux". Il est difficile de déterminer exactement ce qu'est être "bizarre" ou "normal. Être différent ne veut pas dire être détraqué. Vouloir nuire à ses prochains, voilà une forme de déséquilibre. En suivant ce raisonnement, on pourrait bien en arriver à la conclusion que l'automobiliste "normal" qui conduit comme un chauffard et se moque du nombre de victimes d'accidents de la route, est en fait un détraqué. Être différent et penser différent ne veut pas dire: être détraqué.

N U I R E

Nous venons de parler de "nuire à ses prochains". Beaucoup pensent que la relation pédophile nuit à l'enfant. Qu'en est-il? Il y a eu beaucoup de recherches dans ce domaine, en Hollande et dans d'autres pays.. Dans aucune des recherches portées à notre connaissance, il n'apparaît qu'une relation pédophile, EN TANT QUE TELLE, peut nuire à l'enfant. Mais dans notre culture, il est rarement question d'un contact isolé. Il y a beaucoup de choses autour, et là, il peut y avoir conséquences désastreuses. 

Premièrement, il y a les ravages causés par les parents de l'enfant. La découverte d'une relation engendre souvent panique et colère. De telles réactions, engendrées par l'ignorance, nuisent à l'enfant. Ce que l'enfant éprouve comme de la tendresse, de l'amitié, devient soudain quelque chose de sale, d'interdit. 

Il y a aussi les ravages faits par les contacts avec la police et la justice. Heureusement, depuis quelques années, il y a chez les juges et les policiers, le début d'une approche plus nuancée de la pédophilie; mais un interrogatoire, l'attente dans un poste de police etc. donnent néanmoins à l'enfant l'idée qu'il s'est passé des choses terribles. 

Et le pire de tout, peut-être: quand l'enfant a l'impression que par son témoignage, son meilleur ami (ou sa meilleure amie) va se retrouver en prison. Cette terrible pensée peut parfois accompagner l'enfant tout le long de sa vie. Ainsi, ce sont surtout les réactions de l'entourage qui nuisent à l'enfant. Mais, en même temps, ce monde extérieur se nuit à lui-même. Les parents se nuisent à eux-mêmes en nuisant à leur enfant 

On peut aller jusqu'à dire qu'en tant que société nous nous nuisons à nous-mêmes en réagissant de cette façon à la pédophilie. C'est une réaction qui résulte des préjugés, des malentendus; et peut-être aussi de l'impuissance des adultes à assumer leur propre sexualité, qui recouvre aussi des sentiments pédophiles. 

La sexualité devient une chose qui doit se passer dans le noir, qui est sale et, à vrai dire interdite. C'est ainsi que l'on forge des sentiments de culpabilité: des sentiments de culpabilité qui n'ont rien à voir avec une faute réelle. A cause de ces sentiments de fausse culpabilité, il devient souvent difficile de prendre conscience de ses véritables fautes. Là aussi, il y a "dégâts". Beaucoup des ravages dont nous venons de parler proviennent de l'ignorance, des préjugés, des malentendus. En ne s'attaquant pas à ces préjugés, en n'essayant pas de se débarrasser des malentendus, l'on se rend complice, et là aussi, on nuit à ses prochains. Cela est surtout le cas de certains journaux, qui exploitent quelques débordements, et qui en font des articles à sensation. 

C'est aussi le cas de certaines personnes, qui se laissent entraîner par leurs propres émotions, sans réfléchir, en pensant ainsi protéger les enfants. Il faut parler également du tort fait aux pédophiles. A cause de tous ces préjugés et malentendus, ces personnes sont condamnées à ne pas être elles-mêmes, à ne pas être en paix avec leur conscience Et quand elles vivent activement leur pédophilie, la peur de la découverte les habite continuellement. C'est pour cela qu'il y a parfois des accidents (et ces accidents ne font que renforcer les préjugés). Cercle vicieux. Là aussi , l'on fait du tort.

LA PÉDOPHILE EST UN DÉLIT

Les rapports avec les enfants de moins de 16 ans constituent un délit. Dans notre code civil on appelle cela : attentat à la pudeur etc. Ces derniers temps, il y a de plus en plus de personnes qui voudraient se débarrasser de ces lois, et surtout supprimer les limites d'âge. La législation actuelle est faite pour protéger l'enfant, mais en fait l'enfant n'est nullement protégé, et dans la pratique il y a plus de mal fait que de bien. La meilleure façon de protéger l'enfant, c'est de lui apprendre à se protéger lui-même.

C O N S E I L S

La pédophilie est assez fréquente. En cas de découverte, il faut que les parents réagissent, que l'entourage réagisse et que (parfois) la police réagisse. Ce serait merveilleux si cela pouvait se passer d'une façon raisonnable, sans préjugés. Mais c'est beaucoup demander. Ces préjugés sont souvent bien ancrés en nous, on a grandi avec et ils ne se laissent pas mettre de côté. On a affaire à des sentiments, et tout en sachant qu'ils ne sont pas toujours justes, il est difficile de les surmonter. Mais on peut essayer, et ces quelques conseils peuvent y aider.

CONSEILS AUX ENFANTS

A vrai dire, un seul conseil suffit: ne fais jamais ce que tu n'as pas envie de faire. Les enfants sentent très bien ce qu'ils veulent par eux- mêmes, et ce qu'ils ne veulent pas. Cela n'a rien à voir avec la désobéissance. On est désobéissant quand on fait une chose dont on sait en soi-même que c'est mal (ou quand on ne fait pas une chose dont on sait qu'elle est bonne). Quand l'enfant est honnête avec ses parents, c'est-à-dire quand il leur dit franchement ce qu'il aime et ce qu'il n'aime pas, quand il leur dit ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas, à ce moment-là les parents savent où ils en sont. Tu dois pouvoir leur dire ce que tu as fait, où et avec qui. Quand les parents savent cela, ils n'ont plus aucune raison de s'inquiéter.

CONSEILS AUX PARENTS

Beaucoup de parents ont du mal à accepter la pédophilie. Il n'y a aucune raison de panique concernant l'amitié d'un pédophile et d'un enfant, même si dans cette relation il est question de rapports sexuels. 

Ayez confiance en votre enfant. Si votre fils, ou votre fille, ressent cette relation comme agréable, ne détruisez pas ce lien. Votre enfant est parfaitement capable de savoir par lui-même ce qu'il aime. Votre enfant ne comprendra pas la destruction d'un tel lien. 

Cependant il s'agit de veiller à ce que l'enfant ait un véritable chez-soi, un lieu où il se sente en sécurité, un endroit où il reçoive amour et chaleur. Cela évitera que l'enfant aborde la relation pédophile à partir d'une situation de manque, tout simplement parce qu'il a besoin de chaleur et de tendresse et qu'il accepte le rapport sexuel par-dessus le marché. 

Une éducation sexuelle honnête et claire est d'une importance capitale pour l'enfant. L'ignorance rend curieux et cachottier. L'enfant qui peut avoir des conversations honnêtes avec ses parents aura tendance à les tenir au courant de ses faits et gestes plus facilement. Il est bon qu'un enfant sache où se trouvent ses parents, et il est bon que les parents sachent où se trouve leur enfant. C'est une bonne habitude à prendre que de se raconter où l'on va. 

Les parents ne doivent pas s'inquiéter des manifestations de sexualité chez leur enfant. Vraiment, les enfants ne garderont aucune séquelle de ces jeux sexuels auxquels ils participent sans aucune contrainte. 

Comme nous le disions précédemment, le mal vient presque toujours de l'entourage. Préservez votre enfant de cette tragédie. Ne courez pas tout de suite à la police. Si votre enfant a un ami pédophile, essayez d'abord d'entrer en contact avec lui. Faite-lui savoir qu'il n'est pas question de menaces, de police, et essayez de discuter avec l'ami(e) de votre enfant. En cela, ne forcez pas votre nature: il n' y a pas de mal à ce qu'il(elle) sache que vous avez des problèmes à accepter sa relation avec votre enfant. 

Et si vraiment il s'est passé des choses désagréables (par ex. dans le cas d'une violence physique ou d'une contrainte caractérisée), vous pourrez toujours vous adresser à la police. Dans ce cas, essayez de leur expliquer calmement ce dont il s'agit. Limitez-vous aux faits et ne vous laissez pas entraîner par la peur de choses qui n'ont, probablement, pas eu lieu. Bien que dans la police l'on rencontre de plus en plus de compréhension vis-à-vis de la pédophilie, il s'agit de leur dire clairement que le plus grand tort causé à l'enfant vient souvent de l'entourage, dont la police. 

Par ailleurs: en cas de problème, il est toujours recommandé de s'adresser D'ABORD à des personnes de confiance (et ce ne sont pas forcément des professionnels).

CONSEILS AUX PÉDOPHILES

La pédophilie est difficilement compréhensible pour beaucoup de gens. Ceux qui ne reconnaissent pas en eux-mêmes ces sentiments, et ceux qui les ont refoulés, n'y comprennent rien.

De nombreux pédophiles ont du mal à accepter leur propre nature, et à se découvrir. La peur de la punition, de la condamnation sociale, de l'incompréhension chez les autres et la difficulté de s'assumer soi-même, amènent des pédophiles à se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas. Le comportement qui s'ensuit , bien que compréhensible, ne fait que renforcer les préjugés déjà existants. Essayez de parler de vos sentiments à d'autres personnes. Cela peut très bien se faire dans le cadre d'un groupe de discussion pédophile. 

Essayez de discuter de manière franche et honnête avec les parents de votre petit(e) ami(e); à l'avance, si possible. Parlez-leur de vos sentiments, de vos projets, dites-leur ce que vous comptez faire. La plupart du temps cela ne sera pas possible, mais parfois on peut trouver le courage, et contribuer ainsi à briser le cercle vicieux. 

Ne paniquez pas en cas de découverte, même si la police s'en mêle. Restez calme. Il existe beaucoup de possibilités d'assistance juridique. Vous y avez droit. Si vous avez des démêlés avec la police, demandez TOUT DE SUITE une assistance juridique. Vous devez savoir également que vous n'êtes pas obligé de répondre aux questions. Comme nous le disions, le fait de s'accepter soi-même est très important. Ce n'est que sur les bases d'une telle acceptation qu'un pédophile peut s'interroger sur la façon dont il veut vivre sa pédophilie.

CONSEILS AUX ENSEIGNANTS

Il arrive fréquemment que des enfants rentrent à la maison en disant: "Maman, 'y avait un sadique à la sortie de l'école!". 

"Sadique" et quelques autres termes similaires sont des notions que les enfants utilisent souvent. Ils trouvent cela passionnant, et en même temps cela leur fait un peu peur. Ils s'excitent entre eux, et la rumeur s'amplifie. Les causes en sont, une fois de plus, tous les malentendus, préjugés et peurs qui accompagnent dans notre société le phénomène pédophile. 

Ces rumeurs, ces peurs, peuvent engendrer des situations très pénibles, et avoir des conséquences désastreuses. Les enseignants peuvent contribuer à "limiter les dégâts". 

Quand de telles rumeurs circulent, on peut en tirer profit et discuter ouvertement de la pédophilie en classe. Il est également bon d'essayer, dans les réunions de parents et dans les contacts plus personnels avec des parents, d'évacuer un peu de cette peur qu'ont tant de parents. Si vous découvrez qu'un enfant de votre classe a une relation pédophile, essayez d'abord d'entrer en contact avec l'adulte, et de discuter avec lui, ou elle. Ne cédez JAMAIS à la panique en courant chez les parents. Vous feriez plus de mal que de bien.

 

 

 

P O S T F A C E

Beaucoup d'entre vous ont certainement eu des difficultés à lire cette brochure. La pédophilie est un sujet chargé d'émotions, et la plupart des gens ont du mal à accepter la pédophilie, ou la refusent entièrement. Cela tient à notre regard sur les enfants, et à nos propres doutes concernant la sexualité. Dans notre société, l'enfant est considéré comme une petite personne fragile et innocente, la propriété de ses parents, qui doivent le guider jusqu'à l'âge adulte. Si nous considérions l'enfant comme une personne à part entière, avec ses propres sentiments, un cerveau, et qui ne soit la propriété de personne, alors peut-être la pédophilie deviendrait moins menaçante. La sexualité est un sujet qu'on aborde difficilement dans notre société. Elle est (encore et toujours) entourée de sentiments de culpabilité, de peur, de cochonnerie. Tant que nous aurons des problèmes avec notre propre sexualité, nous ne pourrons pas réfléchir de façon honnête et sans préjugés sur la pédophilie. Dans ce processus immense, cette brochure n'est qu'une goutte d'eau dans un océan. La modification des lois et, surtout, l'évacuation de la peur panique sans fondement vis-à-vis de la pédophilie, feront avancer bien plus vite ce processus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Q U E S T I O N S

 

Si, en lisant cette brochure, vous vous êtes mis en colère, en vous disant:

 

FAUT-IL VRAIMENT QUE JE TROUVE TOUT CA NORMAL? QU'ILS ESSAIENT DE TOUCHER A MON ENFANT! 

Ne croyez-vous pas que vous vous posez un peu trop en propriétaire de votre enfant? Ne pourriez-vous pas le considérer comme un être indépendant, avec ses propres sentiments et désirs?

DE NOS JOURS ON EN ARRIVE A JUSTIFIER TOUTES LES COCHONNERIES!

Pourquoi appelez-vous "cochonnerie" ce qui peut être une expression de l'amour? Pensez-vous que votre propre sexualité est "cochonne" aussi?

ET SI C'ÉTAIT MON ENFANT? 

N'avez-vous jamais envisagé que le pédophile aussi a des parents? N'avez -vous jamais réfléchi à ce qui se passerait si votre frère ou sœur, votre père ou votre mère, votre mari ou votre femme, était arrêté pour attentat à la pudeur? Si tout le voisinage montrait du doigt cette personne que vous aimez? Sachez que cela AUSSI est une façon d'être mêlé à la pédophilie.

D'ACCORD, MAIS J'EXIGE QUE MES ENFANTS SOIENT EN SÉCURITÉ!

Évidemment, chacun d'entre vous veut que la vie de ses enfants soit la plus sûre possible. Mais êtes-vous certain que votre enfant n'est pas en sécurité dans une relation pédophile? Est-ce que vous vous faites autant de mauvais sang pour l'insécurité de la circulation routière? Et l'armement nucléaire? Et les programmes de télévision? Et les jouets guerriers, inutiles et moralement condamnables? Dites-vous que la sécurité à 100% n'existe pas. D'ailleurs, il ne faudrait pas parler de sécurité et d'insécurité quand il n'est pas question de nuire. La meilleure sécurité, vous l'obtiendrez en informant vos enfants, et à les soutenir en toute sécurité.

AVEC UN TEL RAISONNEMENT, ON EN ARRIVE A TOUT JUSTIFIER!

Vraiment?

        

 

 

 

 

Le plaisir du corps et   l'origine de la violence

par

James W. Prescott

Tiré du "The Bulletin of The Atomic Scientists", Novembre 1975: 10-20

 


(Introduction à l'article dans le "Bulletin of the Atomic Scientists":)

James W. Prescott est neuropsychologue et gestionnaire dans le domaine de la santé au National Institute of Child Health and Human Development (Institut National de la Santé des Enfants et du Développement Humain) à Bethesda au Maryland. Il est membre du comité de direction de l'American Humanist Association (Association humaniste américaine). Cet article est paru en parti dans le numéro d'avril 1975 du The Futurist, publié par la World Future Society, et est réimprimé ici avec leur permission. Les opinions exprimés ici sont uniquement celles de l'auteur et ne reflètent pas forcément celles du National Institutes of Health.

Un neuropsychologue affirme que la plus grande menace à la paix mondiale origine des pays qui procurent l'environnement le plus pauvre pour leur enfants et qui sont les plus répressifs en termes d'affection sexuelle et d'expression de la sexualité féminine.

James W. Prescott

La violence humaine devient soudainement une épidémie mondiale. A travers la planète la police fait face à des foules belliqueuses, des terroristes perturbent les jeux olympiques, des pirates détournent des avions et des bombes détruisent des immeubles. Durant les récentes années, les guerres ont fait rage au Moyen-Orient, à Chypre et dans le Sud Est asiatique tandis que les combats de guérilla poursuivent leur escalades en Irlande. Pendant ce temps le crime croît plus vite que l'inflation aux États-Unis. Les chiffres du Federal Bureau of Investigation (F.B.I.) montre que les crimes graves ont crû de 16% dans les six premiers mois de 1974, une des croissances les plus considérable depuis que le FBI tient des registres.

A moins que les causes de la violence ne soit isolées et traitées, nous continuerons à vivre dans un monde de crainte et d'appréhension. Hélas la violence est souvent offerte comme solution à la violence. De nombreux membres des forces de l'ordre proposent une application plus sévère des lois comme la meilleure façon de réduire le crime. Emprisonner les gens, notre façon habituelle de faire face au crime, ne résoudra pas le problème car les causes de la violence résident dans nos valeurs fondamentales et dans la façon dont nous éduquons nos enfants. Les punitions corporelles, les film et les émission télévisées violentes enseignent à nos enfant que la violence est une choses normale. Mais ces premières expériences de la vie ne sont pas les seules ni même les principales racines de nos comportements violents. De récentes recherches soutiennent le point de vue selon lequel la privation de plaisir physique serait l'élément causal principal de l'expression de la violence physique.

p. 11, Novembre 1975, Bulletin of the Atomic Scientists

L'association commune entre sexualité et violence nous donne un indice pour la compréhension de la violence physique en termes de privation de plaisirs physique.

A la différence de la violence, le plaisir semble quelque chose dont on ne peut se rassasier. Les gens sont toujours à la recherche de nouvelles formes de plaisirs encore que la plupart de nos activités plaisantes paraissent être des substituts du plaisir sensoriel tactile. Nous touchons par plaisir ou pour infliger de la douleur ou nous ne touchons pas du tout. Même si le plaisir physique et la violence physique semblent à un univers de distance, il semble qu'existe une connexion subtile et intime entre les deux. Jusqu'à ce que la relation entre le plaisir et la violence soit comprise, la violence continuera son escalade.

Comme neuropsychologue du développement, j'ai consacré de nombreuses études à la relation particulière entre la violence et le plaisir. Je suis maintenant convaincu que la privation de plaisir physique constitue la principale racine de la violence. Les expériences de laboratoire avec des animaux montrent que le plaisir et la violence ont une relation réciproque, autrement dit, la présence de l'un inhibe celle de l'autre. Un animal enragé et violent se calmera soudainement si des électrodes stimulent les centre du plaisir dans son cerveau. De la même façon, la stimulation des centres de la violence du cerveau peut mettre fin au plaisir sensuel et au comportement pacifique de l'animal. Quand les circuits du plaisirs sont allumés, ceux de la violence sont éteints, et vice versa. Parmi les être humains, une personnalité orienté vers le plaisir manifeste rarement un comportement agressif tandis qu'une personnalité violente n'est guère capable d'expérimenter et de jouir d'activités sensuellement plaisantes. Si le plaisir ou la violence s'accroît, l'autre décroît.

Carence sensorielle:

La relation réciproque entre le plaisir et la violence est hautement significative parce que certaines expériences sensorielles de la période de développement de l'enfant vont créer des prédispositions soit pour la poursuite de la violence ou celle du plaisir. Je suis convaincu que de nombreux comportements sociaux et émotionna anormaux résultant de ce que les psychologues appellent la carence "socio-maternelle", c'est-à-dire le manque de soins tendres et amoureux, sont causés par un unique type de carence sensorielle, la carence somatosensorielle. Derivé du terme grec pour "corps", ce mot renvoie à la sensation de toucher et aux mouvements corporels par opposition aux perceptions lumineuses, à l'ouïe, au goût et au toucher. Je crois que la carence en toucher, contacts et mouvements corporels sont les causes fondamentales des désordres émotionnels incluant les comportements dépressifs et autistiques, l'hyperactivité, les aberration sexuelles, les abus de drogue, la violence et l'agression.

La violence face à la sexualité et l'usage de la sexualité pour la violence, particulièrement contre les femmes, a des racines profondes dans la tradition biblique.

Ces idées sont principalement inspirées des études de laboratoires de Harry F. et Margaret K. Harlow de l'University of Wisconsin. Les Harlow et leurs étudiants ont séparé des bébé singes de leur mère à la naissance. Les singes ont chacun été élevé dans une cage unique où ils pouvaient développer des relations sociales avec les autres à travers la vue, l'audition et l'odorat mais pas le toucher et le mouvement. Cette études et d'autres indiquent que c'est la carence en contacts corporels et en mouvements du corps, et non pas la privation des autres sens, qui produit la large variété des comportements émotionnels anormaux chez ces animaux élevés dans l'isolement. Il est bien connu que les bébés et enfants humains hospitalisés ou institutionnalisés pendant une longue période avec peu de contact physique tactile et de préhension développent des comportements anormaux presque identiques tels le bercement ou le secouement de la tête convulsif.

Bien que la violence pathologique observée chez les singes élevés dans l'isolement est bien documentée, le lien entre la carence somatosensorielle précoce et la violence physique chez les humain est moins clairement établi. De nombreuses études des délinquants juvéniles et des criminels adultes mettent en évidence un arrière-plan familial de ménages brisés et/ou de parents abusifs. Ces études ont rarement mentionné et encore moins mesuré le degré de carence en affection physique, bien qu'on puisse souvent en déduire l'existence de la négligence ou de l'abus et en supposer l'ampleur selon le degré de gravité. Une étude qui fait exception à cet égard est celle de Brandt F. Steele et C. B. Pollock, psychiatres à l'University of Colorado, qui ont étudié l'abus d'enfant chez trois générations de familles où l'on a abusé physiquement des enfants. Ils ont découverts que les parents qui abusent sexuellement de leurs enfant ont systématiquement subi une carence en affection physique durant leur enfance et que leur vie sexuelle adulte était extrêmement limitée. Steele remarque que les femmes qui ont abusé de leurs enfants n'ont, presque sans exception, jamais connu l'orgasme. Le degré de plaisir sexuel expérimenté par les hommes ayant abusé de leurs enfants n'a pas été établi mais leur vie sexuelle était en général insatisfaisante. L'hypothèse selon laquelle le plaisir physique inhibe actiment la violence physique peut être évaluée à la lumière de notre propre expérience sexuelle. Combien d'entre nous ont envie d'agresser quelqu'un après l'orgasme?

La contribution de Freud quant à l'effet des expériences de la première enfance sur les comportements adultes et quant aux conséquences de la répression sexuelle est bien connue. Hélas le temps et l'espace ne nous permette pas ici de discuter des différences qui l'opposent à Wilhelm Reich dans son Au delà du principe du plaisir.

L'hypothèse selon laquelle la carence en plaisir physique provoque la violence nécessite d'être évaluée de façon formelle et systématique Nous pouvons mettre à l'épreuve cette hypothèse en examinant les études transculturelles sur l'éducation des enfants, les comportements sexuels et la violence physique. Nous anticipons que les sociétés humaines qui procurent à leurs enfants une grande quantité d'affections physiques

p. 12, Novembre 1975, Bulletin of the Atomic Scientists

(toucher, tenir, transporter) seront moins violentes physiquement que celle qui donnent peu d'affection aux bébés et aux enfants. Semblablement, les sociétés humaines qui tolèrent et acceptent la sexualité prémaritale et extramaritale devraient être moins violence que celle qui prohibent ces comportement.

Les anthropologues culturels ont précisément rassemblé les données requises pour tester notre hypothèse sur les sociétés humains et leurs travaux sont commodément réunis dans A Cross-Cultural Summary de R. B. Textor. L'ouvrage de Textor est fondamentalement un outil de recherche pour l'analyse statistique interculturelle. Les données nous procurent 20,000 corrélations statistiquement significatives tirées de 400 échantillons de culture des sociétés primitives.

Négligence de l'enfant/Violence Adulte

Certaines variables qui reflètent l'affection physique (tel que les caresses et les jeux avec les enfants) ont été associées avec d'autres variables qui mesurent le crime et la violence (la fréquence du vol, du meurtre, etc.). Les corrélations sont exposées dans des tableaux. Les indications en pourcentage reflètent la corrélation entre les variables, par exemple, forte affection/basse violence plus base affection/forte violence. Cette procédure est suivie pour tous les tableaux.

Les sociétés classées haut ou faible dans l'échelle d'affection physique chez l'enfant (Infant Physical Affection Scale) ont été examiné quant à leur degré de violence. Les résultats indiquent clairement que ces sociétés qui procurent à leurs enfants la plus grande quantité d'affection physique sont caractérisées par le faible vol, la faible douleur physique, la faible activité religieuse, et une absence ou une quantité négligeable de meurtre, de mutilation et de torture des ennemis. Ces données confirment nettement que la carence en plaisir corporel durant l'enfance est significativement liée à un niveau élevé de crime et de violence.

Certaines sociétés punissent physiquement leurs enfants pour leur inculquer la disciplines et d'autres non. Nous pouvons déterminer si cette punition reflète une préoccupation pour le bien-être de l'enfant en la corrélant avec les soins données aux enfants. Les résultats montrent que ces sociétés qui infligent de la douleur et de l'inconfort à leurs enfants tendent aussi à les négliger. Ces résultats n'offrent pas d'appui à la prescription tirée des Proverbes (24: 13-14): Ne ménage pas à l'enfant la correction, si tu le frappes de la baguette il n'en mourra pas! Frappe-le de la baguette et tu délivreras son âme du shéol.

La violence physique adulte a été prévue dans 36 des 49 cultures (73%) avec la variable d'affection physique pour l'enfant. La probabilité qu'une corrélation de 73% soit due au hasard n'est que 4 pour 1000.

Des 49 sociétés étudiées, 13 cultures semblent faire exception à la théorie selon laquelle un manque de plaisir somatosensoriels rend les gens violent physiquement . Nous supposions que les cultures qui attribuent une grande valeur au plaisir physique durant l'enfance maintiendraient ces valeurs à l'âge adulte. Il n'en est pas ainsi. Les pratiques d'éducation des enfants ne permettent pas de prédire les modèles de comportements sexuels ultérieurs. Cette surprise initiale et apparente contradiction, devient cependant avantageuse pour des prédictions supplémentaires.

 

Les conséquences à long terme du plaisir et de la douleur chez l'enfant.

Les sociétés humaines différent considérablement dans leur traitement des enfants. Dans certaines cultures les parents débordent d'affections physiques à l'égard de leur enfants tandis que dans d'autres les parents punissent physiquement leurs enfants. Une étude des données anthropologique par l'auteur a montré que ces sociétés qui donnent à leurs enfants la plus grande quantité d'affection physique subissent moins de vol et de violence chez les adultes ce qui appuie la théorie selon laquelle la carence en affection physique durant l'enfance est liée significativement à un haut taux de crimes et de violence. Le tableau ci-dessous montre comment l'affection ou la punition à l'égard des enfants est corrélées avec d'autres variables. Par exemples les cultures qui infligent de la douleur aux enfants paraissent plus portées à pratiquer l'esclavage, la polygynie, etc. Dans les tableau, N réfère au nombre de cultures comparées et P est la probabilité que la relation observée puisse résulter du hasard ce qui a été calculé avec l'échelle de probabilité de Fischert

TABLEAU 1

Les comportements adultes dans les sociétés où les enfants sont choyés par l'affection physique

Comportements adultes

Pourcentage
%

N

Probabilité
P

Faible ostentation de la richesse

66

50

.06

Faible incidence du vol

72

36

.02

Grande indulgence envers les enfants

80

66

.0000

Faible douleur physique subie par les enfants

65

63

.03

Meurtre, torture et mutilation de l'ennemi négligeable

73

49

.004

Faible activité religieuse

81

27

.003

TABLEAU 2

Comportements adultes dans les sociétés où les parents ou les gardiens infligent de la douleur physique aux enfants

Comportements adultes

Pourcentage
%

N

Probabilité
P

Présence de l'esclavage

64

66

.03

Polygynie

79

34

.001

Statut inférieur pour la femme

78

14

.03

Faible affection physique à l'égard des enfants

65

63

.03

Faible indulgence à l'égard des enfants

77

66

.000

Faible développement du caractère nourricier chez l'enfant

67

45

.05

Dieux agressifs

64

36

.01

 

L'échelle sur l'enfance a été développée par les anthropologues culturels Barry, Bacon et Child; celle sur les comportements sexuels par Westbrook, Ford et Beach et celle sur la violence physique par Slater

 

p. 13, Novembre 1975, Bulletin of the Atomic Scientists

Deux variables fortement corrélées ne sont pas aussi utiles pour prédire une troisième variable que deux variables qui ne sont pas corrélées. Conséquemment, il est significatif de se pencher sur les comportements sexuels des 13 cultures dont la violence adulte n'était pas prévisible à partir du plaisir physique durant l'enfance.

Apparemment, les coutumes qui influencent et déterminent l'affection sexuelle sont différentes de celles qui soulignent l'expression de l'affection physique à l'égard des enfants.

Si l'on compare les six sociétés caractérisées à la fois par une forte affection pour l'enfant et pour une forte violence en termes de comportements sexuels prémaritaux, on découvre avec surprise que cinq d'entre elles font preuve de répressions de la sexualité prémarital, valorisant hautement la virginité. Il semble que les effets bénéfiques de l'affection physique peuvent être annulées par la répression ultérieur du plaisir physique (la sexualité prémaritale).

Les sept sociétés caractérisées par une faible affection physique pour l'enfant et une faible violence physique adulte s'avèrent toutes caractérisées par des comportements sexuels prémaritaux permissifs. Ainsi l'effet négatif de la carence en affection physique pour l'enfant semble compensé plus tard dans la vie par des expériences sexuelles plaisantes durant l'adolescence. Ces découvertes ont mené à une révision de la théorie de la carence en plaisir somatosensorielle, en faisant une théorie développementale à deux échelons permettant ainsi d'expliquer la violence physique dans 48 des 49 cultures.

En bref, la violence peut émerger d'une carence en plaisir somatosensoriel soit durant l'enfance soit durant l'adolescence. L'unique exception véritable dans cet échantillon de cultures semble être la tribu de chasseur de tête Jivaro d'Amérique du Sud. Visiblement des études plus détaillés sont nécessaires pour y déterminer les causes de la violence. Le système de croyances Jivaro peut jouer un rôle important, car comme le signale l'anthropologue Michael Harner dans Jivaro Souls , ces indiens ont une "[...] croyance profonde en ce que le meurtre mène à l'acquisition des âmes qui procurent une puissance surnaturelle et confèrent l'immunité vis-à-vis la mort".

 

L'affection physique envers l'enfant et violence adulte

Les sociétés qui procurent une grande quantité d'affection physique à leurs enfant sont caractérisés par une faible violence chez les adultes. Dans 36 des 49 cultures étudiées, un fort degré d'affection envers les enfants était associé avec un faible degré de violence adulte et vice versa. L'analyse des 13 exceptions montre que dans tous les cas sauf un (la tribu Jivaro d'Amérique du Sud) cela pouvait être expliqué par l'absence de comportements sexuels prémaritaux.

TABLEAU 3

Relation entre la carence en affection et la violence adulte

Forte affection envers les enfants

Faible affection envers les enfants

Forte affection envers les enfants

Faible affection envers les enfants

Violence adulte faible

Violence adulte forte

Violence adulte faible

Violence adulte forte

Andamanese

Alorese

Cheyenne

Ainu

Arapesh

Aranda

Chir-Apache

Ganda

Balinese

Araucaniens

Crow

Kwakiutl

Chagga

Ashanti

Jivaro

Lepcha

Chenchu

Aymara

Kurtatchi

Pukapuka

Chuckchee

Azande

Zuni

Samoans

Cuna

Comanche

 

Tanala

Hano

Fon

 

 

Lau

Kaska

 

 

Lesu

Marquiséens

 

 

Maori

Masai

 

 

Murngin

Navaho

 

 

Nuer

Ojibwa

 

 

Papago

Thonga

 

 

Siriono

 

 

 

Tallensi

 

 

 

Tikopia

 

 

 

Timbira

 

 

 

Trobriandais

 

 

 

Wogeo

 

 

 

Woleaians

 

 

 

Yahgan

 

 

 

 

Sexualité prémaritale réprimée: souligné

Sexualité prémaritale permise: italique

a Selon Harner (1972) la culture Jivaro est mal classifiée et devrait figurée dans la colonne 2 (communication personnelle).
b Selon Derek Freeman, Professor of Anthropology, Australian National University, les Samoans appartiennent à la colonne 2 (communication personnelle).
c Les Zuni sont aussi reclassifiés à la colonne 1.

Source: Textor échelle du comportement de l'enfant tirée de Barry, Bacon and Child ; et échelle de la violence chez l'adulte de Slater .

Ce tableau est une version révisée mise à jour sur la base d'informations tirées de l'article "Can More Touching Lead to Less Violence in Our Society?" (Plus de contacts peut-il conduire à moins de violence dans notre société?) de Lionel Gambill, publié dans The Truth Seeker, March/April 1989. Gambill écrit:

Subséquemment à la publication originale dans The Futurist en Avril 1975, des anthropologues culturels ont informé Prescott d'erreurs dans le codage original dans les manuels de références qui fondaient la comparaison. Une fois ces erreurs corrigées, aucune exception ne demeure. La théorie du rapport réciproque entre le plaisir et la violence, telle qu'appliquée aux cultures listées, possède une valeur prédictive de100%.

La version originale du Futurist est disponible

 

La solidité de la théorie de la violence en terme de carence en deux échelons est plus clairement illustrée si l'on contraste les sociétés faisant preuve de haut niveau d'affection physiques durant l'enfance et l'adolescence avec celles qui s'avèrent faible en affection physique pour ces deux périodes. Les statistiques associées à cette relation sont extraordinaires. La probabilité qu'une société soit violente si elle fait preuve d'affection physique à l'égard de ces enfants est de 2%. Il n'y a qu'une chance sur 125 000 pour que cela soit dû au hasard. Je ne connais aucun autre variable dévelopementale qui possède un tel pouvoir prédictif. Nous sommes donc en terrain sûr: les sociétés affectueuses ont très peu de chance d'être violentes.

Ainsi si l'affection physique et le plaisir durant l'adolescence et durant l'enfance sont corrélés avec des mesures de violences, on trouve clairement une relation significative entre la punition de la sexualité prémaritale et diverses mesures du crime et de la violence. Comme le montre le tableau 4 des agrégats additionnels de relations associent la punition et la répression de la sexualité prémaritale à des communautés de grande taille, à une haute complexité sociale, à la stratification en classes, à de petite familles étendues, à l'achat de femmes, la pratique de l'esclave et à un dieu supérieur qui guide la morale. La relation entre les petites familles étendues et les attitudes opposées à la sexualité prémaritale mérite qu'on s'y attarde car cela suggère que les cultures occidentales à familles nucléaires peuvent constituer un facteur contributif à nos attitudes répressives à l'égard de l'expression sexuelle.

p. 14, November 1975, Bulletin of the Atomic Scientists

On peut suggérer le même phénomène quant à la taille des communautés, la complexité sociale et la stratification en classes.

De façon peu étonnante, si de grands besoin pour soi sont combinés avec une carence en affection physique, il en résulte un auto intérêt et de hauts niveaux de narcissisme. Semblablement, les danses exhibitionnistes et la pornographie peuvent être interprétées comme un substitut de la forme normale d'expression sexuelle. Certains pays particulièrement répressifs quant à la sexualité féminines possèdent des formes élaborées d'art pornographiques.

Sexualité extramaritale

J'ai aussi examiné l'influence des tabous quant à la sexualité prémaritale sur le crime et la violence. Les données montrent clairement que des attitudes punitives-répressives sont liées à la violence physique, au crime contre la personne et aux pratiques d'esclavage. Les sociétés valorisant la monogamie mettent l'emphase sur la gloire militaire et vénèrent des dieux agressifs.

Ces données inter-culturelles supportent les opinions des psychologues et des sociologues qui estiment que les besoins sexuels et psychologiques qui ne peuvent être satisfaits par le mariage devraient l'être autrement, sans pour autant détruire la primauté de la relation conjugale.

 

Sexualité prémaritale, violence physique et autres comportements adultes

La liberté sexuelle prémaritale chez les jeunes gens peut contribuer à réduire la violence dans une société et le plaisir physique que les jeunes retirent de la sexualité peut compenser un manque d'affection physique durant l'enfance. Une autre recherche montre également que les sociétés qui punissent la sexualité prémaritale ont tendance à être impliquée dans l'achat de femmes, à vénérer un dieu supérieur qui détermine leur morale et à pratiquer l'esclavage. D'autres résultats sont indiqués dans le tableau ci-dessous.

TABLEAU 4

Comportements adultes dans les sociétés où la sexualité prémaritale est sévèrement réprimées

Comportements adultes

Pourcentage
%

N

Probabilité
P

La taille de la communauté est grande

73

80

.0003

L'esclavage est présent

59

176

.005

La complexité sociale est élevée

87

15

.01

Les crimes contre la personnes sont fréquents

71

28

.05

La stratification sociale est élevée

60

111

.01

Forte occurrence du vol

68

31

.07

Petite famille étendue

70

63

.008

La sexualité extramaritale est réprimée

71

58

.005

Les femmes sont achetées

54

114

.02

Forte angoisse de castration

65

37

.009

Tabou long sur la sexualité post partum

62

50

.03

Extrême bélicosité

68

37

.04

Taux élevé de dysfonction sexuelle

83

23

.004

La torture, le meurtre et la mutilation de l'ennemi est courante

69

35

.07

Narcissisme élevé

66

38

.04

Valorisation de danses exhibitionnistes

65

66

.04

Dieu supérieur qui guide la morale

81

27

.01

 

Ces découvertes supportent massivement la thèse selon laquelle les carences en plaisir corporel tout au long de la vie, mais particulièrement durant les période formatrice de l'enfance et de l'adolescence, sont liées très intimement à la quantité de guerre et de violence interpersonnelle. Ces perspectives doivent aussi être appliquées aux sociétés industrielles et post-industrielles complexes.

Le crime et la violence physique ont substantiellement augmenté durant les dernières décennies aux États-Unis. Selon les statiques du FBI, les meurtres et les agressions graves ont augmenté de 53% entre 1967 et 1972, tandis que les viols ont augmenté de 70%.

Ces chiffres nous amène à nous interroger de nouveau sur la relation particulière qu'entretient la sexualité et la violence. Au delà des statistiques sur le viol, d'autres éléments signalent une préférence pour la violence sexuelle plutôt que le plaisir sexuel aux États-Unis. Cela se reflète dans notre acception de films qui intègrent la violence et le viol mais dans notre rejet de film sexuellement explicite qui ne montre que le plaisir. Des cinémas de quartier montrent des films aussi violent sexuellement que Straw Dogs, Clockwork Orange (Orange Mécanique), et The Klansman, mais bannissent des films qui exposent le plaisir sexuels (Deep Throat, The Devil in Miss Jones). Les tentatives de fermeture de salon de massage sont une autre illustration de nos attitudes hostiles au plaisir. Apparemment le sexe mêlé au plaisir est immoral et inacceptable tandis que le sexe mêlé avec la violence et la douleur est moral et acceptable.

Un questionnaire que j'ai développé pour explorer cette question a été administré à 96 étudiants du collège dont l'âge moyen était 19 ans. Les résultats de ces questionnaire appuie la liaison entre le rejet du plaisir physique (et particulièrement de la sexualité prémaritale et extramaritale) et l'expression de la violence. Les répondants qui rejettent l'avortement, la sexualité prémaritale responsable et la nudité au sein de la famille sont plus portés à approuver des punitions physiques dure pour les enfants et à croire que la douleur aide à construire un fort caractère moral. Ces répondants étaient portés à trouver l'alcool et les drogues plus satisfaisantes que la sexualité. Les résultats tirés du questionnaires fournit un fort soutient statistique à la relation inversée entre le plaisir et la violence. Si la violence est forte, le plaisir est faible, et inversement, si le plaisir est élevé la violence est faible. Le questionnaire supporte la théorie selon laquelle la relation entre le plaisir et la violence mise à jour dans les culture primitives s'avère également dans les sociétés industrialisées.

Une autre façon d'envisager la relation réciproque entre le plaisir et la violence est par l'examen des attitudes d'une société face aux drogues. Une société supporte des comportements congruents avec ses valeurs. La société américaine est une société compétitive, agressive et violente. Conséquemment elle soutient des drogues qui encouragent

p. 15, Novembre 1975, Bulletin of the Atomic Scientists

les comportements compétitifs, agressifs et violent et s'opposent aux drogues qui neutralisent de tels comportements. L'alcool est bien connu pour faciliter l'expression de la violence et bien qu'ils créé la dépendance et puissent être très dommageable pour les usagers chroniques, il est acceptable dans la société américaine. La marijuana d'autre part, est une substance qui accroît le plaisir lié au toucher et inhibe activement les comportements agressifs. Je crois que c'est pour ces raisons que la marijuana est rejeté par la société américaines. Semblablement l'héroïne est rejetée tandis que la méthadone (une drogue intoxicante sans le plaisir) est acceptée.

Les données de mon questionnaire appuie cette perspective. Comme le montre tableau 5 , une très haute corrélations entre l'usage de l'alcool et la punition parentale indique que les gens qui reçoivent peu d'affection de la part de leur mère et ont eu des pères qui leur administraient des punitions physiques sont portés à devenir agressifs et hostiles lorsqu'ils boivent de l'alcool. Ces personnes trouve l'alcool plus satisfaisant que la sexualité. La relation est encore plus forte entre les punitions corporelles et l'usage des drogues. Les répondants qui ont subi des punitions corporelles durant leur enfance font preuve d'hostilité et d'agression induite par l'alcool et ont tendance à trouver l'alcool et les autres drogues plus satisfaisantes que la sexualité. Le questionnaire révèle également de forte corrélations entre la répression sexuelle et l'usage de drogue. Ceux qui décrivent la sexualité prémaritale comme "non agréable" ont tendance à devenir agressif sous l'influence de l'alcool et à préférer les drogues dont l'alcool aux plaisirs sexuels. Cela constitue une preuve supplémentaire à l'appui de l'hypothèse selon laquelle les plaisirs des drogues sont des substituts aux plaisirs somatosensoriels.

 

La violence et le plaisir
Les attitudes des étudiants collégiaux

La relation réciproque entre la violence et le plaisir s'avère également vraie dans les sociétés modernes industrialisées. La théorie a été éprouvée au moyen d'un questionnaire distribué à 96 étudiants collégiaux d'âge moyen de 17 ans. Les résultats montrent que les étudiants qui ont des attitudes relativement négatives à l'égard du plaisir sexuel tendent à favoriser des punitions sévères pour leur enfant et à croire que lal violence est nécessaire pour régler les problèmes. Les étudiants évaluaient une série d'affirmations selon une échelle de 1 à 6 allant d'absolument d'accord (1) à absolument en désaccord (6). A travers une technique statistique (l'analyse factorielle), un profil de personnalité de la personne violente a été développée. Le tableau 5 montre le degré de corrélation entre les diverses affirmation qui reflètent des valeurs morales et sociales. Les données de gauches sont des coefficients de corrélations. Ils indiquent la force avec laquelle chaque variable contribue à la personnalité générale du répondant ainsi que définie dans son profil.

TABLEAU 5

Index somatosensoriel de l'affection humaine
Facteur 1:66.6%

 

Violence Approuvée

.85

La punition physique sévère est souhaitable pour l'enfant très désobéissant

.81

La punition physique et la douleur contribue à construire un individu moral.

.80

L'avortement devrait être réprimé par la société.

.76

La peine capitale devrait être autorisée par la société

.75

La violence est nécessaire pour résoudre nos problèmes

.74

La punition physique devrait être permise à l'école

.69

J'aime la pornographie sadique

.54

J'ai souvent envie de frapper quelqu'un

.43

Je supporte facilement la douleur

 

 

Plaisir physique condamné

.84

La prostitution devrait être socialement réprimée

.80

Je suis hostile à la sexualité pré-maritale responsable .

.78

La nudité familiale nuit à l'enfant.

.73

Le plaisir sexuel contribue à construire un faible caractère moral

.72

La société doit intervenir dans les activités sexuelles entre adultes consentant

.69

Je suis hostile à la sexualité extramaritale responsable

.61

Les odeurs corporelles sont désagréables

.47

Je n'aime pas la pornographie consensuelle

 

 

L'alcool et les drogues préférés à la sexualité

.70

L'alcool est plus agréable que la sexualité

.65

Les drogues sont plus agréables que la sexualité

.60

Je deviens agressif quand je bois de l'alcool

.49

Je préfère l'alcool à la marijuana

.45

Je bois de l'alcool plus souvent que j'expérimente l'orgasme.

 

 

Conservatisme politique

.82

Opinions politiques de droite.

.77

Plus vieux que la moyenne

.51

Je rêve souvent que je flotte, je vole, je tombe ou je grimpe

.45

Ma mère est souvent indifférente vis-à-vis moi

.42

Je suis souvent embarrassé quand on me touche

.40

Je me souviens des punitions physiques infligées par mon père

 

J'exprime ma reconnaissance à Douglas Wallace, du Human Sexuality Program, University of California Medical School, San Francisco, pour sa collaboration pour l'étude par questionnaire.



 

Racines religieuses

Les origines de la relation réciproque fondamentale entre la violence physique et le plaisir physique peuvent être retracées dans le dualisme philosophique et à la théologie de la relation entre le corps et l'âme. Dans la pensée philosophique occidentale, l'homme n'est pas un être unitaire car il est divisé en deux partie: le corps et l'âme. La conception philosophique des Grecs quant à la relation entre le corps et l'âme était fort différente du concept judéo-chrétien qui positionne un état de guerre entre les deux entités. Dans la pensée judéo-chrétienne, l'objectif de la vie humaine est la salvation de l'âme et le corps est conçu comme un obstacle dans la poursuite de cet objectif. Conséquemment le corps doit être puni et contraint. Ainsi dans les mots de St-Paul: "Car si vous vivez selon la chair vous mourrez. Mais si par l'Esprit vous faites mourir les oeuvres du corps, vous vivrez". " (Romains 8:13). St-Paul soutient clairement que la privation en plaisir somatosensoriel et la pratique de stimulation douloureuse

p. 16, Novembre 1975, Bulletin of the Atomic Scientists

sont des pré requis essentiels pour gagner son ciel.

"J'en viens maintenant à ce que vous m'avez écrit. Il est bon pour l'homme de s'abstenir de la femme" (1 Corinthiens, 7:1).

Aristote ne concevait pas un état de guerre entre le corps et l'esprit mais plutôt envisageait une relation complémentaire dans laquelle l'état de l'âme ou de l'esprit était dépendant de l'état du corps. En fait, il affirmait que "le soin du corps doit précéder celui de l'âme." (Politique)

Aristote percevait aussi la relation réciproque entre le plaisir et la douleur et reconnaissait qu'une recherche compulsive du plaisir corporel origine d'un état d'inconfort et de douleur corporels:

Or, l'excès est possible dans les biens corporels: et le vice sous ce rapport consiste précisément à rechercher l'excès, et non pas à ne rechercher que les plaisirs absolument nécessaires. Tous les hommes sans exception trouvent une certaines jouissance à manger les aliments, à boire les vins, à se livrer aux actes de l'amour; mais tous ne prennent pas ces plaisirs dans la mesure qu'il faut . Pour la douleur, c'est tout le contraire. On n'en fuit pas seulement l'excès; on la fuit absolument; car la douleur n'est pas le contraire de l'excès du plaisir [...].

C'est la ce qui doit nous engager à rechercher comment il se fait que les plaisirs du corps semblent plus désirables que tous les autres. Le premier motif, c'est que le propre du plaisir c'est de bannir la douleur, et que souvent dans la douleur excessive on recherche, comme moyen de guérison, un plaisir non moins excessif qui n'est en général que celui du corps, Mais ce sont là des remèdes violents, et ce qui fait qu'on les prend avec tant d'ardeur, c'est qu'ils semblent de nature à effacer les émotions contraires (Éthique à Nicomaque, livre 7, chapitre 8)

Il est clair que le monde jouit d'un temps limité pour changer sa manière de résoudre les conflits violemment. Nous faisons face à l'incertitude quant à savoir si nous avons le temps de défaire les dommages effectués par d'innombrable générations précédentes et combien de générations futures il faudra pour transformer notre psychobiologie tournée vers la violence en une autre plus pacifique.

Dans son analyse du plus grand bien, Aristote fut fort explicite:

"Mais il est très possible qu'il y ait un certain plaisir qui soit le bien suprême, quoiqu'il y ait plus d'un plaisir qui soit mauvais, de même qu'il peut y avoir aussi une science qui soit la science suprême." (Éthique à Nicomaque, livre 7, chapitre XII)

La conception judéo-chrétienne du plaisir corporel est manifestement opposée à celle que défini Aristote, en particulier quant au soulagement de la douleur et l'inconfort par le plaisir somato-sensoriel. Le refus du plaisir somatosensoriel dans la doctrine de Paul a conduit à des sources alternatives de soulagement à travers des stimulation douloureuse tel que l'auto-flagellation, l'auto-mutilation, la violence physique contre les autres et dans l'usage de drogues sans plaisirs sensoriels.

Des études expérimentales sur les animaux illustrent bien ce phénomène. On constate par exemple que des animaux privés de stimulations somatosensorielles se lancent dans la mutilation de leur propre corps. Des animaux privés de contacts tactiles en bas âge vont développer une perception de la douleur affaiblie et une aversion face aux contacts tactiles par autrui. Cela inhibe donc la possibilité d'expérimenter une thérapie fondée sur le plaisir corporel. Dans ces conditions, ils ont peu d'alternatives hors de la violence physique alors que le contact orienté vers la douleur est facilité par leur capacité affaiblie à ressentir la douleur. Donc la violence et la douleur physique deviennent des thérapies privilégiés pour ceux qui ont été privés de plaisir physique.

Ces considération soulèvent la question de comment la philosophie et la théologie chrétienne qui ont tant emprunté à Aristote ont réussi à éviter si non carrément à rejeter les enseignements d'Aristote concernant la moralité du plaisir. Les racines de cette question peuvent être découvertes tout au long du Vieux Testament et ce dès le début avec le compte-rendu dans la Genèse de l'expulsion d'Adam et Ève du jardin du paradis. La première conséquence de la faute d'Ève est que la nudité devint honteuse. Là pourrait bien être la début de l'hostilité des hommes envers les femmes et le l'équation de la femme avec le démon, particulièrement les démons du corps. La chose est illustrée de façon frappante par Zacharie (5:5-8) dans la description d'un ange:

"C'est un boisseau qui s'avance." Il ajouta "C'est leur iniquité, dans tous le pays" Et voici qu'un disque de plomb se souleva; et je vis une Femme installée à l'intérieur du boisseau. Il dit "C'est la malice" Et il la repoussa à l'intérieur du boisseau et jeta sur l'orifice la masse de plomb."

La violence à l'égard de la sexualité et l'usage de la sexualité pour la violence, particulièrement contre les femmes, a des racines profondes dans la tradition biblique et est exprimée très tôt. Le dix-neuvième chapitre de la Genèse (19:1-11), dans le premier livre du Vieux Testament soutient que le viol d'une femme est acceptable mais que le viol d'un homme est une chose perverse. Le chapitre sur la destruction de Sodome et Gomorre décrit l'hospitalité offerte par Lot à deux voyageurs (en fait deux anges).

Ils n'étaient pas encore couchés que la maison fut cernée par les hommes de la ville, les gens de Sodome, depuis les jeunes jusqu'aux vieux, tout le peuple sans exception. Ils appelèrent Lot et lui dirent: "Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit? Amène les nous pour que nous en abusions. Lot sortit vers eux à l'entrée et, ayant fermé la porte derrière lui, il dit " Je vous en supplie mes frères, ne commettez pas le mal! Écoutez: j'ai deux filles qui sont encore vierges, je vais vous les amener: faites leur ce qui vous semble bon, mais, pour ces hommes, ne leur faites rien puisqu'ils sont entrés sous l'ombre de mon toit" Mais ils répondirent: "Ote-toi de là! En voilà un qui est venu en étranger, et il fait le juge! Eh bien, nous te ferons plus de mal qu'à eux! Ils le pressèrent fort, lui Lot, et s'approchèrent pour briser la porte. Mais les hommes sortirent le bras, firent rentrer Lot auprès d'eux dans la

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maison et refermèrent la porte. Quant aux hommes qui étaient à l'entrée de la maisons, ils les frappèrent de berlue du plus petit jusqu'au plus grand, et ils n'arrivaient pas à trouver l'ouverture.

L'histoire se poursuit comme les deux anges escortent Lot et sa famille vers un refuge puis détruisent Sodome et Gomorre en raison de leur grand état de péché. Pas un mot de reproche n'est émis envers Lot pour sa volonté d'offrir ses deux filles vierges pour qu'elles soient soumises à un viol collectif. Le même récit est répété dans les livres d' Ezekiel (23:1-49) et de Juges (19:22-30).

Étant donné une telle tradition, il est compréhensible que durant l'Inquisition seules les femmes étaient accusées de forniquer avec le diable et mises à mort pour ce crime de plaisir. Quel homme est mort pour avoir couché avec Satan? Cette tradition est maintenue dans les cultures modernes où les femmes sont punies pour la prostitution mais pas leurs clients masculins.

L'acceptation historique et biblique du viol à travers les âges a secoué la psyché des hommes élevés dans cette tradition. Cela est bien illustré par le récit de Michael McCusker, un sergent de la marine américaine qui témoigne d'un viol collectif au Vietnam. McCusker raconte comment une escouade armée de neuf hommes envahit un petit village.

Ils devaient trouver ce qu'ils appelaient une pute Viet Cong. Ils entrèrent dans le village et plutôt que de la capturer, ils la violèrent. Chaque homme la viola. Un d'entre eux me dit plus tard que c'était la première fois qu'il faisait l'amour à une femme en conservant ses bottes. Celui qui dirigeait l'escouade était en fait un simple soldat. Le chef était sergent mais il semblait impuissant et il a laissé le soldat mener son groupe. Plus tard le sergent affirma qu'il n'avait pas participé au raid car c'était contre sa morale. Alors plutôt que de commander à l'escouade de ne pas le faire car ils ne l'écouteraient pas de toute façon, le sergent est allé de l'autre côté du village et s'est assis à regarder le sol fixement en se sentant lamentable. Mais quoi qu'il en soit, ils violèrent la fille et le dernier à lui faire l'amour lui tira une balle dans la tête.

Qu'est ce qui dans la psyché américaine permet l'usage du mot amour pour décrire le viol. Un acte d'amour achevé sur une balle dans la tête!

Une mère heureuse caressant son enfant.

Les premiers mois. Nourrir naturellement et caresser son enfant contribuera à en faire un adulte non-violent. La privation de ces contacts corporels peut avoir l'effet opposé.

Pourquoi les hommes violent-ils les femmes? Les chercheurs rapportent que la plupart des violeurs ont un arrière-plan familial de punition et d'hostilité paternelle et de manque d'affection maternelle. J'interprète le viol comme une revanche de l'homme contre la femme en raison des manques initiaux d'affection physique. Un homme peut exprimer son hostilité à l'égard de la mère pour ne pas lui avoir donné d'attention physique en violant d'autres femmes.

Une autre explication peut être que l'accroissement de la liberté sexuelle des femmes est menaçante pour la position de pouvoir et de dominance masculine souvent maintenue à travers l'agression sexuelle. Le viol détruit le plaisir sensuel chez la femme et accroît le plaisir sadique chez l'homme. A travers le viol l'homme s'interdit le plaisir sensuel de la femme qui menace sa position de pouvoir et de dominance.

Selon moi le viol a son origine dans

Swedish paper doll that does not hide or idealize female sexuality

Poupées réalistes. Les poupées de papier suédoises illustrent la franchise au sujet du corps humain nécessaire pour inculquer des attitudes saines à l'égard de la sexualité et de la violence. Chez ces poupées aucun effort n'est fait pour idéaliser ou désexualiser le corps humain, le corps est simplement accepté tel qu'il est.

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la carence en affection physique dans la relation parent-enfant et dans les relations sexuelles adultes ainsi que que un système de valeur religieuse qui considère la douleur et les carences corporelle morale et immorale le plaisir physique. Le viol maintient la dominance de l'homme sur la femme et soutient la perpétuation des valeurs patriarcales dans notre société.

 

 

L'environnement éducatif et les cellules du cerveau.

Cette image montre les effets de l'environnement éducatif sur un type de cellule nerveuse (appelée étoilée) trouvé dans la quatrième couche du cortex visuel d'un rat. Le nombre de branches des dendrites est beaucoup plus grand parmi les animaux élevés en groupe dans un environnent rempli de jouets (Environnement aux conditions enrichies EC) que parmi les rats élevés par deux dans une cage ordinaire (condition sociale SC) ou parmi les rats élevés seuls dans des cages ordinaires (condition isolé IC).

Ces données montre que des conditions extrêmes de carences sociales ou sensorielles ne sont pas nécessaires pour endommager la structure du cerveau et qu'un environnement sensori-social enrichi peu augmenter la complexité des cellules nerveuses (neurones) qui portent l'impulsion nerveuses aux autres cellules du corps et à travers lesquelles la communication s'opère dans le cerveau Des cellules nerveuses pourvues de plusieurs dendrites peuvent influencer et réguler l'activité de autre cellules cervicales plus efficacement que celles pourvues de dendrites moins nombreuses ou anormales. On croit que la complexité du cerveau est lié à l'abilité de résoudre des problèmes complexes à la fois sur le plan intellectuel et social et que des structures anormal de dendrites supposent des décharges électriques anormales dans le cerveau.

Source: Volkmar et Greenough

 

Il est évident que le monde dispose de peu de temps pour modifier son habitude résoudre les conflits par la violence. Il est incertain si nous avons encore le temps de défaire les dommages accomplis par d'innombrables générations précédentes et nous ignorons aussi combien de générations future il faudra pour transformer notre psychobiologie de la violence en une psychobiologie de paix.

Si nous admettons la théorie selon laquelle le manque de plaisir somatosensoriel est la cause principale de la violence nous pouvons travailler à promouvoir le plaisir et encourager les relations interpersonnelles affectueuses comme une façon de combattre l'agression. Nous devons donner la plus haute priorité au plaisir du corps dans un contexte de relations humaines significatives. Un tel plaisir du corps est très différente de la promiscuité qui reflète une inhabilité fondamentale à expérimenter le plaisir. Si une relation sexuelle n'est pas agréable, une personne cherche un autre partenaire. Un échec continuel à parvenir à la satisfaction sexuelle mène à une recherche continuelle de nouveaux partenaires, en d'autres mots à un comportement léger. Le plaisir physique affectueusement partagé, d'autre part, tend à stabiliser une relation et à éliminer cette recherche. Cependant, une variété d'expériences sexuelles semble normale dans les cultures qui en permettent l'expression et cela peut être important pour optimiser le plaisir et l'affection dans les relations sexuelles.

Les données disponibles indiquent clairement que les valeurs rigides de la monogamie, de la chasteté et de la virginité contribuent à produire la violence physique. Le déni de la sexualité féminine doit céder la place à une acception et un respect à son égard et les hommes doivent partager avec les femme la responsabilité du don d'affection et de soin envers les enfants. Comme le père assume un rôle plus égal avec la mère dans l'éducation des enfants et devient plus affectueux envers ses enfants, des changements doivent s'ensuivre dans notre système socio-économique. Une structure de travail qui tend à séparer un ou l'autre parent de la famille par soit le voyage, les réunions interminables ou le temps supplémentaire affaiblit la relation entre les parentes et l'enfant et nuit à la stabilité familiale. Le développement d'une société pacifique passe par une emphase plus grande sur les relation humaines.

La planification des naissances est nécessaire. Les enfants doivent être correctement espacés pour que chacun puisse recevoir des soins et une affection optimaux. Les besoins de l'enfant devraient être immédiatement satisfait. Les données interculturelles n'appuient pas l'idée qu'une telle pratique va gâter l'enfant. Contrairement à ce qu'affirme le docteur Benjamin Spock, il est nuisible pour un enfant de s'endormir en pleurant. En ne comblant pas immédiatement les besoins de l'enfant. nous enseignons à nos enfants la méfiance à un niveau émotionnel fondamental mais nous établissons aussi

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un pattern de négligence qui peut nuire à la santé sociale et émotionnelle de l'enfant. Le rejet de l'allaitement naturel en faveur du biberon et la séparation du nouveau né de sa mère dans nos hôpitaux modernes sont autant d'exemples de modes d'éducation nuisible.

Environ 25% des mariages aux États-Unis se terminent par un divorce et un plus grand pourcentage encore ont vécu l'adultère. Cela laisse supposer que quelque chose est fondamentalement faux dans la conception traditionnelle de la monogamie universelle. Le besoin de créer un système de mariages pluralistes devient plus évident si on l'examine à la lumière des données interculturelles concernant les carences physiques, la violence et la guerre associées avec la monogamie. Des expérimentations actuelles de vie en commune et de mariage groupal chercher à combler les besoins fondamentaux qui demeurent insatisfaits dans l'isolement du mariage nucléaire. Il nous faut considérer sérieusement de nouvelles options, telles que des familles étendues comprenant deux ou trois couples qui partagent des valeurs et un style de vie. En partageant les bénéfices et les responsabilités de l'éducation des enfants, de telles familles peuvent fournir un environnement varié et affectueux pour les enfant aussi bien que pour les adultes et réduire la fréquence d'abus d'enfant et de fugues.

La famille communale, tout comme les groupes de familles étendues, peut procurer un environnement plus stimulant et encourageant pour les enfants et les adultes que la famille nucléaire moyenne. La vie communale de doit pas bien sûr être comprise comme équivalent à la sexualité en groupe, qui le plus souvent n'est pas une forme de partage mais un échappatoire à l'intimité et à la vulnérabilité émotionnelle.

La franchise au sujet du corps

Peut importe le type de structure familiale choisie, il est important d'encourager la franchise au sujet du corps et des fonctions corporelles. A ce sujet nous pourrions bénéficier d'une reconfiguration de nos maisons suivant le mode japonais qui sépare la cuvette des équipements pour le bain. Le bain familial devrait être utilisé pour la socialisation et la relaxation, et devrait procurer une situation naturelle où les enfants peuvent apprendre les différences anatomiques entre les hommes et les femmes. La nudité, comme la sexualité, peut être détournée et abusée et la peur de cela nous empêche souvent d'accepter nos corps naturellement.

La stimulation bénéfique que procure le bain tourbillon ne devrait pas être limité aux hôpitaux et aux établissements curatif ou de relaxation mais devraient être disponible au sein du foyer familial. Le bain familial devrait être suffisamment grand pour accommoder parents et enfants et être équipé de tourbillon pour maximiser la relaxation et le plaisir. La nudité, l'ouverture et l'affection au sein de la famille peut enseigner aux enfants et aux adultes que le corps n'est ni honteux ni inférieur mais plutôt une source de beauté et de sensualité à travers lequel nous sommes en relation avec les autres. L'affection physique implique le toucher, l'emprise et la caresse et ne doit pas être compris comme équivalent à la stimulation sexuelle qui est un type spécifique d'affection physique.


L'éthique compétitive qui enseigne aux enfants qu'ils doivent progresser aux dépens des autres devrait être remplacée par les valeurs de la coopération.

Aimer plutôt que rivaliser

L'éthique compétitive, qui enseigne aux enfants qu'ils doivent progresser aux dépens des autres devrait être remplacée par les valeurs de coopération et la poursuite de l'excellence pour son propre bien. Nous devons éduquer nos enfant pour qu'ils soient émotionnellement capables de donner de l'amour et de l'affection plutôt que d'exploiter les autres. Nous devons reconnaître que la sexualité adolescente est non seulement naturelle mais désirable et accepter la sexualité prémaritale comme une chose bonne et morale. Les parents devraient aider les adolescent à se réaliser sexuellement en leur permettant d'user de la maison familiale pour leur satisfaction sexuelle. Une honnêteté semblable encouragerait une attitude plus responsable envers les relations sexuelles et procureraient un environnement d'un beaucoup plus grand soutient que le siège arrière d'une voiture ou tout autre emplacement indésirable hors du foyer. Les expériences sexuelles précoces sont trop souvent un effort pour démontrer son appartenance au monde des adultes, ou pour prouver sa masculinité ou sa féminité, plutôt qu'un partage joyeux d'affection et de plaisir.

D'abord et avant tout, il faut reconnaître l'égalité sexuelle des hommes et des femmes. Le droit traditionnel des hommes à des multiples partenaires sexuels doit être étendu aux femmes. Le plus grande barrière entre les hommes et les femmes est la peur qu'ont les hommes de la profondeur et de l'intensité de la sensualité féminine. Puisque le pouvoir et l'agression sont neutralisés par le plaisir sensuel, la défense première des homme contre la perte de leur domination a été la négation, la répression et le contrôle du plaisir sensuel de femmes. L'usage de la sexualité pour procurer un simple relâchement de la tension physiologique (plaisir apparent) ne doit pas être confondu avec l'état de plaisir sensuel incompatible avec la dominance, l'agression, la violence et la douleur. C'est à travers le partage mutuel du plaisir sensuel que l'égalité sexuelle entre les hommes et les femmes peut être réalisée.

L'environnement sensoriel dans lequel un individu grandi a une influence majeure sur le développement et l'organisation fonctionnelle de son cerveau. Les stimulations sensorielles constituent un nutriment dont le cerveau a besoin pour se développer et fonctionner normalement. Le fonctionnent du cerveau détermine le comportement de la personne. Le cerveau humain à la naissance est extrêmement immature et de nouvelles cellules cérébrales se développent jusqu'à l'âge de deux ans. La complexité du développement des cellules cérébrales se poursuit jusqu'à l'âge de 16 ans environs. Herman Epstein de Brandeis University a montré que des jaillissement de croissance dans le cerveau humain se produise à peu près aux âge de 3, 7, 11 et 15 ans.

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Comment une carence précoce peut affecter ces jaillissement de croissance reste à déterminer; des données suggèrent cependant que le jaillissement final peut être annulé par une carence précoce.

W. T. Greenough, psychologue à l'University of Illinois, a démontré qu'un environnement sensoriel enrichi produit des cellules plus complexes dans le cerveau des rats qu'un environnement ordinaire ou appauvri (voir l'image). Ses études montre que la carence sensorielle n'a pas à être extrême pour induire des changements structurels dans un cerveau en développement. Plusieurs autres chercheurs ont montré que l'éducation des rats en isolement introduit des changements significations dans la biochimie du fonctionnement de leur cellules cervicales. D'autres chercheurs ont montré une activité électrique anormale dans le cerveau de singe élevé dans l'isolement. J'ai avancé l'idée que le cervelet, une structure du cerveau impliqué dans la régulation de nombreux processus cérébraux, devient dysfonctionnel quand un animal est élevé dans l'isolement et est impliqué dans les comportements violents et agressifs du à la carence somatosensorielle. Il a été démontré qu'une neurochirurgie du cervelet peut transformer le comportement agressif du singe élevé en isolation en un comportement pacifique. Les comportement prédatoire chez le chat peuvent être provoqué en stimulant le nucleus fastifial du cervelet, une des nucléi les plus profond du cervelet.

Des niveaux anormalement faibles de sérotonine platelet ont été détectés chez des singes élevés dans l'isolement ainsi que chez les enfants fortement agressifs et institutionnalisés. Ces découvertes laissent croire que la carence somato-sensorielle des périodes formatrice du développement altère de façon significative ce système biochimique du corps associé à des comportement hautement agressifs. Plusieurs autres chercheurs ont documenté des anormalités dans le système de réponse corticale adrénale parmi des rongeurs élevés en isolement et qui avaient développés des comportement hyperagressif, hyperactif et hyperréactif. Donc on peut affirmer qu'un autre important système biochimique associé à l'agressivité est altéré par une carence somatosensorielle précoce.

Il faut souligner que je propose des stimulations somatosensorielles plaisantes comme procédure thérapeutique pour corriger les anormalités causées par une carence en plaisir somatosensoriel. De semblables stimulations sensorielles peuvent influencer le fonctionnement du cerveau et il ne semble pas nécessaire, à l'exception de rares circonstances, d'avoir recours à la chirurgie ou aux stimulations électriques pour modifier des comportements violents et pathologiques. Hélas, des programmes thérapeutiques fondés sur le plaisir somatosensoriel n'ont pas encore été établis afin de déterminer leur efficacité thérapeutique. Le succès de le thérapie somatosensorielle auprès des singes élevés en isolations rapporté par Harry F. Harlow et Stephen Suomi après que d'autres formes de thérapies aient échoué chez ces animaux, fournit des encouragements supplémentaires et soutient l'utilisation du toucher et des mouvements corporels dans le traitement des désordres émotionnels.

Inversement, nos prisons ont été configurées pour maximiser les conditions précisément responsable de la violence et de l'emprisonnement du délinquant social. Il n'est pas surprenant que la violence physique dans de tels environnements soit un problème de taille. L'acceptation du plaisir somatosensoriel comme forme de thérapie somatique sera difficilement acceptable pour notre société comme l'indique l'opposition aux salons de massage.

Manifestement si nous considérons les comportements agressifs et violents indésirables, nous devons alors développer un environnement somatosensoriel qui permette au cerveau de se développer et de fonctionner d'une telle façon qu'il en résultera des comportements plaisant et pacifiques. La solution à la violence est le plaisir physique expérimenté dans le contexte de relations humaines significatives.

Pour beaucoup de gens, un principe moral fondamental est le rejet de tout credo ou politique qui inflige de la douleur, de la souffrance et de la privation pour nos frères humains. Ce principe doit être élargi: nous devons viser non seulement l'absence de douleur et de souffrance mais aussi l'amélioration du plaisir, la promotion de relations humaines affectueuse et l'enrichissement de l'expérience humaine.

Si nous nous efforçons d'augmenter le plaisir dans nos vies, cela va aussi affecter la manière dont nous exprimons l'agression et l'hostilité. La relation réciproque entre le plaisir et la violence est tel que l'un inhibe l'autre: quant le plaisir est élevé, la violence est faible; quant la violence est forte, le plaisir est faible. Ces prémisses fondamentale de la théorie de la carence en plaisir somatosensoriel nous fournit les outils nécessaires pour modeler un monde d'individus pacifiques, affectueux et coopératifs. .

La planète cependant dispose d'un temps limité pour corriger les conditions qui nous incitent à la confrontation violente. Les technologies modernes de la guerre ont rendu possible pour un individu ou une nation d'en arriver à la destruction totale de larges segments de population. Le plus grand péril provient des nations qui offrent à leurs enfants l'environnement le plus appauvri et qui sont les plus répressifs de l'affection sexuelle et de la sexualité féminine. Nous aurons le plus à craindre quand ces nations vont acquérir les armes de guerres modernes. Tragiquement ce processus est déjà entrepris.

Notes

1. R. B. Textor, A Cross-Cultural Summary (New Haven, Conn.: Human Relations Area Files (HRAF) Press, 1967). 

2. J. W. Prescott, "Early Somatosensory Deprivation as an Ontogenetic Process in Abnormal Development of the Brain and Behavior," Medical Primatology, édité par I. E. Goldsmith and Moor-Jankowski (Basel: Karger, 1971), 357-375; et Prescott, "Cross-Cultural Sludies of Violence," in Aggressive Behavior: Current Progress in Pre-Clinical and Clinical Research, Brain Information Report No. 37 (Los Angeles, Ca.: University of California, Aug. 1974), pp. 33-35.   

3. M. K. Bacon, I. L. Child et H. A. Barry, III, "Cross-Cultural Study of Correlates of Crime," Journal of Abnormal and Social Psychology, 66 (1963), 291-300; et Barry, Bacon and Child, "Definitions, Ratings, et Bibliographic Sources for Child-Training Practices of 110 Cultures," in Cross-Cultural Approaches: Readings in Cooperative Research, édité par C. S. Ford (New Haven: HRAF Press, 1967). 

4. J. T. Westbrook, Ford, et Beach, in A Cross-Cultural Summary, édité par Textor (New Haven: HRAF Press, 1967). 

5. P. E. Slater, "Killing, Torturing or Mutilating the Enemy," in A Cross-Cultural Summary, édité par Textor.   

6. Michael Harner, Jivaro Souls.  

7. Vietnam Veterans Against the War, statement by Michael McClusker in The Winter Soldier Investigation: An Inquiry into American War Crimes (Boston: Beacon Press, 1972).  

8. S. J. Suomi, et H. F. Harlow, "Social Rehabilitation of Isolate-Reared Monkeys," Developmental Psychology, 6 (1972), 487-496. 

9. F. R. Volkmar et W. T. Greenough, "Rearing Complexity Affects Branching of Dendrites in the Visual Cortex of the Rat," Science, 176 (Juin 1972), 1445-1447; et M. Coleman, "Platelet Serotonin in Disturbed Monkeys," Clinical Proceedings of the Childrens Hospital, 27 (1971). 187-194.  

Il faut conserver à l'esprit dans toutes les affirmations qui suivent concernant l'alcool que le contexte de consommation américain est fondamentalement différent du contexte français où l'alcool est le plus souvent consommé sous forme de vin et fait partie intégrante du repas particulièrement en présence de convives. Aux États-Unis, l'alcool, le plus souvent sous forme de drinks à base d'alcool fort (vodka, gin...) est surtout consommé hors des repas et est davantage perçu et utilisé comme une boisson intoxicante, que l'on consomme souvent seul, que comme un aliment. Le contexte étant différent la signification et l'effet de l'alcool le sont tout autant. 
[

Texte republié avec l'aimable permission de James W. Prescott. Parution originale dans THE FUTURIST magazine (Avril 1975). Reproduit avec la permission de la World Future Society, 7910 Woodmont Avenue, Suite 450, Bethesda, MD 20817 USA. WFS est une association éducationnelle et scientifique à but non lucratif comptant 30,000 membres dans 80 pays. Elle agit comme forum neutre et comme banque d'informations et d'idées sur les tendances actuelles et les développements futurs possibles.

Traduit par Eric Maheu. Les citations de la bible sont reproduites de la traduction de l'école de Jérusalem et celles d'Aristote de la traduction de J. Barthélemy Saint-Hilaire revue par Alfredo Gomez-Muler. Svp me signaler toute erreur.

Reconnaissance de caractères et édition HTML originale par. Si vous connaissez une autre traduction de cet article en une langue différente du français et de l'allemand ou si vous voulez en produire une, svp le contacter. Il est aussi intéressé à obtenir du matériel supplémentaire sur le sujet.

       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Assistance aux personnes en prise avec des attirances pédophiliques

 

 

Conférence donnée au 15ème Congrès Mondial de Sexologie, Paris, Juin 2001
Aussi au congrès du
Nordic Association of Clinical Sexology, Visby en Suède, Septembre 2001 
 Dr Frans Gieles.

Introduction

Depuis une vingtaine d'années, j'essaie d'aider des gens en prise avec des attirances pédophiliques[. Je le fais à titre bénévole pour des groupes de travail du NVSH, l'Association Néerlandaise pour une Réforme Sexuelle. Au cours des deux seules dernières années,  plusieurs jeunes hommes, pour la plupart étudiants de moins de trente ans, y sont venus chercher de l'aide.

C'est d'ordinaire à ces âges-là, entre vingt et trente ans, que se nouent des liaisons et se forment les couples. Cependant, ces hommes attirés par les enfants, garçons ou filles, n'osent pas parler de ces attirances, que ce soit à leurs amis étudiants ou aux divers membres de leur famille. Cet âge est aussi celui où l'on s'éloigne de sa famille, l'âge d'une plus grande liberté de choix pour son temps libre. L'accès à Internet est également devenu plus facile de nos jours. L'attirance vers les enfants, les attirances pédophiliques, peuvent facilement devenir une obsession qui bloque complètement la personne et compromet ses études. L'histoire que nous entendons est souvent celle d'une d'obsession, d'une dépression ou de projets de suicide. Certains répriment leurs attirances; d'autres rejettent toute contrainte et connaissent de graves problèmes avec la police et la justice aussi bien que leur environnement social et familial (Cf. la liste de Constructive questions).

Il est à noter noter que, selon Nagayama Hall, Hirschman & Oliver, plus de 25% d'un échantillon d'hommes normaux ont réagi par une excitation à des stimuli pédophiliques. Nous ne sommes donc pas en train de parler d'une petite minorité déviante, mais d'une variance normale parmi les êtres humains - à une époque où la plupart des gens considéreraient comme un monstre toute personne qui manifesterait une telle réaction.

Il faut bien y faire quelque chose, mais quoi ?

Trois types d'intervention

Je voudrais ici distinguer trois types d'intervention: (1) « le traitement » , (2) l'auto-assistance et (3) la thérapie proprement dite. J'en ai mis en valeur les traits caractéristiques dans ce tableau.

Chaque méthode se révèle présenter à la fois des avantages et des inconvénients. Il conviendrait d'opérer des distinctions parmi les clients ] afin de choisir la méthode qui convienne le mieux à chacun. Il n'existe pas de méthode unique qui s'appliquerait à tous.

Le premier type d'intervention est le traitement des prédateurs, basé sur une approche cognitivo-behavioriste, auquel il est largement fait recours aujourd'hui, avec pour devise: « No cure but control » (« Pas la cure mais le contrôle»). La plupart des professionnels qui travaillent avec cette méthode ou bien écrivent sur le sujet pensent qu'il s'agit de la seule méthode possible. Cependant, cette méthode soulève plusieurs remarques critiques et, du reste, il y a plus sous le soleil.

Aux Pays-Bas (notamment dans le cadre de la NVSH), d'autres personnes dont moi-même recourent depuis une vingtaine d'années au deuxième type d'intervention, la méthode d'auto-assistance.  Il semble que nous pourrions aider beaucoup de gens avec ce type d'intervention. Je souhaite dans cette conférence mettre plus particulièrement en valeur cette méthode, comme possibilité d'aider d'autres catégories de personnes.

Cette méthode peut recevoir le soutien d'une autre méthode, les groupes de soutien, familiers à certaines communautés religieuses, décrits et recommandés par Kirkegaard & Northey. Il est aussi largement fait recours à la méthode d'auto-assistance sur Internet.

La troisième méthode est la thérapie proprement dite, ainsi que je l'appelle afin de la distinguer d'avec la première méthode, que je nomme ici traitement. Il s'agit des fameuses psychothérapies sous leurs formes les plus diverses.

Ce troisième type d'intervention est suffisamment connu; aussi me contenté-je de le mentionner comme une possibilité utile – qui peut d'ailleurs être combinée aux deux premières méthodes – et de tracer les grands traits qui distinguent les trois méthodes.

La psychothérapie individuelle était le type de traitement standard jusqu'en 1980 environ. Depuis lors, les méthodes de type cognitivo-behavioriste, que j'appelle ici la première méthode, sont devenues le type d'intervention privilégié.
 
 

Taux de récidive

Habituellement, c'est au moyen des taux de récidive que sont évaluées les méthodes de traitement. Robinson conclut de sa recherche que le taux de récidive général pour les auteurs d'infractions sexuelles non traités est de 20% en moyenne, tandis que ce taux pour les auteurs traités est en moyenne de 10%. Le traitement peut donc diviser par deux le taux de récidive.
Mais quel type de traitement ou de soutien ?

Margaret Alexander  conclut de sa recherche que les hommes traités avant 1980 (par des méthodes traditionnelles) ont récidivé à 12,8%, alors que les hommes traités après 1980 (par les méthodes actuelles) ont récidivé à 7,4%. Elle a procédé à un genre de méta-analyse, sur un corpus de 79 études réunissant des échantillons de population s'élevant à 11 000 personnes. Ainsi, il semble que le taux de récidive soit inférieur lorsqu'on recourt aux méthodes actuelles plutôt qu'à des méthodes plus anciennes.

Examinons un instant ces chiffres de la récidive. Toute personne prêtant foi aux discours de certains hommes politiques et aux ouvrages à destination du grand public croira que le taux de récidive chez les auteurs d'infractions sexuelles s'élève à 90%, sinon même plus. Aux Pays-Bas, même un professeur de sexologie a pu affirmer, voilà plusieurs années, que le taux de récidive était élevé à ce point, jusqu'à ce qu'il ait lu les articles de chercheurs sur le sujet - alors ses chiffres sont-ils allés en diminuant.

Un sénateur de l'Indiana, proposant pour cet État la tenue d'un registre des auteurs d'infractions sexuelles, a déclaré: «Les statistiques montrent que, 95% du temps, toute personne abusant d'un enfant le fera vraisemblablement encore ».  Un sénateur de Floride a fait référence aux « prédateurs sexuels qui commencent à chercher leur prochaine victime sitôt remis liberté » et un législateur de Californie a prévenu le public que les auteurs d'infractions sexuelles « commettront de nouveau immédiatement cette infraction, au moins 90 pour-cent du temps ».
Je cite ici Eric Lotke qui donne ses sources dans ses notes de bas de page #1, 2 & 3.

Quiconque lit les résultats de la recherche en la matière verra des chiffres totalement  différents. Les taux de récidive ne sont pas aussi élevés qu'on a pu le dire. Il s'agit d'un point important, parce que si les chiffres s'élevaient vraiment à plus de 90%, il serait malaisé de défendre la méthode d'auto-assistance, que j'appelle ici la deuxième méthode.

De façon générale, il existe de nombreux mythes concernant les auteurs d'infractions sexuelles. Un article, Mythes et faits concernant les auteurs d'infractions sexuelles, août 2000, par le Centre de Traitement des Auteurs d'Infractions Sexuelles (CSOM - Center for Sex-Offenders Management - http://csom.org ), dresse une liste de tels mythes, opposés aux faits.

Karl Hanson & Monique Bussière ont présenté dans leur article de 1998 la méta-analyse la plus récente sur les taux de récidive: Prédire la rechute: méta-analyse des études sur la récidive des auteurs d'infractions sexuelles. Ils ont passé en revue 61 études de contrôle, un échantillon total de près de 23,400 personnes. Le taux moyen de récidive des infractions sexuelles était faible: 13,4%. Remarquons que, d'après Hanson,  le taux de récidive général sur l'ensemble des infractions est de 36,3%. Ainsi le taux de récidive chez les auteurs d'infractions sexuelles n'est-il pas trois fois plus élévé que le taux général, mais plutôt trois fois moins.   Il est tout simplement inexact qu'au moins 90% des auteurs d'infractions sexuelles récidivent - il s'agit de 13,4% .
Là encore, le traitement se révèle utile: « Les auteurs d'infractions sexuelles n'ayant pas reçu de traitement présentaient un risque supérieur de récidive par rapport à ceux ayant reçu un traitement ».

Leurs articles figurent dans leur intégralité sur le cédérom que je vous présente ici, l'un d'eux en langue française; l'article de Wakefield & Underwager offre un bon résumé de la recherche de Hanson. Dans ma liste de références, vous trouverez davantage de liens  vers des recherches faites dans ce domaine. Vingt minutes ne suffiraient pas à toutes les présenter. Le cédérom et le site web que j'ai réalisés contiennent assez de place pour y loger bien des kilo-octets de rapports de recherche.

Je ferai juste un commentaire sur ces chiffres: ce genre de résultats est obtenu par des méthodes statistiques, par le passage en revue de milliers de personnes. C'est le mode de travail et de pensée actuariel. Cependant, si nous voulons aider des gens, nous ne pouvons les aider qu'individuellement; donc, pour notre travail de cliniciens, nous devons utiliser le mode de travail et de pensée clinique. Ces deux modes diffèrent.

Pour citer Don Grubin & Sarah Wingate: « La difficulté cruciale vient du fait que la prédiction actuarielle concerne des groupes, et que, à moins de parler d'un comportement de grande fréquence, elle ne peut nous dire grand chose sur les individus.»
Les mêmes ajoutent: «  Les auteurs d'infractions sexuelles ne sont pas de simples paquets de variables. Les caractéristiques qui peuvent être importantes pour les actuaires véhiculent une faible signification en ce qu'elles indiquent des associations mais n'impliquent  pas en soi un lien de causalité. Elles deviennent utiles dans la compréhension de la récidive seulement quand la signification qu'elles peuvent revêtir pour tel ou tel individu est clarifiée ».

Une étude peut constituer l'apothéose de l'approche actuarielle et se révéler sans pertinence pour l'approche clinique. « Des facteurs qui tendent à demeurer invisibles aux actuaires peuvent s'avérer d'une importance cruciale pour les cliniciens en vue de déterminer quand l'intervention [- et quel type d'intervention - F.G.]  est nécessaire ».

Il existe encore d'autres mythes au sujet de la pédophilie. J'ai écrit un article d'information et l'ai inclus sur ce cédérom et le site web, ainsi que de nombreuses références générales. Je me contenterai de mentionner ici deux des questions en arrière-plan de cette conférence:

Même dans le prospectus réalisé pour ce congrès [WCS Paris], la question de la pédophilie apparaît sous l'en-tête « Sexe et Violence ». Si la pédophilie devait être violente per se, je ne pourrais pas défendre la méthode d'auto-assistance. Mais tel n'est pas le cas, soutient Tom O'Carroll dans un article qui donne une vue d'ensemble sur de multiples recherches et d'autres types d'écrits. L'article en question n'a pas été retenu par le Comité de ce congrès - Tu ne connaîtras pas ceci  - vous le trouverez néanmoins sur le cédérom. 

La question de savoir si les expériences sexuelles avec des adultes ou des adolescents durant l'enfance sont toujours négatives, est aussi mentionnée en arrière-plan. Si la chose était avérée, il serait difficile de défendre la méthode d'auto-assistance. Mais il en résulte beaucoup moins d'effets négatifs que beaucoup l'ont pensé, si l'on en croit la recherche menée par l'équipe du Dr Rind. Dans environ 25% des cas, ces expériences se soldent par des conséquences négatives, spécialement pour les filles - non 100% comme on pense le plus souvent. Cette recherche se voit consacrer une section indépendante sur le cédérom. 

Dans le cadre de cette présentation, je vais maintenant proposer un aperçu critique de la première méthode.

Aperçu critique de la méthode du « traitement »

1. Pour citer Robinson : « Généralement, les études ont conclu à l'efficacité des techniques behavioristes. Malheureusement, de nombreux experts se sont inquiétés de ce que les méthodes produisent seulement des changements de courte durée dans les préférences sexuelles déviantes. »  (c'est moi qui souligne) 

2. La méthode implique un fort contrôle. Tant que les patients n'ont pas changé leurs façons de penser, de faire et même de ressentir, le traitement se poursuivra jusqu'à obtention de la «pensée correcte ». Mais la « pensée correcte » ne diffère pas, dans les faits, de la pensée politiquement correcte, à savoir: la façon de penser politiquement exigée.  Aussi les patients « joueront-ils le jeu » pour mettre un terme à l'horreur que représente la période du traitement. Ils connaissent les réponses politiquement correctes, les ont apprises, les donneront donc. Par conséquent, les résultats des échelles de mesure sont souvent faux, ainsi donc que les résultats des recherches qui s'appuient sur eux. 

3. La méthode peut produire un traumatisme au lieu d'une guérison. Elle réduit la personne à un auteur d'infractions sexuelles, en proie à une pathologie. Elle vise à changer des sensations égo-syntoniques profondes en sensations égo-dystoniques. Elle ne mène pas à l'auto-acceptation de la personne entière, attirances pédophiliques incluses, mais à supprimer et à nier ces attirances. Ce faisant, elle aliène la personne à son moi profond. Ce n'est pas guérir mais diviser la personne. Il peut en résulter un sentiment d'incertitude fondamentale et d'insécurité à un niveau très profond. Agner Fog cite les propos d'un homme à ce sujet: «... au lieu d'anéantir mes attirances pour les garçons, ils m'ont détruit en tant qu'individu, cela a détruit en moi tout sentiment de sécurité ».
J'ai pu rencontrer des patients ayant commencé ce type de traitement, pleins de vivacité et de chaleur, qui se sont vus par suite de celui-ci changés en «marionnettes en bois ». D'autres ont survécu en jouant le jeu.

4. La méthode peut être dangereuse parce qu'elle vise à supprimer des attirances, des pensées et des fantaisies imaginatives.  Ce faisant elle ferme la soupape de sûreté de la chaudière. Tôt ou tard, la bombe peut éclater. On n'évoque ni ne pense le sujet des attirances réprimées, aussi ne pense-t-on pas de manière rationnelle la question des sentiments et sensations profonds de ces personnes et ne cherche-t-on pas de façon pour elles de vivre avec ces attirances. Le plus souvent, il est mis un terme aux contacts avec d'autres personnes ayant des attirances pédophiliques, dès lors proscrits; si bien qu'il sera impossible de s'entretenir avec des modèles positifs. L'auto-assistance est bloquée, il peut en résulter l'isolement par rapport à son propre moi et par rapport aux autres. Particulièrement dans le cas d'une surveillance par la communauté, l'isolement social sera le prochain facteur de stress. La chaudière interne de ces personnes, soumise à une telle pression et dépourvue de soupape de sûreté, peut  tôt ou tard éclater. 

5. J'ai beaucoup d'objections éthiques contre le terrible usage qui est fait du pouvoir et du contrôle dans cette méthode. Bien voir que le programme du traitement non seulement changera le comportement, mais aussi les pensées et les sensations (les préférences) et jusqu'aux rêves des patients: leur esprit. La pléthysmographie ou la phallométrie accèdent de force aux parties les plus privées du corps humain. Le personnel traitant s'introduit de force et de manière intensive dans l'ultime bastion de liberté, l'esprit d'un être humain au plus profond de son intimité. La méthode contraint ses patients à penser et à ressentir d'une manière correcte - d'une manière politiquement correcte. La méthode vise à contrôler la pensée et les sentiments de personnes: il s'agit d'un contrôle de la pensée par une police de la pensée, pour reprendre les termes de George Orwell. Contrôle de l'esprit par L'Etat... similaire au lavage de cerveau de l'ancienne Union Soviétique, aujourd'hui largement utilisé dans le monde « libre » occidental.

Comme l'écrit Dennis Howitt (1995, pp 250-251), on devrait se garder de désigner ces procédés par le terme de thérapie:  « Au lieu d'adopter une pratique déontologique centrée sur le client, la psychothérapie marche sur la tête quand elle s'applique aux auteurs d'infractions sexuelles. [...] On leur apprend à se contrôler plutôt qu'à se comprendre eux-mêmes; [...] il arrive qu'ils fassent l'objet d'humiliations par d'autres patients du groupe et que, de façon générale, ils soient traités de façon telle que cela soulèverait l'indignation si on appliquait ces méthodes à leurs victimes. »

Que la méthode fonctionne en donnant des taux faibles de récidive n'est pas le seul critère. Assassinons tous les auteurs d'infractions sexuelles, enfermons-les à vie, le taux de récidive sera nul. Il y a aussi des critères éthiques.

6. J'ai aussi une objection scientifique à cette méthode. Qui s'adresse à la manière de penser simpliste qui soustend cette méthode. C'est ce que j'exprimais dans mon article  Non une cure mais un contrôle: « Le traitement repose sur une manière de penser très simpliste qui assimile le politiquement correct au fait d'avoir raison, le politiquement incorrect au fait d'avoir tort. Leurs conceptions des contacts sexuels intergénérationnels sont reprises sans esprit critique des conceptions du viol de femmes (par certaines femmes de la première génération de féministes). Femmes et enfants,  les deux ne peuvent être que les victimes des méchants hommes. » 

Ces vues simplistes se fondent également sur des recherches souvent tendancieuses en matière « d'abus sexuel d'enfant » , plus politiquement correctes que scientifiquement correctes ou, pour le dire autrement, davantage sur une idéologie que sur la science.

Margaret Alexander a dû écarter de son analyse 280 des 359 études recensées par elle, en raison de défauts méthodologiques.
Un article de
Frederiksen dresse une liste des partis pris des recherches courantes en matière d'ASE (Abus Sexuel d'Enfant); l'équipe du Dr Rind  a fait de même dans une Méta-analyse aujourd'hui célèbre.

Passant en revue la recherche sur les méthodes de traitement, Dennis Howitt écrit dans son livre bien connu,  (Ch. 7, page 191): « Dans une situation comme celle-ci, prétendre à un succès thérapeutique c'est peut-être, de la part du clinicien, du patient ou des deux, prendre ses désirs pour des réalités.  » 

C'est pourquoi les partisans de la première méthode devraient faire preuve de modestie dans leurs prétentions - comme je le ferai. 

Je voudrais à présent mettre en valeur la méthode d'auto-assistance, mais je ne peux m'appuyer ici sur la recherche dure parce que la recherche sur cette méthode est rare. Mes sources consisteront en vingt années d'expérience personnelle avec cette méthode. Je serai donc humble. 

Méthode d'auto assistance

Assistants, clients et vision

L'hypothèse de base, ici, est qu'il n'y a pas d'opposition entre aidants (helpers) et clients, mais que les membres du groupe sont tous à la fois des aidants et des clients. Les membres s'entraident. Il n'y a pas de statuts différents, tous sont des êtres humains, à la recherche de leur propre manière de vivre avec leurs attirances pédophiliques.

Manifestement, les trois méthodes reposent sur des conceptions complètement différentes de l'être humain. Dans la première, nous sommes en présence d'une vision plus ou moins mécaniste  du comportement humain. Sous-jacente, nous voyons la représentation de l'être humain comme d'un pécheur, commettant le mal presque automatiquement. La deuxième méthode considère que les êtres humains sont essentiellement des êtres sociaux. La troisième se concentre sur la dynamique de la psyché humaine. La seconde et la troisième conception ne voient pas de pécheur, mais une personne à la recherche de la bonne façon de vivre et dans ces deux visions on considère que le client est capable de la trouver.

Méthode

La principale méthode est ici l'entretien de groupe. Habituellement, quelqu'un conduit l'entretien, mais ce n'est pas « le thérapeute ». Il ou elle est simplement l'un des membres qui catalyse les interactions du groupe en demandant à ce que tout le monde s'écoute mutuellement, parle chacun à son tour, exprime ses sensations et échange ses expériences et ses pensées. Ils s'occupent exclusivement des sensations et des sentiments conscients. Les membres du groupe attendent des autres qu'ils expriment leurs sensations, sentiments les plus profonds inclus, mais non qu'ils accèdent à la partie inconsciente de la personne.

Les membres s'apportent mutuellement un soutien tangible dans plusieurs aspects de l'existence. Il s'agit d'un point important parce que beaucoup de personnes en prise avec des attirances pédophiliques ont tendance à vivre comme une minorité isolée, comme le formule Agner Fog  dans son article. Fog parle du « syndrome de la minorité isolée » qu'il observe chez des gens en prise avec des sensations sexuelles déviantes. « Les symptômes de ce syndrome incluent un comportement sexuel stéréotypé et incontrôlé ainsi que plusieurs symptômes sociaux non spécifiques. La cause en est le manque d'un modèle identificatoire approprié et la non-acceptation de son ressenti sexuel. La thérapie de groupe dans des groupes d'auto-assistance constitue un traitement efficace. »   Auprès des membres ayant  moins d'expérience, présentant une paraphilie identique ou similaire, les membres de tels groupes ayant de l'expérience, peuvent jouer le rôle de modèle positif auquel s'identifier et enseigner comment trouver un style de  vie.

Les objectifs 

Le premier objectif  est ici que les participants soient conscients de leurs attirances profondes et qu'ils les acceptent comme  faisant partie d'eux-mêmes au lieu de les combattre. Les nouveaux membres peuvent voir, entendre et ressentir que cela est possible. Les membres sont invités à s'accepter eux-mêmes, ainsi qu'à accepter chaque autre membre, comme une personne, comme un tout, une Gestalt, qui inclut leurs sentiments et sensations intimes.

Ces aspects de la méthode sont également décrits par Van Naerssen et par Van Zessen, tous deux Néerlandais. Dennis Howitt consacre quelques pages à ce qu'il appelle « les thérapies de soutien ». Notons au passage que de très nombreuses personnes qui partagent un même problème, une même maladie, une même situation, des mêmes buts ou des mêmes idées, recourent à la méthode d'auto assistance, comme certains chrétiens, des femmes enceintes, des parents de fils homosexuels, des aveugles, des sourds...

En second lieu, le but est que les membres constatent qu'il existe plusieurs façons de vivre avec leurs sensations. Le site web du groupe JON présente vingt styles de vie et demande au visiteur de chercher le vingt et unième: son propre style de vie. Les nouveaux membres sont de même invités à chercher leur propre style de vie; ils peuvent constater que c'est possible. Il y a plus de possibilités sous le soleil que certains types de comportements stéréotypés. À noter que JON ne recommande pas d'avoir des contacts sexuels avec les enfants.

Les deux objectifs, le premier et le second, peuvent diminuer les traits ou les caractéristiques du syndrome de la minorité isolée. Il existe une méthode supplémentaire: la création de groupes de soutien.

Les groupes de soutien

Les membres d'un groupe de soutien forment pour ainsi dire un cercle autour du client. Certaines communautés religieuses procèdent de la sorte, le groupe JON fait de même. Les membres du cercle prennent contact avec le client au domicile des uns et des autres. Ils l'invitent à faire des sorties, ou bien ils font la cuisine et partagent le repas avec lui ou elle. Ils l'invitent au cinéma ou au théâtre, à faire des excursions ou des voyages. Ils incitent le client à s'intégrer autant que possible à la société et le soutiennent dans cette entreprise.

Ce modèle est décrit par Hugh Kirkegaard & Wayne Northey . Ils décrivent tout d'abord le processus de formation de boucs-émissaires au sein de la communauté. Ils décrivent alors comment les communautés religieuses travaillent à stopper la désignation de boucs-émissaires et débutent un soutien, apporté par ce qu'ils nomment « des cercles de soutien et de responsabilité ». « Le but du Cercle », disent-ils, « n'est pas thérapeutique mais de fournir soutien et responsabilité. ».
Le soutien que peut apporter une communauté religieuse a été décrit par le révérend néerlandais Hans Visser.

En outre, plusieurs sites web fonctionnent de nos jours comme des groupes virtuels ou cercles de soutien. Plusieurs sites web travaillent dans une perspective chrétienne. Heather Elizabeth Peterson a rédigé un long article au sujet de ces sites web. Ainsi que tous les articles que je mentionne, celui-ci figure sur le cédérom et sur le site web que j'ai réalisés.

Résultats

Kirkegaard et Northy écrivent au sujet des résultats obtenus par leurs groupes de soutien:

« Au fil des cinq dernières années, le projet initial basé à Toronto a abouti à la création de trente-deux cercles à Toronto et à Hamilton. Des « membres centraux » (i.e. les clients - N. d. T.) y participant seulement deux ont récidivé à ce jour, l'un pour atteinte à la propriété, l'autre pour une autre infraction sexuelle.  Suite au succès de cette approche, l'an dernier six nouvelles initiatives ont vu le jour localement à travers le Canada, portant actuellement à quarante-cinq le nombre total de Cercles créés. Tandis que la plupart des Cercles ont une durée de fonctionnement comprise entre dix-huit et vingt-quatre mois, les plus longs sont en place depuis cinq ans. Pour les membres centraux dépressifs, en situation de grand besoin, ce genre de communauté intentionnelle est nécessaire à leur bon fonctionnement à long terme dans la communauté .  Pour d'autres, l'assistance offerte par un Cercle pour se réintégrer dans la communauté correspond à un besoin à plus court-terme.  Cependant les relations de soutien avec les amis qu'ils ont rencontrés là-bas, qui connaissent leur histoire et peuvent les reprendre sur leurs comportements, se poursuivent longtemps après que le Cercle officiel a cessé d'exister ».

Deux récidivistes sur 32 clients (un client dans chaque cercle), cela représente un taux de récidive de 6,25%. C'est faible. Si l'on ne prend en considération que la récidive de type sexuel, comme le font la plupart des chercheurs, ce taux est de 3,13%. C'est très faible.

Nous recourons à la méthode d'auto assistance depuis de nombreuses années, dans quelques-uns des groupes de travail région de la NVSH, aux Pays-Bas (pas dans tous les groupes; certains n'offrent pas de soutien du tout). Je travaille depuis approximativement vingt ans pour plusieurs groupes qui emploient cette méthode.

Ce que nous avons constaté, c'est que les participants reconnaissent et acceptent progressivement leurs sensations profondes. Une atmosphère de camaraderie se développe dans le groupe. Des gens arrivés avec un « Oh ! J'ai un gros problème ! On dirait que j'ai certaines sensations ! Qu'est-ce que je dois faire ? » ont changé assez rapidement leur sentiment de panique en un sentiment d'espoir en l'avenir. Nous avons vu chacun d'eux découvrir sa propre façon de négocier avec ses attirances. Quelques-uns ont ensuite disparu avec un « merci ! » D'autres sont restés dans le groupe pour aider les nouveaux venus.

Autre résultat: chaque groupe, puis des cercles de plus en plus larges, ont vu se développer un code éthique. Au fil du temps, nous l'avons appelé «les quatre principes et leur P.S. ». Tout cela est décrit dans mon article « I didn't know how to deal with it », dans un article par le psychiatre néerlandais Gerard Roelofs et dans l'article du psychiatre néerlandais Frank van Ree « Existe-t-il des critères d'une expérience positive ?» De même, Heather Elizabeth Peterson décrit les principes éthiques qui se sont développés progressivement sur les sites web d'auto assistance. Ainsi codes et principes éthiques sont-ils le résultat de groupes d'auto assistance. Peterson signale une augmentation du célibat et la socialisation des désirs. Je puis faire de même concernant les groupes dont je parle. Pratiquement tous les membres en sont célibataires.

J'estime à environ une centaine le nombre de gens aidés de cette façon sur une période de près de vingt ans. Pour autant que je sache, 16 personnes avaient commis une infraction sexuelle une fois et 2 de ces 16 personnes ont pu récidiver, l'un pour une infraction sexuelle, l'autre pour un autre type d'infraction.

Cela représente un taux de récidive de 12,5%, soit le double du résultat de Kirkegaard, mais juste en-dessous de la moyenne de Hanson (13,4%); un peu au-dessus du chiffre de Robinson cité plus haut de 10% pour les gens traités, mais en-dessous de son taux de 20% pour les gens non-traités. Si l'on prend seulement en compte la récidive sexuelle, comme le font la plupart des chercheurs, le chiffre est de 6,25%: une personne en 20 ans de travail avec la méthode d'auto assistance. De plus, on ne peut pas affirmer que la récidive résulte de la méthode d'auto assistance per se, en raison du fait que l'un d'eux, le récidiviste sexuel, a également suivi les autres types de traitement (1 et 3) et en raison du temps écoulé entre l'adhésion au groupe d'auto assistance et la récidive. En outre, ces chiffres ne proviennent pas de « recherche dure » parce que, pour être franc, nous avons manqué de mettre en place et de mener cette recherche. Ce sont des estimations modestes, faites aussi honnêtement que possible. Il faut noter que l'échantillon pour une expérience pratique n'est pas trop petit et que le temps est raisonnablement long (20 ans).

Remarques finales

Aucune méthode ne peut se réclamer d'un taux de 100% de réussite et d'un taux de récidive nul. Il apparaît que chaque méthode a ses propres forces et ses propres faiblesses, surtout si nous opérons des distinctions entre nos clients, comme je le fais dans une des lignes du tableau que j'ai présenté. Comme vous le constatez, mon intention est de ne recourir à la première méthode que pour des clients qui ne sont pas capables de communiquer ni de se contrôler. Pour les clients qui peuvent communiquer, écouter et se contrôler, la méthode de l'auto assistance semble être une bonne alternative. Il s'agit d'une méthode bien plus humaine que la première. Elle est moins coûteuse et, avec ses limites, il se pourrait qu'elle s'avère vraiment efficace. La méthode mérite d'être mise à l'essai et de faire l'objet d'évaluations, puis d'être développée par la recherche. Elle pourrait  surtout être utile, combinée avec les groupes de soutien, pour les gens remis en liberté réintégrant la communauté. Au lieu de se contenter de les enregistrer et de les maintenir sous contrôle, nous devrions d'abord leur apporter un soutien. Si nous les laissons à eux-mêmes, l'isolement social sera bientôt la prochaine source de pression pour leur chaudière intérieure.

Je tiens à répéter que tout que j'ai dit se voulait à la fois discret et modeste. J'ai exprimé seulement « mon humble opinion ». Je terminerai en disant: tous, faisons preuve de modestie et de réserve. Jadis, en fait il n'y a pas si longtemps, la masturbation était tenue pour un mal grave et dangereux, cause de nombreuses maladies - et tel était le cas de l'homosexualité récemment encore. Actuellement, ce sont les personnes avec des attirances pédophiliques qu'on considère comme Le Grand Mal de l'humanité. Comme il a été noté plus haut, plus de 25% des hommes normaux se sont révélés avoir des sensations de ce type. 

Il était une fois, voilà bien, bien longtemps, des sexologues qui affirmaient certaines choses qui plus tard se révélèrent être fausses... Il apparut qu'à cette époque idéologie, religion ou politique les induisaient en erreur. De nos jours, nous sommes des scientifiques que n'abusent plus les idéologies. De nos jours, aujourd'hui, à ce congrès, nous nous entretenons d'une manière rationnelle, humble et polie. Je continuerai à le faire et vous invite à faire de même.

 

1. Titre original : Helping people with pedophilic feelings. L'emploi du terme feelings associé à la pédophilie pourra surprendre le public francophone. L'anglais emploie le terme de feeling pour désigner indistinctement des sensations ou des sentiments. Cette indistinction n'est pas sans poser de problème pour la traduction, surtout lorsqu'on prend en compte cette réalité trop souvent négligée des spécialistes francophones s'exprimant sur le thème de la pédophilie : pour la plupart des sujets pédophiles, le désir sexuel pour des enfants est indissociable d'une dimension affective (qui d'ailleurs préexiste fréquemment au désir sexuel). Avec l'accord de l'auteur, j'ai néanmoins préféré écarter la traduction lourde et maladroite de pedophilic feelings par sensations et sentiments pédophiliques, au profit de celle, à la fois plus légère et plus consensuelle ici en France, d'attirances pédophiliques. Ces attirances quoi qu'il en soit intègrent une double dimension: affective et sexuelle. C'est le mérite du terme feelings que de le souligner. (Note du traducteur)

2. L'auteur emploie ici le terme anglais de client. Les lecteurs francophones non familiers de Carl Rogers seront sans doute surpris par ce terme, en raison des « connotations commerciales » attachées au mot client en français. Dans la terminologie de Carl Rogers et de ses successeurs, le terme client désigne la personne bénéficiant de la relation d'aide.  Ce terme, repris en français par les rogériens francophones, est ainsi plus général que celui de patient, plus neutre et plus respectueux de la personne de celui ou celle qui vient solliciter l'aide. En effet, patient suppose pathologie. Or cette vision ne coïncide pas automatiquement avec celle qu'a d'elle-même la personne en prise avec ses attirances pédophiliques, pas plus d'ailleurs qu'elle est nécessairement la plus objective, lorsqu'elle va de pair avec la croyance dans les mythes démentis par le Centre de Traitement des Auteurs d'Infractions Sexuelles (CSOM - Center for Sex-Offenders Management

J'ai opté en revanche pour la traduction de client par patient dans le cas des méthodes regroupées ici par l'auteur dans la catégorie des traitements, puisque alors il s'agit d'approches de type médical. (Note du traducteur)
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ABUS SEXUEL :

LE RAPPORT CAPITAL

           Le rapport Bauserman
            analysé et commenté
       dans la France de l'an 2000

par Philippe Esterie
(avec la collaboration d'Hélène Amboureux)

Table des matières

Va à »

I

Présentation

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II

Le rapport

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1

Abus ou pas abus?

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2

La différence garçon/fille

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3

Pouvoir des mots et propagande

Va à »

 

4

Milieu et violence

Va à »

III

Les sectateurs de l'abus: des féministes aux thérapeutes

Va à »

 

1

Les féministes

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2

Les thérapeutes

Va à »

 

 

a

Importance

Va à »

 

 

b

Validité des théories actuelles

Va à »

 

 

c

Satanisme, chapelles et scandales

Va à »

 

 

d

Les escrocs

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e

Les collusions

Va à »

 

 

f

Réaction des politiques

Va à »

 

3

Les logiques de l'abus

Va à »

 

 

a

Une logique criminelle

Va à »

 

 

b

Logique yankee et exception française 

Va à »

 

4

La résistance éclatée

Va à »

 

 

a

L'art du lien

Va à »

 

 

b

Une résistance divisée

Va à »

IV

Foucault et l'enfant masturbateur

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V

Pourquoi?

Va à »

 

 

a

Le porno

Va à »

 

 

b

Le monde homo

Va à »

 

 

c

Les nantis

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d

La justice

Va à  »

 

 

e

L'enfant mutant

Va à  »

VI

Conclusion

I. PRÉSENTATION.

Les travaux du Dr Bauserman et de son équipe ont porté sur l'évaluation des effets de l'abus sexuel sur enfants (A.S.E.).

Les résultats ont été publiés dans la revue de l'A.P.A. Note 1 et repris dans divers articles de publications spécialisées. Ils ont aussi été présentés lors de conférences, comme celle de Rotterdam dont nous donnons ici une traduction française.

Ces recherches ont été effectuées aux États-Unis, un pays où, en principe, la Constitution assure aux citoyens une liberté d'expression très étendue.

Là-bas, sur des problèmes de société majeurs, des positions totalement antagonistes s'affrontent librement : au sujet de l'avortement, les pro-life (anti) et les abortionists (pour) exposent leurs arguments. Ce sont deux conceptions opposées de la vie qui se combattent sur le terrain de la bio-éthique. A propos de l'évolution de la vie et de la différenciation des espèces, Darwin n'exerce pas de monopole absolu. Sa théorie est rejetée par les Créationnistes. Ceux-ci ne s'intéressent pas au chaînon manquant ou aux zones lacunaires de la théorie darwinienne : ils la rejettent en bloc. Fidèles à la lettre des écritures, ils croient et enseignent dans leurs manuels, que Dieu a bien créé l'Univers et tout le vivant d'un seul coup. Ils exposent librement leurs théories qui sont reprises par la presse de vulgarisation.

Le sujet de l'abus sexuel, aux États-Unis comme en France, relève d'un traitement particulier. Qu'on le considère comme un problème de société ou comme un sujet médico-scientifique ne change rien. Il ne donne lieu à aucune controverse. Il est toujours traité de la même façon : quelques chiffres invérifiables, des exemples médusants, des images pénibles viennent bander le ressort émotionnel : on communie dans la rage et dans le dégoût. On emploie partout le terme de pédophilie sans qu'on sache bien quels actes ou quelles personnes il implique. Certains activistes parlent même "d’ambiance pédophile" en l'absence de tout acte, ce qui ne contribue pas à une vision claire du phénomène.

En France, une expression dissidente sur le sujet pourrait valoir à son auteur une condamnation pour incitation à la pédophilie Note 2, et ce d'autant plus facilement que la notion n'a pas été définie. Bien sûr, on sait que le mot pédophile a pris une connotation horrible, en particulier depuis qu'on l'a accolé, des mois durant, au patronyme du psychopathe Dutroux.

Cela dit, a t-on vraiment démontré l'effet systématiquement négatif des actes regroupés sous l'étiquette abus sexuel Note 3?

L'enjeu est de taille. Depuis quelques années, devant les Tribunaux Correctionnels et les Cours d'Assises, on assiste à un afflux considérable d'affaires d'agressions sexuelles et de viols sur mineurs. Il n'est pas rare qu'elles représentent plus de la moitié des crimes jugés lors des sessions d'Assises. Cette explosion de procès ne serait pas due à une augmentation des abus eux-mêmes, mais à un déluge de signalements sous l'effet des campagnes médiatiques. Il faut noter que l'allongement du délai de prescription, étendu à 10 ans après la majorité de la "victime", permet de faire ressortir des affaires fort anciennes, le plus souvent à l'occasion d'un conflit familial ou d'un divorce. Nombre d'accusés se voient condamnés à des peines de 15 à 20 ans de réclusion, même en l'absence de toute coercition.

De fait, le viol n'est pas seulement un acte de violence sexuelle exercé contre la volonté de la victime. Il se définit le plus souvent comme un simple acte technique, une pénétration, quelle qu'en soit la nature, même exercée sur la personne de "l'agresseur" ! L'absence de consentement est induite par l'âge de l'enfant ou même de l'adolescent. On constate que les peines sont sensiblement équivalentes à celles infligées pour des crimes de sang.

Comme l'admettait avec satisfaction la présidente d'Enfance et Partage Note 4 en 1992, des accusés primaires qui auraient, il y a peu, écopé d'une peine avec sursis, se voient aujourd'hui condamnés à 18 ans fermes !

On peut naturellement supposer qu'une pareille sévérité s'appuie sur des certitudes bien établies ; mais sur quelles recherches scientifiques sérieuses se base ce changement de cap ? Comment a-t-on démontré les conséquences de l'abus sexuel et l'étendue de ses effets ? Il faut que tout ceci soit irréfutable. Des conséquences pathogènes graves (les peines le sont) ont dû être clairement identifiées. Un retournement scientifique sans précédent a dû avoir lieu. Les innombrables publications sur le sujet en attestent-elles ?

Souvenons-nous... Dans les années 60, les psychiatres en vue considéraient que la pédérastie était la perversion la plus proche de la normalité hétérosexuelle, l'homosexualité constituant en revanche une réelle anomalie !

Citons le Dr Hesnard Note 5 qui, à la suite du grand sexologue américain Ellis, affirme :

" Nous pensons que l'attirance sexuelle non seulement envers les tous jeunes gens, c'est à dire pour des sujets n'ayant pas dépassé la puberté, mais même envers des jeunes garçons (considérée comme normale dans certains pays) est plus près de la normale que l'attirance envers, non seulement les hommes adultes, mais les hommes après la puberté. "

On connaît les théories de Kinsley, dont le Rapport a eu un effet considérable sur la libération des mœurs dans les années 70 : il considérait les perversions sexuelles comme des phénomènes purement culturels !

Quel nom pourrait-on mettre sur la théorie révolutionnaire qui a fait passer la sexualité transgénérationnelle de discrètement tolérable à totalement inadmissible (quel que soit le prix à payer pour son éradication) ? Comment en est-on venu à enclencher un phénomène d'épuration sociale à la mesure des moyens médiatiques et policiers dont nous disposons ?

Il apparaît qu'aucune découverte majeure sur les conséquences avérées de la sexualité mineurs/adultes n'explique que l'on soit passé d'une répression modulée à une quasi condamnation à mort par voie carcérale. Ni l'abondance des publications sur le sujet (qui se répliquent l'une l'autre), ni l'omniprésence et l'installation à demeure du sujet dans les médias, ne tiennent lieu de théorie explicative démontrant avec toute la rigueur scientifique requise les dangers de l'abus.

Nous étudierons plus loin le vocabulaire et la phraséologie constitutifs du discours sur l'abus. Notons déjà que le terme child abuse désignait au départ, prioritairement, les abus physiques et que l'on a glissé peu à peu vers la notion dominante d'abus sexuel.

Les travaux de Bauserman montrent clairement que rien ne semble autoriser l'extension de la notion originelle d'abus, qui impliquait toujours une idée de contrainte et/ou l'existence d'un carcan incestueux. En fait, on a décalqué la pression morale souvent présente en cas d'inceste sur les autres formes de sexe transgénérationnel.

Pour en revenir à Darwin que nous avions sollicité au début de notre présentation, force est de constater qu'une majorité de nos concitoyens est convaincue d'avoir pour ancêtre une algue bleue. Et pourtant, la Justice ne condamne pas ceux qui croient et proclament que Dieu nous a sortis d'un grand chapeau au milieu des dromadaires et des libellules !

L'approche du Dr Bauserman est radicalement différente de celle de la plupart de ses collègues, auteurs d'ouvrages ou d'opuscules sur le sujet. Il ne procède pas par pétition de principe mais tire ses conclusions de l'examen de données statistiques. Pour évaluer les conséquences de l'abus, il s'intéressera à des études questionnant le sujet devenu adulte sur deux points essentiels :

• la réaction immédiate qu'il se souvient avoir eue et/ou l'impression rétrospective qu'il en a gardé.

• l'influence qu'à son avis cette expérience a pu avoir sur sa vie sexuelle en particulier et sur sa vie en général.

Après avoir recueilli la vision du sujet sur sa propre expérience, il s'intéressera à la mesure objective de son équilibre général (comparé à celui de sujets n'ayant aucun antécédent d'abus). Nous diviserons notre commentaire en trois parties principales :

• Nous rappellerons tout d’abord les points essentiels du rapport Bauserman, et expliquerons ce qui en fait, à notre avis, un rapport capital.

• Nous nous intéresserons ensuite à ceux que nous appellerons "les sectateurs de l'abus". Il s'agit de tous ceux pour qui un intérêt professionnel ou personnel prime la vérité. Nous verrons pourquoi ceux-ci affichent à peu près tous les mêmes certitudes, que nous opposerons aux conclusions différentes tirées par Bauserman. Nous verrons pourquoi les lobbies de l'abus ne rencontrent aucune résistance.

• Nous ferons un parallèle entre le discours actuel sur l'abus et le discours du XIXème siècle sur la masturbation, sujet développé par Michel Foucault dans ses cours au Collège de France.

• Avant de conclure, nous tenterons de dégager des raisons plus profondes, susceptibles d'expliquer l'ampleur du phénomène "d’abusification" que nous connaissons.

II. LE RAPPORT.

Bauserman présente un rapport sur les effets de ce qu'il est convenu d'appeler, depuis quelques années, l'abus sexuel sur enfant.

Il insiste sur la nécessité de travailler, lorsque cela est possible, sur des cas représentatifs de la population dans son ensemble plutôt que sur des échantillons cliniques comprenant uniquement des patients en traitement. Comme le soulignait déjà Kinsey Note 6 :

" Les théories courantes sur les perversions sexuelles sont trop souvent fondées sur l'expérience des gens du monde qui se font soigner dans les cliniques. "

Un malade en thérapie pourra avoir vécu une expérience d'ASE sans que celle-ci explique nécessairement les troubles ressentis. La médiatisation à outrance de l'ASE et la multiplicité des symptômes qui lui sont associés (presque tous, nous le verrons) peuvent inciter un malade à attribuer à l'ASE les troubles qu'il ressent. Le phénomène est connu : on ouvre un livre de médecine et on se croit malade ! Tel malaise anodin n'est-il pas le signe avant-coureur de cette maladie que justement nous craignons ?

Quant aux échantillons judiciaires (qu'il utilise aussi), ils ne sont pas représentatifs non plus de l'ensemble des situations d'ASE.

Soit l'enfant est véritablement victime d'un individu violent ou d'un manipulateur dont les assiduités lui pèsent : il s'agit bien alors d'une grave agression ou d'une atteinte sexuelle, certainement préjudiciable.

Soit (c'est la grande majorité des cas) l'adulte est dénoncé par un voisin, un travailleur social, une mère jalouse, une épouse en procédure, etc. Le rôle des policiers et des experts est bien souvent de faire comprendre et admettre à l'enfant qu'il est "victime" d'un "agresseur". L'approche peut-être tentante pour un mineur qui, à ce stade, en veut souvent à l'adulte non de l'avoir abusé, mais de l'avoir mis en situation de voir sa vie privée sondée par la police Note 7, exposée à ses parents et parfois même publiée dans le journal. Le rôle de "victime" est quand même plus facile à endosser que celui de "petit pédé". L'ado aura bien du mal à ne pas saisir la perche que lui tendent ceux qui souhaitent orienter l'enquête dans un sens prédéterminé : la toute innocence bafouée par le mal absolu Note 8. Dans les affaires d'abus satanique aux États-Unis Note 9, on voit bien comment les experts ont réussi, non sans mal, à dicter aux mouflets ce qu'ils voulaient entendre. Dans son livre Note 10 , le Dr Lopez nous dit : "le psychiatre doit aider l'enfant à mettre des mots sur ce qu'il a ressenti". Aux E.U., le Dr Alvin déclare que lorsqu’un enfant nie avoir été violenté, c'est "alors la défense suprême contre un traumatisme dont l'intégration s'avère impossible". Ce genre de théorie infondée nous mène tout droit à deux aberrations :

• le spécialiste, mu par un énorme "désir d'abus", manipule l'enfant et l’incite à parler d'actes imaginaires ;

• ou alors il reformule le discours de la victime consentante. Il ne peut s'agir, pour lui, que d'un consentement non éclairé. Celui-ci équivaut à un refus, ce qui, "logiquement", implique qu'il y a eu viol !

Tester la validité de cette théorie est un enjeu de taille dans le système judiciaire français actuel. Le nouveau Code Pénal semblait pourtant bien intentionné. Il s'agissait de garantir la liberté sexuelle tout en protégeant les plus faibles des violences sexuelles. Le Code parle d'atteinte sexuelle (art. 227-25 à 29) – il peut s'agir d'une sodomie – pour un acte consenti avec un moins de 15 ans. La peine peut aller jusqu'à 2 ans de prison et 200 000 F d'amende. Mais si le mineur, pour se dédouaner et sous la pression de ses questionneurs, déclare qu'il n'en avait pas vraiment envie Note 11 et que c'était surtout pour faire plaisir à l'adulte, on a alors affaire à un viol et c'est une peine de 20 ans qui est encourue. En fait, quelles que soient les déclarations du mineur, les atteintes sexuelles sont généralement requalifiées en viols ou en agressions sexuelles, en toute illégalité puisque le Code stipule que la "surprise" Note 12 ne peut venir de l'âge du mineur.

Nous reviendrons constamment sur les graves conséquences judiciaires des théories ambiantes sur l'abus sexuel.

On conviendra donc avec Bauserman de la nécessité d'examiner l'ASE et ses effets, en les extrayant de la gangue parasite constituée par le déclenchement de l'action judiciaire.

Les échantillons pertinents sont appelés échantillons de probabilité nationaux. Ils sont constitués par des ensembles de sujets ayant vécu pendant leur enfance ou leur adolescence une relation sexuelle avec quelqu'un de nettement plus âgé qu'eux sans que les autorités soient alertées. Il est fort possible, quand on y pense, que les échantillons non teintés de judiciarité se fassent rares dans les années à venir ! Des campagnes incitent régulièrement nos concitoyens à signaler toute situation équivoque. On fait même obligation aux professionnels de rapporter aux autorités tout cas d'abus dont ils auraient connaissance Note 13. On peut aussi craindre que nombre de personnes concernées, alarmées par les médias et la vulgarisation, se croient désormais en sursis de maux à venir provoqués par leur expérience d'ASE...

Fort de ces échantillons représentatifs, Bauserman se livre donc à une analyse commentée de données statistiques exposées sous forme de tableaux. On notera qu'il a utilisé toutes les études disponibles. Il s'oppose en cela aux méthodes des spécialistes dominants qui font preuve d'une attention sélective en ne s'occupant que des études susceptibles de confirmer leurs préjugés de départ.

Examinons maintenant quels enseignements essentiels Bauserman tire de l'examen de ces études statistiques.

1) Abus ou pas abus ?  

"Abusus non tollit usum" Note 14

Hélène Manseau, universitaire de renom et professeur à l'Université de Montréal, est aussi Docteur en criminologie. Mandatée par le Ministère de la Justice du Québec, elle a mené des recherches sur l'évaluation et le traitement des délinquants sexuels. Dans un livre paru en 1990 Note 15, elle écrit :

" il est impossible de définir en quoi consiste l'abus sexuel, la frontière entre ce qui est permis et ne l'est pas étant laissée à la discrétion des agents chargés de l'identifier (l'abus). "

Cependant, les observations faites par Bauserman permettent de donner une définition simple et convaincante de l'abus – si l’on accepte toutefois de dépassionner le débat.

Toute relation vécue comme indésirable par le mineur peut être appelée "abus". Elle entraînera des réactions négatives, lesquelles peuvent avoir des répercussions sur l'équilibre présent et futur de la victime. Il faut observer avec Bauserman que l'effet engendré peut aller d'un sentiment de gêne passager, ou plus durable, à un traumatisme réel. Des conséquences graves sont donc possibles. Elles sont heureusement fort rares, et se trouvent généralement associées à la violence et à l'inceste. Nous reviendrons, par ailleurs, sur une redécouverte fondamentale : la différence de réaction entre filles et garçons, ces derniers ayant, contrairement aux idées reçues, des réactions largement plus positives.

Il apparaît que la plupart des actes que les spécialistes qualifient d'abus, ou même de viols, ne sont pas vécus négativement par le sujet. En conséquence, ils n’entraînent pas d'effets négatifs Note 16. En outre, parmi les actes contraints ou extorqués, seule une fraction infime causera les graves traumatismes dont les publications pseudo-scientifiques nous assurent qu'ils sont la règle dans tous les cas de sexe transgénérationnel.

Le Dr Coutanceau Note 17 l'a clamé haut et fort dans tous les médias : aucun enfant n'a jamais pu consentir à un rapport sexuel avec un adulte. Qu'est-ce qu'un enfant ? Qu'entend-on par consentir ? Et quelle est la valeur historique et sociologique du mot "jamais" ? Mais nous reparlerons plus loin du discours des champions de l'abusiness (l'abus-business).

Notons d'ores et déjà que Bauserman s'insurge avant tout contre les mensonges proférés au nom de la science. Il observe que le sexe trangénérationnel produit le plus souvent sur les sujets masculins observés des effets neutres, voire positifs. Cela ne lui confère pas automatiquement une légitimité sociale ou morale.

Les parents restent libres de penser qu'une sexualité trop précoce sera moins propice aux apprentissages. La société pourra trouver préférable, en l'état, de favoriser une sexualité réduite à quelques variétés domestiquées, des modèles standardisés (sinon orthodoxes) mieux ciblables commercialement (la garce siliconnée, l'homo clone...).

Il est vrai que la vision sociale de l'orthodoxie laisse parfois songeur... On peut se demander pourquoi il est criminel de visionner les ébats de jeunes gens quasi majeurs Note 18, alors que le sado masochisme scatophage entre adultes apparaît comme une variation acceptable ! Le Code Pénal ne sanctionne jamais la coprophilie, mais il considère qu'au-dessous de 15 ans il y a toujours abus. On notera tout de même que les sanctions prévues pour l'atteinte sexuelle sont relativement modérées. Le législateur préconise une peine maximale de deux ans Note 19. On peut trouver légitime de l'appliquer en cas de stratagème douteux destiné à obtenir les faveurs de jeunes enfants encore peu conscients. Fixer un âge pour la majorité sexuelle n'implique cependant pas de condamner lourdement et systématiquement tout acte commis avant le fatal anniversaire. Il s'agit plutôt de donner au législateur et à la société un droit de regard afin d'éviter les outrances propres à toute sexualité mais encore plus inacceptables si de jeunes enfants ont à en pâtir.

Mais nous sommes loin de cette vision raisonnable qui semble bien correspondre, pourtant, aux intentions premières des rédacteurs du nouveau Code... Nous assistons, au contraire, à une simplification mensongère cautionnée par des thérapeutes carriéristes et à une extension progressive du champ du viol au détriment de l'atteinte.

Toutes ces actions étant, bien sûr, menées au nom des droits de l'enfant Note 20 et sous le haut patronage du démon du Bien... En y regardant de plus près, on s’aperçoit que l'enfant, en matière sexuelle, a surtout le droit de revendiquer ce que les adultes veulent pour lui ! En gros, il faut lui apprendre à dire "non" et bien le persuader que tout acte de plaisir tabou implanterait en lui un "œuf d'Alien" Note 21 qui un jour, c'est sûr, le dévorerait de l'intérieur...

2) La différence garçon/fille.

C'est un stratagème courant dans les sphères de l'abusiness que d'évoquer "l’homosexualité" grecque quand il s'agit en fait de pédérastie. Lancer prématurément Gide et Monterlant dans le brasier pédophile, ce serait risquer d'en étouffer la flamme, de tempérer l'horreur absolue. Alors Gide, Montherlant et les autres deviendront homosexuels... et respectables. Dans son numéro du 24 juin 1997, France-Soir affiche sur toute sa première page la photo d'une statue d'éphèbe avec cette légende :

" entre la statue du bel éphèbe et le sordide catalogue proposant des photos d'enfants nus, tout ce qui sépare le culte du corps juvénile et la réalité crasseuse de l'utilisation de l'enfant comme objet de plaisir. "

L'histoire grecque réinventée. On ne peut rien contre l'ignorance crasse et la désinformation plastronnée à la une. Qui peut nier, pourtant, que l'éraste adulte vivait avec son bel éromène des rapports charnels ? Ce dernier était séduit par son amant sitôt la puberté atteinte, entre l'âge de 12 et 15 ans. Vases et amphores de toutes époques nous présentent des scènes d'hommes et d'éphèbes copulant joyeusement... Nul doute que les Grecs anciens, avides d'imagerie érotique, eussent été aujourd'hui de fieffés vidérastes !

La pédérastie est vieille comme le monde. Bauserman l'a redécouverte en établissant scientifiquement que les garçons réagissaient de façon beaucoup plus positive que les filles.

Le garçon, à moins qu'on ne le bride, a soif d'aventures et d'expériences nouvelles. La fille, bien souvent, vit son premier rapport comme une invasion de son corps. Les féministes radicales en restent d'ailleurs à ce stade même si, fort heureusement, la majorité des femmes évolue !

Cette différence de réaction apparaît dans toutes les études reprises par Bauserman. Les jugements de Cour, qui l'ignorent sans doute, n'en tiennent aucun compte. Au contraire ! Les juges, aiguillonnés par les psys corrects, estiment souvent que c'est plus grave. Le garçon, féminisé, ne court-il pas le risque de voir sa vie sexuelle adulte perturbée ? Ne s'agit-il pas d'un double viol ?

• la volonté irrésistible de l'adulte s'exerce sur le pauvre enfant apeuré ;

• en outre, celui-ci se voit nié dans sa masculinité.

Bauserman montre clairement que, lorsque l'adolescent est consentant, cette hypothèse n'a aucun fondement.

Le Dr West, en 1968, parvenait déjà au mêmes conclusions. Sur la base des échantillons judiciaires disponibles à l'époque, il constate :

" qu'aucun exemple de violence n'a été constaté pour les garçons... ceci n'est pas vrai pour ceux qui s'en sont pris à des filles... quelques uns d'entre eux ont fait usage de la pire violence... 8% avaient été condamnés pour d'autres causes. "

3) Pouvoir des mots et propagande.

Il est essentiel de lutter contre les "abus textuels". Bauserman nous rappelle l'effet stigmatisant des étiquettes posées sur les actes et les dangers de la classification.

Les ouvrages sur l'ASE, qui devraient avant tout étudier, analyser et démontrer, ne sont le plus souvent que de longues diatribes indignées. Grâce à quelques mots-valises que l'on se garde bien de définir, on cultive les préjugés du lecteur. Associer au mot "enfant" des termes tels que "viol", "agression" ou "traumatisme", voilà qui ne peut susciter dans le public que des réactions de rejet haineuses. On parlera des "salauds qui font ça" sans tri et sans distinction.

Il faut rappeler l'influence contaminante du jargon anglo-saxon qui, pour un acte sexuel interdit, parle de molestation Note 22, un mot qui en français implique une violence physique. Le mot crime a un sens beaucoup plus faible en anglais. Sex crime désigne généralement un délit sexuel et rarement un assassinat.

On note aussi des associations d'idées hasardeuses plus ou moins en phase avec l'actualité. C'est ainsi que la pédophilie est aujourd'hui assimilée à une sorte de crime psychologique dont l'effet serait comparable à celui de la bombe à neutrons, née aux Etats-Unis à peu près en même temps que cette théorie ! L'explosion laisse l'extérieur intact, mais dedans tout est détruit. L'enfant a l'air bien portant, mais il est démoli à vie...

Le SIDA a également contribué à contaminer notre pensée associative : suite à un abus, l'enfant devient "traumapositif". Il porte en germe un mal-être ou un suicide à venir !

Toute élucubration jargonnesque visant à prouver que l'abus est toujours gravissime sera la bienvenue et bénéficiera d'une bonne couverture médiatique.

Cette dramatisation du vocabulaire, ce défaut d'adéquation entre le terme employé et l'acte qu'il désigne ont largement contribué à la stigmatisation de l'abus et aux dérives pénales.

On remarquera, pour finir, que les ASE filmés en vidéo sont toujours qualifiés de "viols" sans que l'on ait même identifié l'acteur et donc pu évaluer son niveau de consentement. A ce propos, il arrive (jamais en France) qu'un inconscient haut placé s’écrie : "le roi est nu !". Duncan Shaw, juge à la Cour suprême de Colombie britannique (Canada), déclare que :

" le code criminel canadien, qui interdit la possession de matériel pornographique pédophile, viole la Charte canadienne des lois et libertés qui garantit la liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression. "

Le même juge souligne que, même si la pornographie enfantine peut être pernicieuse, aucune preuve ne démontre qu'elle présente un danger pour les enfants Note 23.

A chaque rafle vidéo, on nous a présenté le même bébé en couches-culottes en état d'abus présumé... Image affligeante, certes, mais image de propagande Note 24. Qui a jamais cherché à évaluer, parmi tous les films saisis, le pourcentage de ceux qui témoignent, à l'évidence, du plaisir joyeux qu'ont pris les modèles pendant le tournage ? Un plaisir qu'il faut, à toute force, mettre sous le boisseau...

4) Milieu et violence

Jusqu'à ces dernières années, les bourreaux frappaient et insultaient leur progéniture. Aujourd'hui, ce sont les violences sexuelles qui sont mises au premier plan. L'intérêt suprême de l'enfant n'est donc pas l'enjeu principal, puisque les violences physiques sont beaucoup plus fréquentes et qu'elles sont aussi beaucoup plus dommageables que l'abus sans violence. Bauserman montre qu'elles peuvent laisser chez l'enfant battu des séquelles durables et qu'elles sont en rapport avec des difficultés scolaires, de moins bonnes perspectives d'adaptation à la vie sociale et des problèmes d'équilibre psychologique. Il arrive que des violences sexuelles s'ajoutent aux violences physiques, créant un climat indiscutablement dommageable pour l'enfant.

Mais il se trouve que les abus physiques se vendent beaucoup moins bien que les abus sexuels, qui se prêtent mieux à une exploitation de type idéologique (féminisme hard, féminocentrisme). Là encore, gare à l'outrance, et gardons-nous de confondre la maltraitance caractérisée avec une occasionnelle paire de claques !

Quand on associe abus et milieu, c'est souvent pour affirmer que les prédateurs sexuels s'introduisent comme des loups dans les bergeries pauvres afin d'y exploiter la misère. On ne dit jamais qu'un ado maltraité ou délaissé peut être amené à briser le tabou du sexe transgénérationnel par besoin vital d'attention et d'affection. L'enfant possède un sens inné de la conservation : il préférera naturellement le séducteur au tourmenteur. Les psys de service ont alors beau jeu de prétendre qu'il s'agirait d'une simple quête de tendresse dévoyée en sexualité par l'adulte captateur. Ils ne se privent pas de brandir des concepts ronflants tels que "l'auto-leurre" de l'adulte et parlent du "déni d'altérité" dont celui-ci ferait preuve.

Les recherches de Bauserman montrent que la dimension sexuelle de la relation n'entraîne aucun effet négatif dans un tel cas de figure. Un rapport durable vécu dans un contexte amical aura le plus souvent des effets positifs Note 25. La plupart du temps, un lien fort subsistera après la fin de l'épisode sexuel.

En fait, les situations peuvent être fort diverses en fonction de la qualité des protagonistes. Si l'adulte n'est pas toujours à la hauteur dans son rôle de protecteur et d'initiateur, il est rarissime qu'il se révèle être le monstre que l'on se plaît à dépeindre...

Bauserman montre bien que c'est le milieu, et en particulier les conditions économiques, qui influent sur le développement intellectuel et cognitif de l'enfant. Mais il est bien sûr plus facile de désigner des boucs-émissaires à la vindicte de ceux qui souffrent de chômage et de précarité que d'envisager un meilleur partage des richesses... On sait en outre qu'en dépit de Note 26 discours de plus en plus égalitaristes, l'école est de moins en moins l'ascenseur social qui devrait permettre aux enfants doués des classes modestes de réussir en fonction de leurs mérites.

Il y a tout lieu de craindre que cette extension dangereuse de la notion d'abus, cette préoccupation permanente et soupçonneuse de tout, ne dilue une attention qui devrait se porter uniquement sur les cas lourds d'abus réels et de maltraitance physique. Mais il est certain que la vraie violence fait peur et que les pères cogneurs ne sont pas toujours très accueillants avec les assistantes sociales.

 

III. LES SECTATEURS DE L'ABUS :

DES FEMINISTES AUX THERAPEUTHES.

Il y a deux façons de s'élever : par sa propre industrie, ou par l’imbécillité des autres " (LA BRUYERE).

Avant de voir sur quel terreau social ont poussé, démesurément, les nouvelles théories de l'abus, examinons quels en sont les propagateurs. Voyons un peu à qui le "crime (sexuel)" profite...

Féministes et thérapeutes partagent avec les pédagogistes, les suppôts de l'Art moderne et quelques autres, un jargon scientifico-cabalistique censé en imposer et surtout éviter toute démonstration rigoureuse. Tous deux ont l'art d'enrober le mensonge dont Goebbels disait justement : "Plus il est gros et plus il a de chances d'être cru."

Féminisme dur et thérapie sexuelle ont aussi un autre point commun : ils sont tous les deux nés aux États-Unis. On résiste au maïs transgénique américain, dont on ignore l'effet qu'il peut avoir à long terme sur la santé humaine. On devrait aussi cesser de gober, sans discrimination et avec quelques années de retard, toutes les idées qui ont fait recette aux States...

Il faut rappeler l'importance du puritanisme et du fondamentalisme protestant aux Etats-Unis. Sait-on que la sodomie et la fellation restent des délits (sex crimes ) dans certains Etats ?

Se souvient-t-on que dans certains Etats l'âge légal du mariage est fixé à 12 ans, alors que l'âge de consentement (pour avoir des rapports sexuels) est de 18 ans ! Ne trouvons-nous pas bizarre qu'un Etat dépense 80 millions de dollars pour enquêter sur une pipe extra-conjugale de son président ? Est-il décent que l'homme qui a failli être destitué pour une gâterie soit félicité d'avoir provoqué artificiellement une guerre évitable qui a causé la mort de milliers d'innocents Note 27 ?

Quant à cette culture gaie, américaine elle aussi, n'est-ce pas une ghettoïsation de l'homosexualité naturelle, une façon de la circonscrire, de la contrôler et de la consumériser Note 28?

L'Amérique se caractérise bien par un vieux fond prohibitionniste qui surprend l'Européen moyen. La répression de l'ASE s'explique plus facilement outre-Atlantique. Il est en effet logique de surveiller la sexualité enfantine si on estime déjà, a priori, que tout sexe non procréatif est une faute, un péché qui demande repentance (on se souvient des piteux mea culpa de Clinton).

Les beautés hollywoodiennes font rêver l'américain moyen. Voyeur frustré, imbibé de sucre et noyé de graisse Note 29, il fait du lard... et des dollars. En France, en Europe, nous nous vantons de considérer la sexualité comme un facteur d'épanouissement. Il est bon de faire du sexe même sans désir (Viagra). Comment donc ce qui apparaît si désirable, si indispensable pour l'adulte pourrait-il se révéler profondément destructeur au-dessous d'un âge (lequel ?) fixé arbitrairement par l'auteur de la diatribe ?

Les nouveaux sectateurs, en mal de clientèle, parlent désormais conjointement de pédophilie et d'adolescentophilie  Note 30 ! Ephébophilie aurait une connotation trop grecque, trop noble... A l'évidence, on sent une volonté délibérée de sombrer dans le pathologique, à tout prix Note 31 !

Examinons maintenant chacune des deux sectes et étudions-en les caractéristiques qui peuvent intéresser notre étude.

1) Les féministes.

A la recherche des causes de l'hystérie collective qui a balayé l'Amérique et le monde Note 32, Bauserman évoque le Mouvement des Femmes. Naturellement, il ne s'agit pas de l'ensemble des femmes mais d'une petite caste oisive ou exerçant ce qu'Alain Soral appelle "les faux métiers de la communication" Note 33. Leurs préoccupations sont bien éloignées de celles de la plupart de nos concitoyennes astreintes à une double journée, obligées de cumuler les soins domestiques et familiaux avec un travail extérieur.

Les États-Unis ont certainement produit les féministes les plus délirantes. La terreur qu'elles font régner leur vaut le doux surnom de feminazes. On pense, entre autres monstres, à Andrea Dworkin, citée par Edward Behr dans un livre Note 34 capital et angoissant Une Amérique qui fait peur. Cette lesbienne Note 35, n'ayant aucun intérêt à épargner le sexe rival, écrit le plus sérieusement du monde :

" la seule différence entre le viol et la séduction est qu'avant, le violeur se donne la peine d'acheter une bouteille de vin. "

C'est ainsi qu'il faut sans cesse aller plus loin dans la mise en cause du mâle. Chaque couillonnade gobée fait monter d'un cran l'outrance suivante et ouvre un créneau juteux à la plus rapide. Tout le mal-être féminin aura pour cause les turpitudes masculines. Du viol des femmes on arrivera à l'inceste, que l'on étendra à la pédophilie. Des fléaux tellement répandus, à les entendre, qu'ils doivent devenir la première préoccupation des femmes, un ciment pour leur union, un motif de mobilisation générale.

Faute du moindre élément concret, on aura recours à l'abus satanique, une accusation que toute flippée Note 36 pourra lancer sans l'ombre d'une preuve. N'est-il pas logique que l'immonde fornicateur, enfin démasqué par des femmes héroïques, assouvisse une ultime rage en buvant le sang de bébés sodomisés ?

En dernier recours, le malaise de la femme pourra s'expliquer par un "abus oublié" vécu dans la petite enfance. C'est la théorie dite de "la mémoire retrouvée". Les spécialistes l'affirment : "Si vous avez l'impression d'avoir été abusé, c'est que vous l'avez été" Note 37.

Il faut se souvenir que l'actuelle Ministre de la Justice des États-Unis, Mme Reno, qui a bâti sa carrière sur une hantise obsessionnelle de l'abus, "a montré en tant que procureur sa conviction acharnée en ce qui concernait la culpabilité de prévenus accusés d'abus sexuels sur la seule base d'une mémoire retrouvée" Note 38. Bauserman rappelle le rôle fondamental que le premier magistrat du pays le plus puissant du monde a joué dans la persécution et la torture morale de faux coupables – dont un enfant – et de fausses victimes marquées à vie par des interrogatoires traumatisants. Le F.B.I. vient aussi de reconnaître Note 39 que la secte Wacko ne s'était pas immolée par le feu en 1993, mais que Reno avait ordonné l'assaut suite à de fausses allégations d'abus ! Au cours de l'opération, des engins incendiaires avaient été utilisés, ce qui avait causé la mort de 85 personnes dont beaucoup d'enfants.

Malgré tout cela, il n'est pas question, à ce jour, d'extrader Mme Reno vers La Haye...

Nous ne sommes pas à l'abri, loin s'en faut, de la terreur féminaze qui a secoué l'Amérique. Le cyclone yankee a accouché de l'ouragan qui nous secoue. Freudisme de cuisine et psychologisme réducteur sont partout. Alain Soral fustige un fatras d'idées qui "pose la différence de l'esprit féminin comme une force progressiste en soi, et même comme une alternative souhaitable" Note 40 justifiant par "la cause des femmes l'arrivisme vulgaire de n'importe quelle pétasse. Un mouvement en phase avec l'idéologie dominante et sa féminisation programmée via la parité" Note 41.

Cette fameuse parité, qui agite surtout la caste communicante dont nous avons parlé, postule bien sûr que les femmes ont les mêmes compétences que les hommes, mais surtout qu'il existe des secteurs où elles seules peuvent agir : des zones réservées où les hommes seraient indésirables. Si de tels secteurs n'avaient pas existé, il aurait d'ailleurs fallu les inventer pour justifier la légitime et inéluctable ascension féministe. Par bonheur, il y avait la Protection de l'Enfance...

Mme Ségolène Royal, grande chouchoute des médias, est sans doute un des meilleurs représentants de cette tendance. Il ne se passe pas une semaine sans qu'on la voie dans tous les médias annoncer que tout ce qu'on avait négligé avant elle serait désormais pris en compte : pédocentrisme infantilisant, citoyenneté à toutes les sauces, lutte contre le bizutage. Les élèves difficiles ou inadaptés au système sont censés ne plus exister. Les structures spécifiques peuvent donc être supprimées au profit de classes fourre-tout où chacun est censé progresser à son rythme... Maternage et morale citoyenne sont réputés remédier à l'inadéquation et au manque de performance d'un système tentaculaire. On notera que dans le tandem Royal-Allègre c'est ce dernier qui prend tous les coups, la première semblant jouir d'une totale immunité médiatique, quoi qu’elle fasse...

Il n'est pas indifférent de se souvenir que la première campagne de cette ministre fut la lutte contre "la pédophilie à l'école", une véritable folie médiatique – en 1997 –, qui causa le suicide de plusieurs innocents, ce genre de croisade étant l'aubaine des calomniateurs, maîtres chanteurs et exagérateurs de tout poil !

Avant d'être nommée ministre, madame Royal commentait dans Le Nouvel Observateur le livre de Mme Bouillon, substitut à Bobigny, intitulé Viol d'anges Note 42. A propos des abus sexuels, elle nous disait :

" Pourquoi si peu d'action face à un fléau connu depuis si longtemps ? Il a fallu attendre qu'existent davantage de femmes dans la police. Faudra-t-il attendre qu'il y ait davantage de femmes à la tête des pays du monde entier pour que ce problème soit pris à bras le corps ? On voit bien en quoi une sous-représentation des femmes en politique est lourde de conséquences. "

On voit bien aussi que, dans la mesure où il peut être instrumentalisé et mis au service de l'ascension de la femme, l'abus sexuel est appelé à devenir un sujet prioritaire, essentiel dans la mise en œuvre d'une tactique annoncée. L'homme est clairement suspect de pouvoir violer l'enfant ou de couvrir le viol des autres...

Quelques mois après cet article, Mme Royal était d'ailleurs nommée Ministre de L’Éducation Nationale ! Ne pas lui donner un poste qui la mettait en situation de protéger l'enfant, n'était-ce pas se faire complice de ces violeurs dont les hommes au pouvoir ont assuré l'impunité, sans doute par "esprit de corps" ?

De la même façon, alors que l'Amérique ne brûlait plus que pour les viols, le satanisme et la pédophilie, on a nommé Ministre de la Justice celle qui s'était sombrement illustrée dans ce type d'affaires. On se souvient du carnage de Wacko, mais on oublie souvent de dire que la bombe placée dans l'immeuble fédéral à Oklahoma City (167 morts) était chargée de venger les victimes innocentes de la secte incendiée...

Il devrait paraître curieux à un observateur "persan" qu'une polémique sans fin se soit engagée en France sur le terme "sauvageon" Note 43, alors que personne n'a même songé à contester à Mme Royal et à sa consœur Bouillon le droit d'appeler "ange" un adolescent tout vibrant d'émois pubertaires ! On notera encore une fois le caractère idéologique de tout ce braquage médiatique et de la terminologie afférente.

Cela nous ramène à nouveau au problème essentiel du vocabulaire employé.

Voyons par exemple comment est utilisé le mot "enfant". Pour deux garçonnets de 10 ans meurtriers d'un bambin de 2 ans Note 44, France Info Note 45 parle "d'adolescents de 10 ans". Pour trois jeunes filles de 17 à 20 ans assassinées en 1997 par des ferrailleurs boulonnais, la presse parle alors "d'enfants". Il s'agit donc, contre toute vraisemblance Note 46, d'adultérer précocement les deux petits meurtriers afin de les rapprocher – dans une optique féminaze – de l'homme et de sa dangerosité naturelle. De l'autre côté, il faut infantiliser les malheureuses jeunes filles afin de les agréger artificiellement au champ pédophile ; on crée ainsi un catalogue de victimes bien fourni pouvant servir à tout justifier...

Une nouvelle idéologie est née. "Dans l'imaginaire collectif, la femme sexuellement opprimée a remplacé le prolétaire". Note 47  La femme moderne est aussi la voix du pantin muet et angélique qu'est censé être l'enfant...

L'Internationale féminaze arrive à point nommé pour donner un os à ronger aux victimes de la situation économique. Elle leur offre l'image abhorrée du pédophile friqué qui suce le sang des enfants du peuple. Elle transforme les parents des victimes de l'ignoble et atypique Dutroux en leaders d'un parti Blanc, pour qui la "pédophilie" serait à l'origine de tous les maux du siècle. Capitalisant sans honte sur la douleur suprême, elle envoie Mme Russo Note 48, mère courage et proie facile pour la nouvelle idéologie, plaider à Rome Note 49 pour que la pédophilie (et à terme, sans doute, la dissension morale et sexuelle) deviennent des crimes contre l'humanité. Tâche sans aucun doute prioritaire pour la future Cour criminelle internationale...

Madame Dworkin et le culte goudou Note 50 ont toutes les raisons de se réjouir. Mais pour le couple américain moyen, c'est un désastre. Selon le Dr Lauman de Chicago, 43% des hommes américains ont des troubles sexuels. Ceux-ci seraient dus en particulier à "des tiraillements dans le couple et à une inhibition des hommes face au féminisme agressif... Ils surviennent surtout chez les jeunes du fait de l'inexpérience. Note 51 "

Cela n'a rien de surprenant, puisque la plupart des moyens traditionnellement utilisés par les jeunes mâles pour s'initier au plaisir mutuel relèvent désormais de la nouvelle théorie de l'exploitation sexuelle...

En attendant que naisse cet Homme Nouveau, que les féministes appellent de leurs vœux, beaucoup de femmes restent échouées sur leur liberté sexuelle comme des baleines au pied d'un casino. Espoirs déçus, solitude, amertume. Certaines rêvent devant les jeunes homos, si reposants. Ah les beaux mecs ! Effluves mâles épurées du risque prédateur, loin des rivalités épuisantes. Et puis ce fantasme, plus courant qu'on ne le pense : tous ces beaux ziggies Note 52, n'auraient-ils pas été des compagnons idéaux pour elles si d'aventure, à un âge précoce, un prédateur sexuel ne les avait détournés à jamais de cette féminité brûlante qu'elles ne demandent qu'à offrir ? Si seulement elles avaient pu contrôler, empêcher, être là, tout aurait pu être différent, un merveilleux bonheur...

De fait, la montée en puissance du féminisme exacerbe la rivalité de la femme et du pédéraste à la conquête du jeune mâle impatient.

Comment expliquer le succès du film Titanic auprès des foules féminines de tous âges ? Résumons l'histoire. Un bel éphèbe, délicat et artiste, part à l'aventure. Mais il ne peut résister à l'appel d'une bourgeoise dépressive et bien sapée. La poule de luxe attire à elle le frais Di Caprio, histoire de se décoincer un peu. Subjugué, il oublie sa bohème pour l'héritière en goguette ; il s'engloutit en elle avant de couler à pic dans l'océan.... Morale du film : la femme nantie capte et détruit la vigueur adolescente qu'elle absorbe. Cela lui confère d'ailleurs une longévité exceptionnelle ! Il est possible, naturellement, que les critiques corrects aient une vision du film un peu différente...

Un film en appelant un autre, passons maintenant au second pilier de cette folie : le Docteur "M'abuse", le spécialiste en abus sexuels.

2) Les thérapeutes.

Si l’on admet que la femme (et l'enfant qu'elle protège de son Note 53 corps) constituent le "nouveau prolétariat" dont l'accession au pouvoir va sauver l'humanité, le "nouveau thérapeute" nous apparaît alors avec un air de déjà vu. Des experts en sciences raciales du régime nazi aux psychiatres soviétiques, infatigables pourvoyeurs de goulags, on a toujours assisté à une étroite collaboration entre la psychiatrie et le pouvoir en place. Au service de l'idéologie dominante, les psys donnent souvent une caution scientifique et pseudo-médicale à des processus de ségrégation et d'élimination sociale à grande échelle.

Pour la féministe, la psychiatrie n'est bonne qu'à justifier ses délires émotionnels : préjugé de confirmation dont nous parle Bauserman, et que l'on retrouve dans l'astrologie Note 54 dont la femme est justement grande consommatrice !

a) Importance.

Il faut savoir qu'aux États-Unis n'importe qui peut s'établir thérapeute, après une courte période de formation. Il faut un diplôme pour être coiffeur, pas pour être thérapeute ! En 1992, il y avait 255 000 thérapeutes aux E.U., dont 55 000 ne s'occupaient que de mémoire retrouvée ! En dépit de leur formation plus que sommaire, ils bénéficient d’une confiance aveugle de la part des policiers et des magistrats.

En France, on se souvient avoir vu affluer en fac de lettres, après 1968, un flot d'étudiants en psychologie cherchant surtout, pour la plupart, à y voir plus clair en eux-mêmes. Quels débouchés ces apprentis psychologues pouvaient-ils espérer ? On s'en est longtemps inquiété. Aujourd'hui, paradoxalement, c'est le plein emploi de ces nouveaux thérapeutes qui ne laisse pas de nous préoccuper. S'agit-il de créer de nouvelles maladies mentales, si possible propres et agréables, pour éponger une filière pléthorique? L'opportunisme et le charlatanisme ne risquent-ils pas de déconsidérer toute une recherche en psychologie qui, lorsqu'elle est menée avec toute la rigueur scientifique requise, peut certainement éclairer un peu le mystère de notre existence ?

Le psy est le pivot du nouveau système répressif. Il est chargé de donner une apparence rationnelle à un phénomène apparenté à la pensée magique et à la démonisation. Il transforme, par sa présence rassurante, une croisade fanatique en un processus d'assainissement social consensuel. La coupe des branches pourries ne garantit-elle pas la prospérité et la liberté d'une société régénérée ? Il faut épurer en toute bonne conscience. Le fondement et les bases scientifiques de son discours intéressent moins que sa capacité à conforter les préjugés dominants.

C'est ainsi que des membres du Congrès américain se sont indignés qu'on ait pu financer une étude (celle de Bauserman), parfaitement scientifique certes, mais dont les résultats étaient trop politiquement incorrects. La preuve était faite que la science devait se borner à soutenir l'ordre établi – ou du moins à ne pas le déranger... Déjà Kinsey rappelait au praticien les dangers de la confusion des genres Note 55:

" L'homme de science ne voit pas d'inconvénient à ce que l’Église décide de ce qui est bien ou mal dans le comportement de l'homme, si elle n'essaie pas de justifier son éthique en faisant appel aux origines biologiques d'un tel comportement. Mais, parallèlement, l'homme de science comme tel ne peut pas s'occuper des valeurs morales, du bien social et des valeurs théologiques sans trahir ses propres responsabilités... S'il s'agit de juger de ce qui est sexuellement normal ou anormal, on doit s'assurer, dès que l'on se trouve devant des appréciations contradictoires, que des considérations philosophiques, morales ou sociales n'entrent pas en jeu. "

Conservant à l'esprit cette précieuse mise en garde, examinons l'influence des thérapeutes sur le judiciaire et, en amont, sur l'opinion publique censée s'émouvoir et réclamer une réaction forte de l'institution.

Quand les médias traitent de l'ASE, des spécialistes sont toujours invités à s'exprimer. Soit dans le corps même d'un article de presse qui, du coup, en apparaît plus sérieux, soit dans un encadré censé illuminer d'une objectivité scientifique irrécusable le fait divers développé par ailleurs. Dans les talk-shows, l'expert pose une interprétation sereine et convaincante sur les propos forcément émus de la victime soigneusement choisie. Une catharsis cathodique où le passé traumatique remontera dans un de ces sanglots télégéniques que les remises d'Oscars nous ont appris à aimer et à imiter.

En général, comme le note Bauserman, le psy de service abordera l'abus sous l'angle de ses effets inévitables, invariablement très graves et de son extrême fréquence ("il y en a plus qu'on ne le dit" Note 56). Ces psys médiatiques, on les retrouve souvent à l'autre bout de la chaîne : ils sont chargés de soigner les délinquants sexuels à l'issue de leur passage par le système judiciaire. On ne s'en étonnera pas...

En France, l'équipe du Dr Coutanceau et son centre spécialisé de La Garenne-Colombes ont fait la une des médias. On se souvient du chiffre définitif et facile à retenir concernant le pourcentage de mineurs susceptible de pouvoir consentir à un rapport sexuel avec un adulte : 0 %

Pour comprendre à quoi tiennent les certitudes annoncées de nos psys officiels, il faut relire H. Manseau Note 57 qui nous parle du :

" …lien existant entre des accroissements budgétaires accordés à des institutions et la génération artificielle de clientèles nécessaires à leur expansion… Il s'agit bien, en effet, de justifier les crédits octroyés par le caractère gravissime des dégâts inéluctables créés par l'abus. Une extension de la notion d'abus, un élargissement de son champ, impliqueront bien sûr une extension de la clientèle constituée par les perpétrateurs et les victimes, un plus grand nombre d'actes médicaux et d'ordonnances facturées... "

Il ne faut pas oublier les experts judiciaires qui sont chargés par le magistrat instructeur d'examiner le prévenu. Leur rôle est crucial. Foucault dit qu'ils sont "la bonne conscience du juge". On se souviendra que, jusqu'au milieu des années 80, beaucoup de juges ignoraient l'existence même du mot "pédophilie" et traitaient ce type d'affaire en fonction du dégoût personnel plus ou moins fort qu'ils pouvaient ressentir. Un grand avocat spécialisé dans la défense des délinquants sexuels le clamait voici quelques années dans une conférence remarquable (réservée aux plus hauts magistrats) :

" Il convient de rappeler au juge qu'il ne doit pas confondre son sentiment propre, qui peut l'amener au dégoût, avec la mission dont il est investi et qui doit lui permettre de juger avec sérénité. "

Les critères d'appréciation, réputés objectifs, dont les magistrats disposent aujourd'hui peuvent se révéler plus trompeurs que les sentiment instinctifs de leurs aînés... Les jeunes juges, frais émoulus des écoles de magistrature, reçoivent désormais une formation sur le sujet... dispensée, on le suppose, par les mêmes psys que l'on retrouve dans les médias, à la barre, et dans les centres de thérapie !

Lorsque la victime paraît au Tribunal, il est rare qu'elle présente des signes évidents de traumatisme. L'expert est donc là pour évaluer l'importance de cette blessure invisible et se prononcer sur la probabilité de séquelles à venir. L'exercice relève plus de l'art divinatoire que de la science. Il est guidé par un postulat de départ, intangible : tout abus est traumatisant.

Pour le juge, opportunément lavé du soupçon d'odium auctoris, l'avis de l'expert est fiable. Il s'en remettra donc à lui pour justifier la condamnation du prévenu.

A rebours, on sera surpris de constater que l'arsenal judiciaire fait désormais partie de l'appareil rhétorique et médical du thérapeute. L'un d'eux, membre de l'équipe Coutanceau, affirme :

" la reconstruction de la victime est toujours liée au développement de l'action judiciaire, dont l'espace du jugement constitue le point d'orgue. Note 58 "

C'est un point essentiel. Il n'est absolument pas prouvé que l'action judiciaire profite à la "victime", bien au contraire. Les plus grands pourfendeurs de l'abus constatent eux-mêmes que la "procédure judiciaire peut s'avérer pire pour l'enfant que l'effroyable épreuve qu'il a subie" Note 59. L'expert postule que l'enfant est toujours une victime qui supplie la société d'écouter sa souffrance et de neutraliser son bourreau. La condamnation du coupable, fondée sur la prise en compte et la reconnaissance de la parole de l'enfant, serait alors la première étape d'un long chemin vers la guérison...

Mais la réalité est généralement tout autre. Malgré les pseudo-droits juridiques que lui donnaient la Convention des droits de l'Enfant, le mineur n'a aucune maîtrise sur les poursuites engagées contre l'adulte. Il est fréquemment impliqué dans un processus qu'il n'a ni enclenché ni souhaité. Le plus souvent, il est là par ricochet. Il est pris dans une enquête de type généalogique, où le passé de l'accusé est épluché et tous les jeunes qu'il a côtoyés interrogés et traités en victimes potentielles... Et si quelqu'un s'inquiète de l'effet produit sur l'adolescent victimisé malgré lui, on s'indignera en brandissant un ou deux cas réels, sélectionnés, exemplaires, qui transformeront illico toute objection en complicité de viols d'enfants.

Il est fort rare que les abus policiers ou les viols médicaux soient rendus publics ou sanctionnés. Qui sait ce qu'il est advenu de la plainte pour viol déposée par le père de P... (14 ans ) contre les gendarmes ? Ce récit est paru le 6 juillet 1997 dans le Journal du Dimanche sous le titre : " Dans le château du gourou, la confession de P…, traumatisé par les gendarmes ":

" Mon nom est paru dans les journaux. Vous voyez un peu ce que les copains vont dire. Je me sens sali par toute cette histoire... ce sont les gendarmes qui ont eu les questions les plus dures... si j'avais déjà fait l'amour, si j'avais eu des attouchements avec d'autres hommes, mon père... il m'ont dit "t'es très fort mais les autres, ils ont tous avoué". Après, ils m'ont envoyé chez le toubib, une femme... elle m'a sorti un coton-tige et des instruments pour les prélèvements rectaux... ce sont des méthodes quand même traumatisantes... après, j'ai eu droit au psychologue qui s'est montré moins brutal, mais visiblement ils n'avaient pas ce qu'ils cherchaient... "

Il apparaît clairement que, dans la mesure où ses déclarations ne vont pas dans le sens de l'enquête, P... est brutalisé et humilié. Puisqu'il n'accepte pas d'être une victime plaintive, on le soupçonne d'être complice de son agresseur. Il contrarie beaucoup les gendarmes en refusant de les aider à constituer un dossier lourd, tragique – et générateur d'avancement.

Dans le nouveau dogme, l'enfant est avant tout une abstraction, une norme. Du reste, tout enfant qui ne se conforme pas à l'idée que l'idéologie nouvelle se fait de lui est désacralisé d'office. Souvenons-nous : un léger écart par rapport à la ligne fixée transformait le prolétaire glorifié des régimes communistes en ennemi du peuple. Mais revenons à notre expert, et voyons les buts qu'il poursuit en faisant de la condamnation pénale du coupable le préalable indispensable au suivi thérapeutique de la victime et à sa guérison.

Il faut savoir que, dans les affaires d'abus, la condamnation est aujourd'hui assortie d'une obligation de soins. Celle-ci n'oblige d'ailleurs nullement le thérapeute à guérir quoi que ce soit, puisque les soins ne remplacent pas la sanction pénale mais qu'ils s'y surajoutent. Pour les cas véniels (détention de cassettes interdites par exemple), il est peu probable que le sujet, stigmatisé par l'action judiciaire et surtout enclin au voyeurisme, passe un jour à l'acte. On se souvient que, malgré l'absence de la moindre réalité observable, les spécialistes postulent un risque d'escalade menant le pervers du visionnage de cassettes au meurtre d'enfant. Si rien ne se produit, si le patient ne récidive pas sous une forme aggravée, ce succès pourra être porté au crédit du traitement imposé. L'équipe de spécialistes se verra alors attribuer de nouvelles subventions, des locaux, du personnel afin d'amplifier son action et de sauver toujours plus d'enfants...

Quant aux sujets qui, eux, sont passés à l'acte, la longueur des peines garantit que l'on n'aura pas à mettre à l'épreuve l'efficacité des thérapies avant longtemps. Le sujet sera mort-guéri, fou ou décérébré quand il sortira après une interminable réclusion.

"Sutor, ne supra crepidam" Note 60.

Les affaires d'abus sont le lieu privilégié des usurpations de compétences. Les intervenants s'y prévalent souvent d'un titre acquis dans un domaine du savoir fort éloigné de celui dans lequel ils prétendent faire autorité.

Prenons par exemple Mme Bouillon, le substitut New Age, auteur du Viol d'anges Note 61 que nous avons déjà mentionné :

• Elle s’improvise thérapeute et affirme qu'un enfant abusé se reconnaît facilement par "un travail insuffisant ou excessif à l'école" (sic) ; "un comportement toujours triste ou excessivement gai devraient alerter".

• Elle ne se laisse pas impressionner par les grands noms. Elle connaît le sujet mieux que personne. Elle sait que "Freud a fait progresser la pédophilie". Elle a bien repéré "la sexualité très suspecte de Freud, qui ne comprenait rien aux femmes et était visiblement homosexuel".

• Moraliste de haute volée, elle se demande s’il ne vaut pas mieux un non-pédophile accusé à tort qu'un vrai laissé en liberté. Le bénéfice du doute, qui s'applique aux assassins, ne doit pas profiter aux pédophiles. Rappelons que la dame est Procureur, qu'elle ne se sent tenue par aucun devoir de réserve ou de modération, qu'elle a publié cela chez Calman Levy et que la classe politico-médiatique a accueilli son livre sans réserves. On a vu combien Mme Royal l'avait adoré.

• Madame Bouillon se fait aussi prêtresse de Baal à l'occasion : "la relation sexuelle avec un enfant est un crime contre le sacré, la profanation des profanations, le viol d'anges"...

Voilà donc revenu le temps des grands prédicateurs fous, de la pureté épuratrice (la dame veut rétablir le pilon pour les œuvres impies). On rêvait d'une nouvelle morale laïque, appuyée sur la Raison. On nous ressert une religion sans pardon, sans absolution et surtout sans au-delà ! Le nouveau culte, d'essence féministe, arrive avec ses damnations et ses bûchers ! La parole sacrilège est étouffée ou condamnée...

Comble de malheur, Mme Bouillon se révèle astrolâtre. Elle attend l'ère du Verseau qui (d'après elle) devrait tout arranger !

Il nous faut maintenant parler du livre intitulé Le viol paru dans la collection Que sais-je ? On connaît la réputation de sérieux, d'objectivité et de scientificité qui s'attache à cette collection. On sera d'autant plus surpris de lire ce qui va suivre.

Ce volume est né principalement de l'association d'un psychiatre expert en médecine légale et d'une psychanalyste. On constate avec morosité que, dans ce petit volume, le spécialiste – censé éclairer l'opinion – puise en fait ses informations dans la presse à scandale la plus douteuse sans faire preuve de la moindre distance critique. Il s'inspire en effet d'un livre de P. Meney Note 62, journaliste de TF1 et réalisateur de l'émission Perdu de vue (où il apparaissait juché sur un jubé de Plexiglas, deus ex machina, grand manipulateur d'audimat ) !

Parlons d'abord de deux chiffres importants, cités par Meney et repris par les psys.

D’après eux, il y aurait "un million d'enfants emprisonnés dans les maisons closes en Thaïlande". Rappelons que dans ce pays, en 1995, 26 mineurs ont été retirés à la prostitution. Aucun de ces mineurs n'était enfermé dans une maison close. Il s'agissait soit de jeunes filles à la limite de leur majorité, soit de garçons se livrant à une prostitution occasionnelle. Les chiffres sont donc tout à fait fantaisistes ! Ceux de L'UNICEF, tout aussi faux, donnent 300 000 enfants prostitués pour la même période, ce qui montre bien que les chiffres sont choisis pour leurs qualités émotionnelles et leur impact médiatique, jamais pour leur rapport, même lointain, avec la réalité des faits. Qui cherchera à démentir des chiffres "flatteurs", générateurs de profits ? On verra plus loin comment des escrocs (comme la baronne Botte) les ont utilisés pour faire prospérer leur petite entreprise. Quelle est donc la situation réelle en Thaïlande ? Alors que le gouvernement reconnaît l'existence de 86 000 prostituées adultes de sexe féminin, l'institut démographique de Chulalongkor (dont les évaluations font autorité à l'étranger) fait état d'environ 200 000 personnes exerçant une activité de prostitution permanente ou occasionnelle dont 1000 hommes et enfants... Note 63 Mais qu'importe la vérité, le chiffre de un million d'enfants prostitués plaisait bien aux médias. Il permettait de nourrir toute une imagerie hugolienne faite d'innocents vendus, parqués dans des conditions concentrationnaires pour satisfaire les vices de riches étrangers arrivés spécialement par "viols charters"... Ne doutons pas qu'il fut à l'origine de la conférence de Stockholm organisée par l'UNICEF dans un immense concert médiatique. Au profit de qui ? Au détriment, en tout cas, des enfants d'Algérie, du Rwanda et d'ailleurs, massacrés dans l'indifférence ou affamés sur les routes de l'errance...

On a réussi à créer un secteur de protection hypertrophié et artificiel pour faire oublier les souffrances réelles et immenses des enfants pour qui on ne peut rien faire. Lancer une opération commando dans la chambre d'un touriste sexuel, c'est tout de même moins risqué que de poursuivre des tueurs à machette ou des égorgeurs illuminés !

Examinons un autre chiffre effarant, tiré du bouquin de Meney et repris à son compte par notre expert : il y aurait 2000 meurtres sexuels d'enfants par an en France ! Rappelons qu'aux États-Unis, si toutes les accusations de meurtres satanico-sexuels étaient prises en compte, il y aurait 60 000 victimes par an Note 64. Or le F.B.I. n'en a pas dénombré une seule !

Quant aux meurtres d'enfants à caractère sexuel, quoique surexploités par les médias, ils sont heureusement fort rares. Il font penser à ces quelques figurants qui, au cinéma, repassent sans cesse devant la caméra et laissent croire à une multitude. Dans son livre référence paru dans les années 60 Note 65, le Dr West estimait qu'il s'en produisait environ deux par an Note 66, chiffre stable, pour une population de 50 millions d'habitants. On notera que les meurtres de petites filles sont toujours beaucoup plus fréquents. De 1996 à 1999, nous n'avons pu trouver qu'un seul meurtre de garçon à caractère vraisemblablement sexuel commis sur le territoire national : celui du jeune Adrien, âgé de 12 ans, commis à Thionville en 1998 Note 67.

Les psys officiels, ceux de la mouvance médiatique, ne se contentent pas d'évaluer l'état psychologique du coupable et de la victime, de se prononcer sur le sens moral de l'un ou les éventuels dommages psychiques subis par l'autre. Fascinés par la Cour et ses fastes, ils se prononcent toujours sur le plan pénal ! S'exprimant dans la presse Note 68, le Dr Lacour Note 69 affirme que "l'alourdissement des peines est une nécessité". Les auteurs du Que sais-je ? estiment quant à eux que "la peine doit être infamante et dissuasive".

On peut s'étonner à juste titre qu'un psychiatre, dont la mission est de diagnostiquer et de soigner, puisse ainsi se muer en prescripteur de peine et en défenseur de valeurs sociales contingentes.

Sur le plan professionnel, nous avons déjà parlé des enjeux essentiels en termes de notoriété espérée et de fonds convoités.

Sur le plan humain, on peut évoquer l'étrange relation qu'entretient le thérapeute avec une certaine catégorie de patients, qui représente désormais une fraction non négligeable des hommes coupables d'outrage aux mœurs. Nous voulons parler des sujets dotés d'une intelligence supérieure et d'une excellente insertion sociale – du moins avant leur arrestation... Condamnés pour des actes pédérastiques, les voilà astreints à une thérapie et soumis à un psy parfois moins brillant qu'eux... Les propos du Dr Lacour expriment bien le ressentiment et l'impression de rivalité ressentis par l'expert :

" Je n'ai eu le sentiment que d'être un parapluie, un confesseur obligé... un interlocuteur que l'on essaie de convaincre des joies personnelles et des variations de la morale de cette sexualité selon les époques Note 70" (sic).

Sous la syntaxe chaotique transparaît bien la frustration passée du psychiatre, sa colère face au déni de pouvoir médical opéré par le pédéraste badin, incapable d'admettre cette gravité de l'acte qui fonde la puissance du thérapeute. Mais aujourd'hui les choses ont bien changé et quand le Dr Lacour, quelques lignes plus loin, demande que l'on augmente encore les peines prévues pour ce type de délit, c'est bien pour que le patient, le couteau sous la gorge, se rende enfin au pouvoir de l'expert. Il lui faudra plier ou mourir (parfois les deux). Ce sinistre épisode pourrait s'intituler "La revanche du Dr M'abuse". Par ses aveux et sa repentance, le patient vaincu justifiera du même coup le bien fondé de l'action de son médecin...

La théorie (américaine) du M.P.D.– Multiple Personality Disorder Note 71 permet de voir un monstre tapi sous l'accusé le plus brillant et le plus estimé. A l'égal du "nanti pervers", "l'intellectuel dévoyé" est une caricature chérie des médias.

Quand une petite fille fut sauvagement assassinée dans le petit village de La Motte du Caire, on s'est dit que Roman, le hippie pédoque issu d'une famille intello, ferait un coupable plus séduisant que Gentil, l'abruti congénital. Seul le courage d'un juge d'instruction l'a sauvé d'une condamnation certaine et médiatiquement programmée.

b) Validité des théories actuelles.

Les auteurs des théories officielles sur l'abus utilisent principalement trois méthodes.

• La première consiste à reprendre, sans la remettre en question, une théorie exposée dans un ouvrage publié précédemment – de préférence aux States. C'est ainsi que les mêmes fumisteries se répliquent indéfiniment sans qu'on songe à vérifier les sources d'information ou la base expérimentale de la thèse développée dans l'ouvrage. On vient de voir comment le Dr Lopez et ses comparses Note 72 parvenaient à scientifiser une littérature de caniveau.

• La deuxième méthode, elle aussi très répandue, consiste à réfuter sans argumenter. Un exemple, encore emprunté au Dr Lopez : "Dans les années 50, les psychiatres agrémentèrent (sic) le mythe selon lequel les conditions socio-économiques favorisaient les sévices : il n'en est rien." Ce spécialiste (pas du français, cela est clair ) se permet donc de balayer d'un revers de main tout un ensemble d'études sous l'unique prétexte qu'il écrit en 1993 et qu'il possède donc une supériorité évidente sur les psys des années 50 ! Il ne donne d'ailleurs aucun argument à l'appui de sa réfutation. C'est ainsi, et voilà tout.

Bauserman, lui, démontre scientifiquement le rapport existant entre les abus physiques ou sexuels et le milieu socio-économique Note 73. Nous renvoyons le lecteur à sa démonstration argumentée sur le sujet.

• La troisième méthode consiste à asséner une théorie-choc, bâtie sur un exemple isolé non représentatif de l'ensemble des cas, ou même sur des fantasmes invérifiables. Edward Behr cite ainsi le Dr Summit, psychiatre et expert en abus sexuels, dont les théories ont influencé la plupart des thérapeutes opérant à l'heure actuelle aux E.U. Ce praticien est l'inventeur du Child Abuse Accomodation Syndrome, dont le principe, très simple, est le suivant :

" Quand les enfants nient avoir été abusés sexuellement, c'est qu'ils l'ont été."

En effet, incapables d'assumer l'effet destructeur de l'abus, ils doivent en nier la réalité pour pouvoir survivre. C'est ainsi que, selon Summit, un enfant pourrait être abusé tous les jours et à chaque fois "oublier" qu'il l'a été ! L'idée pourrait paraître comique si elle n'avait, hélas, servi à faire condamner à de lourdes peines de parfaits innocents.

La mode actuelle semble aller vers une théorie qui semble en contradiction avec les dogmes précédents. Mais qui se soucie vraiment de cohérence en ce domaine ? Il s'agit de prendre en compte l'enfant qui, en dépit de tout, affirme qu'on ne lui a pas fait de mal et qu'il était d'accord. On ne peut quand même pas se résoudre à le laisser en dehors du système, le temps qu'il développe les inévitables troubles que la graine d'abus a semés en lui ! Ce serait vraiment dommage... Écoutons le Dr Nicole Korff-Sausse, citée dans le volumineux rapport de l'UNICEF sur le sujet :

" Ce dont il faut protéger l'enfant, ce n'est pas seulement de la violence des adultes, de leur séduction, leur érotisme, leur emprise, mais de sa propre violence, à savoir la sexualité enfantine. "

Un nouveau lobby pointe son nez, n'en doutons pas. Envolé l'ange de Bouillon. L'ado plein de sève et le lascar violent seront placés dans une même catégorie : l'enfant qu'il faut protéger de sa propre "violence sexuelle". Le filon s'annonce juteux. En Grande-Bretagne, un audacieux programme vient d'être lancé. Il s'agit de récolter la bagatelle de 2 millions de livres afin de mettre en place 18 projets dans tout le pays visant à déceler précocement les enfants qui pourraient se révéler être des agresseurs sexuels, cela dès l'âge de 5 ans !

En France, on se souvient d'une campagne lancée par Mme Royal en mars 99, contre les violences sexuelles à l'école. Un gros titre dans les journaux : "Un viol tous les 9 jours" Note 74. Les instituteurs ne sont plus en cause. Ce sont les jeunes qui se violent entre eux… Chaque jour, deux élèves seraient en outre victimes de violences sexuelles de la part de leurs camarades Note 75. Les parents affolés ne peuvent même pas mettre leurs enfants chez les Jésuites puisque, c'est bien connu, ces institutions catholiques sont des nids de pédophiles... Alors, que faire ? Les prêtresses du goudou proposeront sans doute de rogner le sexe du jeune mâle, forcément violeur. D'autres suggéreront que chaque enfant soit surveillé par un "tuteur Note 76  social" chargé d'endiguer sa libido, de le rendre innocent à lui-même en quelque sorte... Ce fut exactement le rôle de la répression anti-masturbatoire au 19ème siècle. Nous en reparlerons plus avant, en étudiant les textes de Foucault.

Ces nouvelles campagnes ont tout lieu de nous inquiéter. Au fur et à mesure que les faits têtus démentent leurs théories, les sectateurs de l'abus en créent de nouvelles afin de continuer à percevoir leurs prébendes. Cette nouvelle bigbrotherisation des petits frères vient d'être illustrée par l'affaire Raoul qui a secoué les E.U. et fait régulièrement la première page de tous les journaux en Suisse pendant deux mois. En France, on n'en sera pas étonné, cette affaire a été d'abord passée sous silence, puis évoquée tardivement et sans éclats après la libération de l'enfant. Dans ce cas, la folie furieuse a fait place à la pure barbarie. Voici les faits.

Raoul, un petit Américano-Suisse âgé de 11 ans, est aperçu par une voisine alors qu'il se trouvait dans le jardin familial en compagnie de sa petite sœur de 5 ans . Celle-ci avait la culotte baissée et, d'après la voisine, le petit garçon l'aurait touchée, ce que le garçonnet dément farouchement. Qu'on lise bien ceci : le garçonnet a été arrêté le 30 août 1999, mis aux fers et amené en prison – où il a passé plus de 2 mois. Il n'a dû sa libération qu'à une lettre des députés allemands à Clinton et à de multiples pétitions et protestations émanant de Suisse. Dans la France où on célèbre avec tonitruance l'anniversaire de la déclaration des droits de l'enfant, on s'en est peu ému, tant qu'il était incarcéré. N'est-ce pas la preuve que l'on prépare bel et bien un processus de pathologisation de l'initiation sexuelle masculine, sous la direction et pour le plus grand profit des marchands d'abus ?

Nous venons de parler des théories fumeuses et invérifiables. Il nous faut aussi dire un mot des fausses informations largement divulguées et facilement épinglables . Elles achèvent de prouver le manque de sérieux global de la plupart des publications consacrées à l'abus.

Le propos mensonger porte parfois sur des points essentiels. Ainsi Hamon, qui se plaît à jouer les hommes de loi, nous déclare Note 77 que :

" Le mineur de 15 ans est lui-même punissable s’il a des relations sexuelles avec d'autres mineurs de 15 ans. Note 78"

Le Code Pénal français affirme le contraire :

" Les rapports sexuels sont libres quel que soit le sexe pour un mineur même avec un mineur de 15 ans Note 79".

Dans ce cas de figure, un jeune homme de 17 ans, au développement adulte et perçu comme tel par l'enfant, peut parfaitement sodomiser un garçon de 9 ans si ça amuse ce dernier. Un an plus tard, notre ado risque 20 ans de prison... Par contre, aux États-Unis, comme on vient de le voir, le sexe entre mineurs est criminalisé... Note 80

Les chiffres totalement fantaisistes, les mensonges patents portant sur des faits vérifiables, devraient nous rendre suspectes les théories bâties sur des éléments aussi apocryphes... Ce sont ces mêmes théories qui, par leurs métastases médiatiques, gangrènent la Justice et entraînent une surqualification des atteintes sexuelles en viols – l'accord de l'enfant impliquant alors, pourquoi pas, un auto-viol...

c) Satanisme, chapelles et scandales.

En matière d'abus, on peut donc dire n'importe quoi si c'est pour le bien supposé des enfants même si, en définitive, cela doit leur faire beaucoup de mal.

Les affaires d'abus sataniques ne doivent pas uniquement être mises sur le compte des traditionnelles outrances américaines. Elles ne peuvent être considérées comme de simples bavures, déjà oubliées, survenues dans le cours d'un processus sain et essentiel visant à protéger l'enfant. Les initiateurs de ces campagnes n'ont jamais fait repentance. Les faux coupables envoyés en enfer et les enfants soumis à la question n'ont pas reçu d'excuses. Les mêmes spécialistes, qui affirmaient contre toute vraisemblance que des enfants victimes d'abus sataniques avaient bu le sang de bébés égorgés devant eux, continuent à faire autorité en matière d'abus. Des enfants sont martyrisés au nom de la nouvelle idéologie de l'abus. Madame Reno est toujours Ministre de la Justice.

Remontons un peu le fil du délire satanique dont la malédiction continue à peser sur nous.

La mode des abus sataniques commence en 83 aux E.U. avec le scandale de la maternelle Mc Martin Note 81. Sitôt les circonstances de l'affaire divulguées par la presse, des répliques imitatives se produisent aux quatre coins des Etats-Unis. L'épidémie atteint bientôt les pays de langue anglaise susceptibles d'être contaminés par les médias américains Note 82. Dès l'année suivante, en Grande-Bretagne, des dizaines d'enfants en bas âge sont enlevés à leur famille suite à de fausses allégations d'abus. Les affaires se multiplient jusqu'en 1991, où le Tribunal d'Old Bailey, confronté à une retentissante affaire de petites filles satanisées par leurs parents, prononce de justesse un non-lieu.

E ans .n France, il faudra attendre 1997 pour qu'une histoire de ce genre éclate, longtemps après que les procès américains aient été annulés et les innocents libérés après 5 ans de prison en moyenne.

En 1984, Paris Match avait publié un reportage sur l'affaire Mc Martin intitulé Sade au jardin d'enfants. Le journaliste y développe la thèse de l'accusation sans aucune distance critique. Il précise, en semblant s'en féliciter, que les coupables (tous innocents !) – au nombre desquels figure une grand-mère de 84 ans – n'iront sans doute pas au bout de leur peine puisque "aucun pédophile n'a jamais survécu dans une prison américaine."

C'est le délire alcoolique d'une mère d'élève qui a déclenché toute cette affaire. Comment a -t-on pu y ajouter foi ?

On peut tenter d'expliquer cette complaisante crédulité par ce que nous appellerons l'effet locomotive. Sur les chemins de l'abus, où les lois de la physique ordinaire ne s'appliquent pas, les wagons sont tirés par une micheline imaginaire... C'est bien pratique. Le journaliste peut facilement raccrocher à la motrice satanique tout un tas de fantasmes liés aux dangers de la sexualité adolescente. Dans le même article, notre folliculaire de Match cite le chiffre de un million de fugueurs automatiquement aspirés par les réseaux de prostitutions ou sacrifiés pour la fabrication de snuff movies Note 83. Le chiffre réel fourni par le F.B.I et le N.C.M.E.C. Note 84 donne de 52 à 158 disparitions de mineurs par an entre 1983 et 1990, dont plus des deux tiers sont des quasi majeurs et fugueurs présumés.

L'abus satanique, considéré comme avéré, vient donc accréditer tout le reste du folklore sexophobique. On peut, en remontant jusqu'à lui, retrouver la trace de notre obsession maladive de l'abus. Profitant de l'effet satanique, on nous balance des chiffres totalement faux sur la pompe aspirante de la prostitution infantile censée pousser à la fugue les enfants américains. On comprend alors la légitime préoccupation des parents affolés et des enfants angoissés, dont certains n'osent même plus ouvrir la fenêtre de peur que quelqu'un ne s'introduise dans leur chambre pour les violer !

Les journalistes et les spécialistes volent au secours des familles. Ils assurent avec dévotion le suivi du moindre acte déviant, à propos duquel on pourra faire sans cesse faire référence au satanisme et aux réseaux de prostitution.

Amalgame et désinformation permettent en tout cas de pisser de la copie...

Aux Etats-Unis, on peut à peu près tout dire. Ceux qui professent des opinions incorrectes s'exposent toutefois à voir leur carrière stagner et leur avenir professionnel compromis.

En France, ce qui ne va pas dans "le bon sens" est tout simplement victime de silence médiatique et donc refoulé dans la non-existence. Les journaux français n'ont, à notre connaissance, consacré aucun article à l'annulation des condamnations dans les procès sataniques aux E.U.

En 1997, soit avec 14 ans de retard, TF1 et A2 ouvrent toutes deux leur journal de 20 heures sur un livre écrit par un journaliste "compatissant" à propos des abus sataniques dont aurait été victime un garçon aujourd'hui âgé de 24 ans. Il aurait été prisonnier pendant 10 ans d'une secte démoniaque nommée "Krypten". On l'aurait séquestré, brûlé à l'acide, soumis à des rituels orgiaques – en Belgique, bien sûr ! Quelques semaines plus tard, V.S.D. démontrait dans un reportage, où étaient interrogés les pseudo lucifériens mis en cause dans le bouquin, l'absurdité de toute l'histoire. Il n'y eut aucun écho de cette contre enquête, ni à la télé ni dans le reste de la presse !

Sur la planète média, tout ce qui est vendable est certifié véritable ! Directement importée des States où elle a beaucoup de succès et gagne bien sa vie, on voit apparaître en France un nouveau personnage public : "la victime-vedette". Elle se trimballe de talk-show en actus, auréolée par un malheur qui fait le bonheur d'une télécaste vendeuse de tabous et friande de confessions salaces.

Pourquoi perdre de l'argent en taisant des choses qui, si elles étaient dites, pourraient rapporter gros ? La vérité du propos est relativement secondaire... L’appât du gain, le vedettariat incitent à des accommodements avec la vérité. Il peuvent aussi être à l'origine d'entreprises organisées de détournement de fonds... et de morale.

d) Les escrocs Note 85.

Nous avons parlé de ceux qui ne vérifient ni la source des informations ni leur exactitude. Il y a aussi ceux qui ne diffusent que les infos qui les arrangent. On connaît également ceux qui bricolent l'information afin de la sensationnaliser. Il y a enfin les escrocs purs et simples... Parmi les héros de la lutte contre l'abus, il y en a beaucoup !

1- Ceux à qui la lutte contre l'abus servait de noble paravent :

• Mme Michaux Chevry, inculpée "d'escroquerie, de faux et usage de faux" à répétition Note 86 était en 1993, Ministre de l'Action Humanitaire. Elle s'illustra alors par une croisade menée contre le tourisme sexuel et fit promulguer une loi sur l'extraterritorialité en matière d'abus.

2- Ceux qui ont prospéré sur l'abus lui-même :

• Madame Gublin, présidente d'Enfance et Partage, une association à l'origine de l'hystérie médiatico-judiciaire en France, a été condamnée en 1996 à 15 mois de prison pour "abus de confiance et détournements de fonds" Note 87.

• Madame Botte, la passionaria pédophobe belge, a fait la une de tous les médias. Elle a été nommée femme de l'année en France et anoblie en Belgique. Elle a aujourd'hui la justice aux trousses Note 88. Elle aussi, c'était son intérêt, avait gonflé les chiffres de la prostitution enfantine en Thaïlande où il fait bon vivre dans les hôtels climatisés (on ne l'a jamais vue au secours des enfants égorgés ou victimes des mines anti-personnel). Afin de détourner plusieurs millions de francs, elle prétendait, au cours de l'année 1995, avoir sauvé "1056 enfants des griffes des marchands d'enfants et des crocodiles étrangers" Note 89. En fait, elle s'est prévalue d'actions effectuées par une O.N.G. appelée Centre de Protection des Droits de L'Enfant qui fait état d'un bilan beaucoup plus modeste : 25 mineurs retirés à la prostitution et 29 au travail forcé. Gageons que, pour ne pas compromettre l'abusiness dont elle était une figure de proue, on n'étalera pas trop l'infamie de Mme Botte.

3- La dernière catégorie, incontestablement la pire de toutes, regroupe "les croisés abuseurs".

Comment expliquer que les journaux n'aient pas suivi les développements judiciaires de l'affaire impliquant l'odieux Père Lefort ? En 1989, ce prêtre fait partie des commissions préparatoires à la promulgation des Droits de l'Enfant. Au début des années 90, il donne des interviews dans tous les médias pour exiger une répression féroce à l'égard des pédophiles, aussi bien en France qu'à l'étranger. Il dénonce en particulier tous ces pédérastes qu'il connaît bien. Il les qualifie de "malfaiteurs" et réclame pour eux un "châtiment exemplaire", apprend-on dans le Matin de Paris du 22/12/95. Dans ce même numéro, on nous révèle que le juge Nelly Delfosse de Nanterre l'a mis en examen pour viols sur mineurs "à la suite de nombreux témoignages accablants et après une longue enquête de la Brigade des Mineurs de Paris".

Bien entendu, les journaux n'ont donné aucun écho à cette affaire ! A quelques mois de la conférence de Stockholm, c'eut été malvenu. On a peu parlé de Botte et encore moins de Gublin... Il ne faudrait pas se livrer à des généralisations hâtives, n'est-ce pas ?

Qu'un hétérosexuel désaxé enlève des jeunes filles et des fillettes, et on n'hésitera pas à considérer tout pédéraste inoffensif comme un Dutroux en puissance Note 90. Mais que nombre des pourfendeurs de l'abus se révèlent être des escrocs ou des violeurs, cela n'entamera pas la crédibilité de toutes ces associations pullulantes, qui prospèrent sur les fonds publics et les dons privés fiscalement déductibles.

Quant à l'UNICEF, étant donné le prestige international dont elle continue à jouir et les sommes considérables que lui rapporte le business de l'enfance malheureuse, comment ne pas considérer les chiffres falsifiés qu'elle publie comme une escroquerie ? On rappellera que cette organisation, soucieuse sans doute de frapper les puritains yankees au portefeuille, dénombrait 600 000 enfants prostitués aux E.U. en 1994 ! Elle faisait des États-Unis une "destination de tourisme sexuel récemment signalée" Note 91.

Seul le désir légitime des fonctionnaires américains de L'UNICEF de travailler près de chez eux peut expliquer la publication de chiffres aussi fallacieux !

e) Les collusions.

La première pourrait également figurer au nombre des escroqueries. Il est question du Dr Catherine Bonnet. Cette pédo-psychiatre connue, spécialiste de l'abus, a publié un livre sur le sujet en 1999 Note 92. Elle vient d'être condamnée en appel à une interdiction d'exercer de trois fois un an Note 93. On lui reproche d'avoir établi des certificats "faux, mensongers et tendancieux" à propos d'enfants présentant des troubles susceptibles d'évoquer d'éventuels abus sexuels (on a vu avec Mme Bouillon qu'à peu près toutes les attitudes d'un enfant pouvaient être interprétées en ce sens). Qu'en est-il au juste ? Il s'agissait pour Mme Bonnet d'aider des mères en instance de divorce à obtenir la garde des enfants. En accusant le père d'abus sexuel...

Il faut se souvenir que dans certains Etats des E.U. les femmes peuvent accuser leur mari de sodomie Note 94 (pratique illégale) pour obtenir la garde des enfants. Comme l'écrit West Note 95 : "la loi a mis une arme dangereuse à la disposition des épouses sans scrupules ou vengeresses". C'est ce qui se passe aujourd'hui en France, en beaucoup plus grave. Quand les lubies d'une psychiatre en quête de reconnaissance rencontrent les frustrations charnelles de mères désemparées, le choc ne peut qu'être générateur de drames. Imagine-t-on le trouble ressenti par le jeune enfant interrogé sur son père, accusé de viols incestueux ? Que dire de celui qu'on arrête, questionne sans relâche et parfois emprisonne sur la base de dénonciations calomnieuses et de certificats de complaisance ? L'association "S.O.S. papas" lutte contre de pareilles aberrations.

Déjà condamnée en première instance, Mme Bonnet publie un livre qui accroît encore le malaise. Avec le souci constant de préparer son procès en appel, elle y utilise à tout propos la "souffrance des enfants" à des fins disculpatoires, elle la jette à la face de ceux qui prétendraient l'accuser... Note 96

Cette affaire Bonnet nous dévoile l'existence de véritables réseaux de l'abusiness. On remarque en effet que le précédent ouvrage de Mme Bonnet était dédié à un juge pour enfants de Bobigny, présent sur tous les plateaux et dans tous les journaux lors des multiples campagnes pédobsessionnelles que nous avons connues... C'est elle, encore, qui rédigeait un chapitre complet du Que sais- je ? co-écrit par le Dr Lopez (qui lui-même fait la pub du précédent livre de Mme Bonnet !). Elle nous y expose ses méthodes : il s'agit d'éviter la "silenciothérapie" et "d'aider l'enfant à mettre des mots sur ce qu'il a ressenti". S’il ne dit rien, le Dr Bonnet – sans doute un peu ventriloque – parlera pour lui. Mais l'enfant doit alors prononcer les mots que Mme Bonnet a envie d'entendre. Il pourra "accuser cet adulte, exprimer sa rage, sa haine, sa révolte d'avoir été désigné comme victime". Quelle est l'origine de cette transe écumante dont l'enfant-victime  Note 97 n'est que le médium innocent Note 98?

Une fois calmée, elle s'étonne que certains parents aient du mal à "reconnaître la souffrance de leur enfant" et la nient. Heureusement, Mme Bonnet va les convaincre d'entreprendre une thérapie le plus vite possible, "sans attendre que s'installent les symptômes". Ceci est capital, du moins pour l'activité professionnelle de Mme Bonnet ! Il ne saurait y avoir qu'un enfant en sursis de symptômes. Mme Bonnet se chargera donc de le victimiser, de lui inoculer un poison, celui de la "rage", de la "haine" qu'elle même doit éprouver vis à vis des hommes... Nous retrouvons là l'effet iatrogène Note 99 de la victimisation que dénonce Bauserman. Mais, non contente de victimiser les enfants "abusés" qui n'en souffrent nullement (Bauserman montre que c'est la majorité des cas ), elle décèle des abus imaginaires pour répondre aux attentes de ses clientes.

A la lecture de ce chapitre du Que sais-je ?, rédigé en 1993, on pouvait prévoir le dérapage...

Les anglo-saxons qui ont repéré la supercherie écrivent le mot therapist (en français, thérapeute) en deux mots : the rapist, ce qui signifie alors "le violeur" ! Comment nier en effet que certains thérapeutes profitent de leur position d'adulte et de médecin pour méduser "l'enfant victime", pris en étau entre les certitudes de la mère et l'engluement complice opéré par le psy ?

On pourrait dire, pour la défense de Mme Bonnet, qu'elle est elle-même prise dans un système qu'elle a contribué à mettre en place et où elle doit tous les jours prouver son utilité ! On ferme les hôpitaux sans patients. Dans le domaine chirurgical aussi, on apprend que des malades sont opérés de faux cancers par des chirurgiens en manque d'actes...

Ne serait-il pas juste qu'un médecin expert qui a – sciemment ou sous l'effet d'un aveuglement coupable – fabriqué de faux certificats d'abus, soit condamné à la même peine que l'on aurait infligée à celui qu'il met en cause, s’il avait été coupable ?

On peut remarquer, à ce propos, à quel point la loi (qui prévoit cinq ans de prison pour les dénonciations calomnieuses) n'est pas appliquée. C'est donc assurées d'une totale impunité que des femmes en colère peuvent tenter de détruire leur conjoint...

L'abusiness, après tout, est un gisement d'emplois qu'il convient de sauvegarder. Mais comment entretenir toute une institution, légitimer d'énormes financements publics ou privés pour les structures, les équipes socio-thérapeutiques, les associations, avec peu de pervers ? Comment pondre un article tous les jours avec peu de pervers ? Comment se faire aimer des parents-électeurs en annonçant des lois, des réformes, de la sévérité accrue, à propos d'un assassinat, atroce, mais qui ne se produirait " "que" " tous les trois ans ?

Pour réussir, prospérer, il faut donc amalgamer, créer un lien de causalité entre des faits qui en sont dépourvus, pour pouvoir à tout moment ressasser le thème obsédant : l'enfant est en danger sexuel ! Bien entendu, les réseaux de l'abusiness ont leurs relais médiatiques. Mais la denrée se fait rare ! On doit tricher, trafiquer de plus belle pour continuer à scandaliser le lecteur.

Dans son numéro du 28/09/98, France-Soir titre sur toute sa une avec une énorme photo mosaïquée : "Stephan, 9 ans, prostitué à Paris". Ce jeune roumain était censé faire partie d'un gigantesque réseau destiné à alimenter la capitale en chair fraîche. La police était impuissante face aux ramification du crime sexuel organisé...

La vérité ? Âgé en fait de 14 ans, il était le seul mineur en cause Note 100. Déjà arrêté et placé en foyer pour délinquance, vols et dégradations de véhicules, il avait fugué pour se trouver des protecteurs argentés...

En 1999, France-Soir Note 101 doit se résoudre à faire sa une et deux pages intérieures avec un seul mineur qui se prostitue très occasionnellement... Pourtant, à peine trois ans auparavant, le même journal nous annonçait que "8000 enfants se prostituent en France" Note 102. On comprend qu'à mesure que le "banc" d'abus s'épuise, on soit obligé d'en inventer. Sinon, que pêcheraient les journalistes et les thérapeutes ? La rubrique pédophilie étant bien ancrée dans les faits divers et de société, il faut l'alimenter, coûte que coûte !

On peut légitimement penser que les truqueurs, les escrocs, les croisés violeurs, les calomniateurs ne seront pas inquiétés outre mesure (peut-être un peu, pour la forme). Il s'agit de préserver l'essentiel, le filon.

f) Réaction des politiques.

Au plan national, il est évident que le champ de leur action s'est considérablement rétréci. La mondialisation rend l'impact de leurs décisions plus difficile à percevoir. Dans le domaine économique et social, l'interdépendance des phénomènes, les pressions internationales, l'importance croissante des décisions prises à l'extérieur du pays, rendent malaisée toute réforme radicale. Pourtant les difficultés subsistent (chômage, précarité, école, insécurité...) et les remèdes ne sont pas faciles à trouver.

L'abus agit comme un test de crédulité publique. Si nos concitoyens, terrorisés pour leurs enfants, gobent "ça", alors on pourra sans doute leur faire avaler d'autres bobards. Pour beaucoup, le conditionnement médiatique opéré au cours de la guerre au Kosovo en est un exemple frappant.

La pédophilie est devenue un sujet consensuel et dérivatif à propos duquel tout le monde ressent la même chose et emploie les mêmes mots pour le dire.

Ceux des politiques qui ne mordent pas à cet hameçon facile se gardent bien, en tout cas, du moindre commentaire. Nul ne peut courir le risque de passer pour trop coulant avec les "violeurs d'enfants". La porte est ainsi ouverte à toutes les surenchères, ce qui conduit en particulier à la défiguration du Code Pénal sous les coups de boutoir d'une opinion manipulée et désinformée.

Toutes les grandes tirades enflammées sur les "viols d'anges" ne sont pas sans rappeler les discussions théologiques un tantinet futiles qui agitaient une Constantinople assiégée et vouée à la disparition...

3) Les logiques de l'abus.

a) Une logique criminelle.

Nous venons de voir comment la caste communicante des sectateurs de l'abus a réussi à imposer son nouveau dogme que nous résumerons d’une phrase : tout abus est systématiquement criminel. Nous allons étudier les conséquences éminemment perverses et liberticides qui en découlent. Les deux qualificatifs "systématique" et "criminel" nous paraissent essentiels pour bien saisir les ressorts de cette idéologie et sa parenté avec toutes les terreurs en "-isme" qui ont été les fléaux de ce siècle finissant.

Parlons d'abord de l'aspect systématiquement criminel de l'abus. Imaginons qu'une personne ait vent d'un cas de "sexe" transgénérationnel. Elle connaît les protagonistes et ne constate aucune conséquence néfaste apparente. Quelle que soit sa compétence professionnelle ou sa valeur humaine reconnue, il lui est interdit d'exercer son propre jugement, d'apprécier la situation dans sa spécificité. La loi de 1997 rend obligatoire la dénonciation de tout abus, soupçon ou rumeur d'abus sous peine de lourdes sanctions pénales.

Qu'est-ce que cela signifie au juste ? En l'absence de toute médiation médico-psychologique ou parajudiciaire, cela revient à mettre en branle une action policière et judiciaire lourde qui entraînera inéluctablement la destruction sociale et morale du déviant et des séquelles probables pour le mineur. Pour avoir voulu éviter cela, des médecins, des éducateurs, des enseignants sont traînés en justice, accusés de non dénonciation. Les médias et les procureurs s'indignent : comment ont-ils pu fermer les yeux ? Coupables, certes, de n'avoir pas soumis leur intime conviction aux rigueurs du Dogme...

Le propre de l'idéologie aveugle, c'est qu'elle doit résister à l'évidence des faits. Celui qui en toute bonne foi, sur le terrain, n'aura pas vu le mal Note 103 sera détrompé par voie judiciaire. Le moindre retard vaudra une mise en examen. Il faut créer un réflexe de délation instantanée. Il n'y a pas lieu de réfléchir puisque le crime est systématique. C'est grâce à ce genre de matraquage idéologique que des enfants endoctrinés d'U.R.S.S. en venaient à dénoncer leurs parents "déviants". Toute tentative pour relativiser "l'horreur pédophile" gonflera de courroux les gardiens du dogme : on l'appellera "banalisation" ou même "apologie de crime contre l'humanité..."

Parlons maintenant de la nature criminelle de l'abus.

Rappelons en préambule que la coupure Note 104 entre générations est aujourd'hui consommée aux États-Unis. En France, elle est en bonne voie. Toute implication forte d'un adulte mâle en milieu adolescent est vécue comme suspecte. Dans l'Etat du Massachusetts, c'est une infraction d'adresser la parole à un mineur inconnu. Il est certain que cette rupture, cette absence de modèle d'identification pour l'ado en dehors de sa classe d'âge, en particulier dans les familles éclatées, est un facteur de violence. Il arrive de plus en plus que des ados d'apparence normale et sans antécédents, commettent des crimes affreux. Assassinats sordides, boucheries scolaires à répétition, incitent une société désemparée à se cabrer et à durcir ses lois. Aux E.U. les coupables des crimes les plus graves sont jugés comme des adultes quel que soit leur âge.

Or, suite aux fausses théories propagées par l'abusiness, les actes sexuels consentis avec un mineur ou même entre mineurs sont hautement criminalisés et traités à égalité avec les massacres de masse ! Voilà pourquoi, en bonne logique, un garçon de 11 ans se retrouve avec les chaînes aux pieds...

b) Logique yankee et exception française.

Aux E.U., en matière d'abus, les institutions agissent avec une barbarie non dénuée d'une certaine logique. L'ex baba-cool Hillary Clinton Note 105, à qui on posait, en 1995, la question : "A quel âge les jeunes peuvent-ils commencer à avoir une vie sexuelle ?", répondait ceci :

" Ma théorie, la voilà : ne faites rien avant 21 ans et ensuite, je ne veux pas en entendre parler. Note 106"

Le sexe est donc un mal auquel on se résignera chez l'adulte déchu mais dont il faudra protéger la jeunesse, aussi tard que possible. La répression sera équitable. Une instit Note 107 qui attend un bébé de son élève de 13 ans sera mise en prison pour 7 ans. Un enfant de 11 ans qui caresse sa petite sœur sera incarcéré. Il faut bien comprendre que la répression sexuelle américaine est d'essence religieuse. Le saupoudrage médico-scientifique est de pure forme, il sert de paravent à un fanatisme moral constitutif. C'est pourquoi les chiffres de l'abus n'ont pas besoin d'être exacts. Le plus souvent, le coupable est un homme mais le démon du sexe peut aussi habiter une femme ou un enfant. Mâle, femelle, enfant ou prix Nobel Note 108, celui qui s'adonne au sexe mineur est déchu de son immunité. L'Amérique est en guerre civile permanente. Contre le Mal, le Péché ou sa version laïque, le politiquement incorrect...

Comme chacun sait, la France est experte en Droits de l'Homme : extrêmement pointilleuse sur le sujet... Ce qui ne l'empêche nullement de copier le fanatisme moral anglo-saxon pour tenter de l'acclimater au pays de la Raison et de l’Égalité... Méconnaissant le fondement intégriste de l'abus-mania, on assaisonne le concept à la sauce hexagonale. Il demeure toujours aussi barbare; il devient, en outre, absurde et discriminatoire.

Constatons déjà que, chez nous, la femme est disculpée à l'avance de tout soupçon d'abus Note 109. On assiste d'ailleurs à un incroyable retournement sémantique. Qu'un prof ou un éducateur ait une relation pédérastique avec un adolescent, il ne peut s'agir que d'un viol, d'une prédation, d'une subjugation de l'ado fragile par l'adulte pervers. Que donne ce même scénario lorsque l'adulte est une femme ?

Paris-Match annonce la couleur : "Moi, Muriel F., coupable d'aimer..." Une institutrice de 34 ans baisant avec un élève de 14 ans Note 110 devient une martyre de l'amour. Comment peut-on s'opposer à une idylle aussi sublime ? La victime (l'adulte, bien sûr ici !) a subi "un rapt psychologique" Note 111. Une femme mûre exploitant un enfant ? Que nenni ! Pour la loi, il s'agit d'un délit dont nul n'avait entendu parler et qui n'a jamais servi à excuser la moindre relation pédérastique : "soustraction sans fraude ni violence d'enfant mineur des mains de celui qui exerce l'autorité parentale". C'est du sur mesure. Évoquer l'aspect sexuel serait tellement vulgaire...

On se demande vraiment ce que font les comités chargés de lutter contre la discrimination anti-homosexuelle ! Sont-ils trop accaparés par le PACS ? Le cas est pourtant flagrant. Des années de prison à coup sûr pour un rapport homo et un satisfecit pour l'amante héroïque. Enfin... un mois de prison avec sursis... à regret, on l'imagine. L'élève était un "séducteur" Note 112, hétéro semble t-il. Eut-il souhaité exprimer sa sexualité précoce avec un homme, on l'aurait changé illico en victime abusée. Magie du verbe.

Revenons à Raoul, qui a le défaut d'être un mâle, mais demeure tout de même un enfant... Devant l'Europe indignée qu'on ait pu emprisonner, menotter, entraver un gamin de 11 ans, le shérif qui l'a arrêté rétorque : "C'est la procédure normale". On ne peut que lui donner raison. Crime violent, sexe interdit sont deux facettes du Mal. Et la logique américaine punit le Mal, quelle que soit la personne qui l'incarne. Pour l'Amérique bien pensante féministe et pédolâtre, Raoul et Mary Letourneau sont des ennemis intérieurs, des Sudistes...

La logique française est un peu chamboulée... On n'ose pas trop avancer la banalité du "touche-pipi" car cette expression (dangereusement dédramatisante) est devenue totalement incorrecte. Alors, pour ne pas changer, on se contente de pester contre le traitement que l'Amérique inflige à ses "enfants criminels," sans distinction. Le cas Raoul est mis en parallèle avec celui d'un autre gamin qui a dégommé un passant à la carabine. Aucun média pour reconnaître qu'un bricolage frère-sœur (quand l'aîné à 11 ans) relève d'une admonestation parentale et non d'un traitement carcéral ! Donner des leçons de Droits de l'Homme aux Américains, ça ne coûte rien mais il ne faut surtout pas risquer de tarir le filon de l'abus !

Cette position absurde appelle deux réflexions.

• Le sexe intergénérationnel étant de nature systématiquement abusive, pourquoi ne pas considérer que Raoul a exploité la naïveté de sa petite sœur, aux yeux de laquelle il jouit d'un prestige de "grand" protecteur ? La France hésite, en fait, entre la logique du prédateur en herbe et celle de l'enfant forcément angélique !

• Raoul, s’il est "coupable", a bien fait preuve de curiosité sexuelle, il a bien pris l'initiative de jeux libidineux sans gravité ni contrainte avec sa petite sœur. En quoi aurait-il pu être victime si cette même curiosité l'avait poussé à provoquer des jeux sexuels avec un adulte ou à y consentir ? Il n'est pas concevable qu'une envie sexuelle enfantine ne puisse ressortir qu'à l'abus. Si on refuse de faire place au consentement explicite du mineur, il faut, à la yankee, sanctionner tout acte tabou quel que soit l'âge de son auteur...

En France, on fait mine de considérer l'affaire Raoul comme le "dommage collatéral" d'une juste cause. On ne peut avouer clairement que le jeu sexuel non violent n'est pas un crime, car cela reviendrait à diminuer la responsabilité de l'adulte abuseur.

Alors on biaise et on demande, en fait, que tous les enfants soient largement déresponsabilisés, même en cas de crime violent. Nul n'admet que le tripotage exploratoire en fratrie n'a pas à intéresser le législateur alors que le crime violent ne peut à l'évidence que le concerner !

En fait, le cas Raoul est la conséquence directe d'une extension démesurée de la notion d'abus. N'oublions pas que la définition même de l'abus est donnée par ceux qui sont chargés de l'identifier. Chez nous, le féminisme médico-médiatique le retaille à ses mesures, quelles que soient les distorsions et les discriminations qui en résultent.

En Amérique, au moins, on respecte des dehors égalitaires dans le traitement judiciaire des interdits sexuels.

4) La résistance éclatée.

On pourrait comparer la lutte contre l'abus à cet antidote administré aux soldats de la guerre du Golfe. Destiné à protéger les G.I.s d'un danger qui s'est révélé imaginaire, le remède-poison a gravement affecté la santé de 100 000 d'entre eux...

Le procureur chargé du dossier Raoul, après l'avoir gardé plus de deux mois en prison, s'est permis de conseiller aux parents un "suivi psychologique" de ce grand pervers. Ce à quoi la mère du gamin a répondu qu'effectivement il serait "soigné, mais uniquement pour le traumatisme subi dans les prisons américaines."

Malgré les conséquences négatives voire tragiques que nous avons évoquées, les sectateurs de l'abus continuent à agir sans rencontrer de résistance. Pour tenter d'en expliquer la raison, il nous faut aborder sommairement les techniques de désinformation. Nous nous en tiendrons aux aspects qui peuvent intéresser notre commentaire.

a) L'art du lien.

Une première technique fréquemment employée consiste à créer un lien artificiel entre un grand crime et le coupable que l'on a sous la main. Ce grand crime peut être réel (Shoah, Dutroux) ou postulé (Kosovo).

• En Belgique, le crime de Dutroux était si atroce qu'il était médiatiquement impensable de se contenter d'un seul coupable. Alors, pour nourrir la meute que l'on avait déchaînée, des ministres furent traînés dans la boue. Ce que tous les morts du sang contaminé n'ont pas réussi à faire en France, un sinistre fait divers a bien failli le provoquer en Belgique: la mise en cause et le balayage d'un gouvernement et des principales institutions du pays. Nos hommes politiques en ont pris de la graine...

• A Bordeaux, on se saisit d'un vieillard, un notable hautain et peu sympathique. Le procès qu'on lui fait n'a pas à être juste et exemplaire. Non. Il doit être symbolique et pédagogique. 55 ans après les faits, impossible de prouver quoi que ce soit. Aurait-il pu empêcher des déportations ? Est-ce que ça aurait été pire sans lui ? On ne le saura jamais. Le vieux Papon n'est plus qu'un macchabée-vivant ( ! ) On l'allonge dans l'amphi judiciaire et on le dissèque au bistouri médiatique pour donner une leçon de mémoire à la jeunesse.

• Au Kosovo, profitant d'une guerre civile attisée de l'extérieur, on anesthésiera le sens critique en lançant le mot "génocide". Cela suffira pour justifier des bombardements humanitaires qui causeront des milliers de morts...

b) une résistance divisée.

Il est possible que certains de nos lecteurs ne partagent pas notre analyse sur les événements d'actualité que nous venons d'évoquer rapidement ! La grande force de la désinformation, c'est justement de diviser ses adversaires. La sensibilité à la propagande est rarement globale. Elle suit la ligne tracée par les clivages idéologiques ou par les intérêts individuels. Ceux qui verront la vérité n'auront souvent ouvert qu'un œil. Chacun dénoncera le mensonge dont il est victime et s'accommodera de celui qui l'arrange. Une lucidité débrayable en somme.

On entendra : "Il est scandaleux de mettre un vieillard de 90 ans en prison... alors que des violeurs d'enfants sont en liberté."

Ou alors : "On pourchasse les pédérastes mais on n'est pas capable d'arrêter Milosevic."

Cela s'explique. Nous sommes quotidiennement accablés de mauvaise conscience humanitaire et soumis à des alternatives truquées : Acquitter Papon c'est cautionner la Shoah..., Ne pas pilonner la Serbie c'est être complice d'un génocide, etc...

Pour finir de sceller notre inertie mentale, la pensée unique multi-supports (il suffit de voir la devanture des kiosques !) laisse croire à une diversité de points de vue et tue la curiosité de chercher des informations plus difficilement accessibles. Au lieu de brûler les livres, on les boycotte et on sature le public d'infos correctes. L'oie, gavée à bloc, n'ira pas chercher d'autre nourriture...

Et pourtant , si toutes les victimes de la pensée unique, au lieu de se crisper uniquement sur la désinformation qui leur nuit, consentaient à unir leurs réflexions sans exclusive...

 

IV. FOUCAULT ET L'ENFANT MASTURBATEUR.

Il est frappant de constater que les actuelles campagnes pédophobes Note 113 jouent exactement le même rôle que les croisades anti-masturbation au 19ème siècle.

Au moment ou Foucault donnait ses cours au Collège de France, ce qu'il est convenu d'appeler "la libération sexuelle" (M.L.F., F.H.A.R. homo, Charte des enfants...) battait son plein. Rien ne laissait présager les campagnes abusives des années 90. Des journaux de gauche défendaient le droit à l'amour intergénérationnel qui était dans le vent. Les Tribunaux, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire aujourd'hui, sanctionnaient sans faiblesse les attentats à la pudeur – qui toutefois n'étaient pas encore confondus avec le viol...

Étudions point par point les similitudes troublantes entre les croisades branlophobes des 18-19ème siècles Note 114 et les campagnes abusives de la fin du 20ème.

Foucault note que "le discours sur la masturbation prend la forme, beaucoup moins d'une analyse scientifique, que d'une véritable campagne : il s'agit d'exhortations, de conseils, d'injonctions". Foucault parle de croisade. C'est exactement le terme employé à propos des abutineuses dont nous avons parlé. Bouillon est appelée "la croisée anti-pédophile". Botte est baptisée "passionaria anti-pédophile". Le style de toute cette littérature est toujours le même. Jamais d'argumentation construite, pas de définition des termes employés. Juste une hystérie haineuse. Qu'on en juge d'après une page prise presque au hasard dans le livre de Simone Chalon Note 115. Cette grande penseuse, courageuse et nuancée, fait partie des "happy few" immédiatement consultés par les grands médias dès qu'une "horreur pédophile" se produit en France. Elle ne peut contenir sa colère car, dans un coin obscur d'une obscure revue, elle a relevé une opinion dissidente, révisionniste et criminelle sur l'abus Note 116. Voyons les termes utilisés par cette dame :

" Je ne peux que m'insurger... délires littéraires... lâcheté et malignité... je tremble de colère en lisant ce genre d'ineptie... ces ignobles propos... on croit rêver... textes révoltants...l'auteur pousse l'ignominie... etc... "

Le tout dans une seule page (p 104) du bouquin ! Autant dire que l'invective occupe toute la place qui, dans un ouvrage pensé et écrit, devrait être dévolue à la contestation argumentée...

La réfutation cède le pas à l'ire trémulante. Il s'agit, telle une orfraie hérissée, de faire fuir l'adversaire par des vociférations rageuses afin d'occuper seule le terrain. Alors même que l'univocité la plus totale règne déjà...

Qu'un esprit distingué comme M. Finkelkraut s'avise de moduler très légèrement le consensus haineux, Mme Bouquet Note 117 lui vole dans les plumes. Aucun argument n'est nécessaire pour cela. Il suffit de hurler, de faire la preuve par les cris...

A propos du discours sur la masturbation, Foucault parle de "fabulation scientifique". Il s'agit de dénoncer les médecins qui, profitant du préjugé d'autorité que leur confère leur titre, tiennent des propos délirants sans fondement scientifique aucun.

C'est exactement ce que nous avons noté à propos des ouvrages sur l'abus. Bauserman remarque "qu'on a généralement étiqueté les attitudes en fonction de la morale et non de la science, même si ce sont des scientifiques et non des profanes qui utilisent ces étiquettes dont l'usage peut avoir des conséquences graves".

Un des moyens employés par les médecins du 19ème pour faire passer leur conception de l'onanisme "maladie totale" est d'avoir recours à "une sorte de genre littéraire qui est la lettre de malade". Ces lettres sont, pour la plupart, écrites par le médecin lui-même. Il s'agit, on le comprend, d'étayer par des "témoignages vérité" une théorie un peu douteuse. Une sorte d'aveu à la première personne où justement, à travers les déclarations innocentes du malade qui s'épanche, se vérifient les hypothèses du médecin. Celui-ci, une sorte d'anti-Pasteur, au lieu d'étudier une pathologie réelle, crée un patient imaginaire affublé de tous les symptômes de la maladie qu'il a inventée pour sa plus grande gloire.

C'est exactement ce que fait P. Meney dans Les voleurs d'innocence, le document marron qui plaît tant au Dr Lopez. Tout le bouquin est basé sur une lettre de malade qu'un psychopathe assassin est censé lui avoir écrite. Extraits :

" Je me livre au viol de fillettes depuis l'âge de 22 ans et j'en ai près de 60... Des enlèvements comme celui-là, j'en ai fait des dizaines... La ramener chez moi pour la violer mais aussi pour la tuer. Je n'en étais pas à mon coup d'essai... vous la regardez se tordre, pleurer et faire des grimaces... bien souvent la gamine oubliait que je l'avais embarquée de force dans la voiture, et elle commençait à me considérer comme un copain. Elle m'embrassait en partant... Note 118 j'ai trouvé la filière... j'expédie les gamines en Allemagne... dès quatorze ans elles sont retirées de la circulation, proprement et sans laisser de traces... etc. "

Meney précise pour authentifier la chose : "Psychiatres et policiers m'ont dit que ce récit est conforme aux aveux qu'ils ont l'habitude d'entendre". Meney opère un croisement entre le serial killer à l'américaine et "le pédophile qui croit qu'il ne fait pas de mal" pour montrer qu'il s'agit en fait du même homme : l'auteur de la lettre. Sa parabole monstrueuse tend à nous convaincre que l'acte criminel est inscrit dans la pédophilie ordinaire, qu'il en est inséparable. En outre, il laisse entendre que ce genre de personnage est assez répandu puisque les policiers assurent qu'ils ont l'habitude de recueillir ce genre de confession.

Ce faux manifeste, qualifié par le Dr Lopez "d'ouvrage bien documenté", ramasse tous les fantasmes ogresques latents en vue de réalimenter le bûcher pédophobe.

Meney, qui a fait carrière dans la détresse à grand spectacle, sait qu'on peut manipuler l'opinion avec des faux grossiers. Sans risques. Il est absout à l'avance, chacun étant persuadé que cela va dans le bon sens, celui d'une protection renforcée pour nos enfants.

Mais, au fait, qu'est-ce qu'un "bon sens" balisé tout du long par les mensonges, l'amalgame et la désinformation ? Il s'agit de rien moins qu'une incitation à la haine et au meurtre. Qui n'aurait envie, à la lecture de sa lettre, d'estourbir l'ignoble salopard (virtuel) qui, en plus, nous nargue ?

Mais – il faut le rappeler car c'est essentiel – ce monstre cynique, c'est le même qui peut avoir des relations "copain" avec les fillettes qui le remercient et l'embrassent en partant ! Le manipulateur et l'assassin-trafiquant d'enfant fusionnent. La haine du second peut donc légitimement se porter sur le premier.

Les conséquences font partie des faits divers. On assiste à des massacres suite à un soupçon d'attouchement, à l'exécution de "pointeurs" Note 119 par des co-détenus, à des suicides familiaux dus à une accusation, à des autolyses Note 120 de personnes persécutées ou effarées par l'image que la société leur renvoie d'elles-mêmes.

Cette lettre de malade est trop démonstrative du propos calculé de Meney pour être l’œuvre d'un mauvais plaisant. Il s'agit donc bien, à l'évidence, d'un bidonnage criminel.

Après avoir étudié les méthodes propagandistes, venons-en au fond de la théorie branlophobe. Que prétend-elle nous enseigner ? Il s'agit, selon Foucault, de "démontrer la puissance causale inépuisable de la sexualité infantile ou du moins de la masturbation (et de) rapporter à un certain interdit sexuel tout le champ du pathologique, et ceci jusqu'à la mort... son temps d'effet est absolument aléatoire : une maladie de vieillesse peut parfaitement être due à une masturbation enfantine... la masturbation est en train de devenir la causalité universelle de toutes les maladies. En portant la main à son sexe, l'enfant met en jeu, sans pouvoir en calculer les conséquences, sa vie toute entière".

On pourrait dire la même chose de l'abus sexuel, mot pour mot ! Bauserman nous rappelle que des spécialistes contemporains ont tenté d'expliquer la quasi totalité des psychopathologies adultes par l'abus sexuel. La multiplicité des symptômes souvent contradictoires imputables à l'abus permet à celui-ci de devenir le principe explicateur de tout mal-être. L'enfant moderne sera ensorcelé par son abus comme celui du 19ème l'était par son onanisme. De même que la masturbation rendait sourd (et fou), l'abus rendra amnésique (et suicidaire) dans l'intérêt bien compris des spécialistes de la mémoire retrouvée.

En ce qui concerne la thérapie, Foucault nous dit que "cette campagne comporte également des institutions destinées à soigner ou guérir les masturbateurs... des appels de médecins qui promettent aux familles de guérir leurs enfants de ce vice".

On connaît les véritables instruments de torture destinés à empêcher, mécaniquement, les enfants de se branler Note 121. Bauserman nous rappelle fort à propos que la circoncision était destinée à empêcher l'auto-abus lors de la toilette. Foucault nous affirme qu'à la fin du 19ème siècle des médecins pratiquaient encore l'excision sur des petites masturbatrices. Aujourd'hui, les cages à serrures et les étuis péniens ont laissé la place aux verrous psychiques commandés à distance...

Ce culte de l'aveu, dont parle Foucault à propos des médecins onanophobes, peut expliquer l'engouement de nos spécialistes modernes pour la mise en scène judiciaire :

" Il faut que le malade reconnaisse son mal. Il faut qu'il en comprenne les conséquences, il faut qu'il accepte le traitement, bref il faut qu'il avoue... "

Dans un cas d'abus sexuel, l'aveu de la "victime" peut être obtenu par des interrogatoires répétés et orientés jusqu'à obtention de la "bonne" réponse. Nous avons vu ce qui pouvait inciter un mineur à endosser le rôle de victime...

Quant au perpétrateur, d'après la nomenklatura psy, "l'effet cinglant de la judiciarisation et le prononcé du temps de la peine sont des facteurs essentiels pour l'abrasion du risque de récidive" Note 122.

Nous avons eu l'occasion d'assister à un des rares procès pour "tourisme sexuel" organisés en France. Il s'agissait à l'évidence d'étrenner la nouvelle loi, de bien montrer qu'elle existait, sous l’œil des caméras et des journalistes. Jusqu'au jour du procès, un des accusés s'était montré réfractaire à ce qu'il appelait le "lavage de cerveau" auquel on voulait le soumettre. Il avait eu des rapports sexuels avec un garçon âgé d'après lui de 15 ans, au Sri Lanka. Bien entendu, la victime figurant sur des photos qui avaient entraîné le dévoilement de l'affaire n'avait été ni interrogée ni même identifiée. Le substitut furieux agitant la menace d'un procès d'assises et de 20 ans de réclusion, l'accusé fut contraint de reconnaître, à l'aide des mots mis dans sa bouche par le procureur lui-même, qu'il "n'aurait pas renoncé à avoir des rapports avec ce garçon, même si il avait eu moins de 15 ans". Il dut par conséquent avouer qu'il était malade et accepter de se soumettre à des soins au cours de sa longue peine (5 ans) et après. Si on passe sous silence le petit chantage à la mort carcérale opéré par le substitut, voilà un bel hommage rendu par un condamné repentant à la puissance et à la compétence des experts psychiatres ! Un superbe aveu arraché au finish !

Si on fait les comptes, on s’aperçoit que les experts modernes font une meilleure affaire que leurs collègues du 19ème. Pour chaque abus déniché, ils disposent d'une double clientèle potentielle : les "victimes" et les "coupables" soumis tous deux aux soins forcés.

Foucault conclut qu'il s'agit là (il parle de masturbation) d'une "grande persécution physique de l'enfance au 19ème siècle, qui a presque l'ampleur des persécutions contre les sorciers au 16ème et 17ème siècles". Mais quelle utilité sociale a pu avoir cette croisade cruelle ? Foucault pense qu'il s'agissait alors de confier à une famille restreinte la surveillance physique rapprochée de l'enfant, afin que celui-ci puisse arriver sain, apte et docile dans les nouvelles institutions d'état chargées de le former...

Parallèlement, nous devons essayer de comprendre quelle est aujourd'hui l'utilité sociale des campagnes contre l'abus.

V. POURQUOI ?

Qu'est-ce qui peut expliquer l'éclosion et le succès de ces nouvelles théories à ce moment précis de notre histoire ?

Il nous faut revenir, avec un éclairage un peu différent, à l'idéologie féministe dont nous avons parlé. Nous avons vu que celle-ci fait de la femme, dans la famille et au niveau politique, le garant de la protection de l'enfant. Nous avons montré aussi comment cette position servait à promouvoir l'idée de parité.

Or, nous pensons avec Soral que "l'esprit féminin (et son goût des objets)" est également là pour nous "faire accepter le rôle de purs consommateurs auquel le néo-libéralisme nous a déjà condamnés" Note 123.

Dans cette même optique, on constate que tout le folklore libérateur de l'après 68 est aujourd'hui utilisé et encadré pour favoriser des marchés, préserver des intérêts corporatistes, masquer des impuissances.

La rencontre des idéologies progressistes dénaturées et de la société marchande qui les utilise à son profit nous semble être un élément essentiel.

Nous allons prendre quelques exemples.

a) le porno.

Il est un peu le résidu fossilisé, le coprolithe des mouvements de libération sexuelle. Young et les gourous de l'orgasme nous l'avaient prédit : nous allions nous accomplir pleinement par l'épanouissement de nos facultés de jouissance. Désillusion. Le porno, le peep show nous proposent en fait un voyeurisme tarifé, un concentré de génitalité totalement isolé du reste de notre existence, une sexualité parcmètre.

En décembre 96, un des magnats du porno business en France, M. Benazéraf, était invité à s'exprimer sur France Culture. "Il faut baiser les pédophiles", annonçait-il, témoignant à leur égard d'une haine étrange. Comment l'expliquer ?

La pornographie officielle, comme l'homosexualité "gay", sont des formes hautement standardisées pouvant laisser croire que nous jouirions aujourd'hui d'une liberté jamais égalée. Mais le porno normé implique au contraire un rétrécissement du champ érotique. En effet, la prospérité du commerce pornocrate implique qu'en contrepartie la pureté des plus jeunes soit garantie. L'angélisme fait bon ménage avec le culte des démons de midi.

Pour disposer et profiter de tous les supports de diffusion modernes, la pornocratie ne peut pas se permettre d'être accusée de corrompre la jeunesse. Elle doit en rajouter sur la pureté pour mieux tirer profit de la débauche...

De même, la tranquillité du bastion gay suppose l'abolition de la pédérastie. La pureté mythique de l'enfant et de l'adolescent Note 124 sera abandonnée, en compensation, aux gardiens de l'ordre moral (et à leurs alliés objectifs féminazes) résolument hostiles aux pédés et au porno... et qui les ont à l’œil ! Le marketing de la dépravation fait son beurre sur la continence des mineurs.

b) Le monde homo.

Sans doute pour ne pas attirer de trop jeunes oreilles en vadrouille sur les ondes, la station de radio Fréquence Gaie s'est rebaptisée Radio F.G... Entre deux boum-boums techno, de larges plages de pub confirment le pouvoir hautement consommateur de la société gay – et de son franc rose – toute béate d'américanité primaire.

Ceci explique que l'on soit passé d'un premier type Note 125, le modèle homo-pédérastique d'essence grecque discret et furtif, à un second, le modèle gay, plastronnant, revendicateur et très courtisé pour son pouvoir d 'achat.

• Le premier type, susceptible de toucher une bonne partie de la jeunesse, est un modèle transitoire, potentiellement éducatif et compatible avec la famille hétérosexuelle.

• Le second touche une partie réduite – mais influente – de la population. Il est permanent (ghetto), très inscrit dans la société marchande, et généralement incompatible avec une vie de famille hétéro.

• Bien entendu, tous les homosexuels ne s'inscrivent pas dans ce schéma réducteur. Bon nombre d'homos bien intégrés, tolérants et discrets sont ulcérés par la caricature gay !

Malgré la promotion médiatique de la Gay Pride Note 126 et l 'acceptation de l'homosexualité adulte, il semble bien que la plupart des familles refusent, pour leur enfant au moins, le modèle permanent.

Cette homosexualité maniérée, marchande, sidéogène, coupée de la famille hétéro et de l'enfantement, agit comme un repoussoir.

Les parents craignent qu'une expérience précoce prédétermine leurs enfants et les enferme dans le ghetto gay. Et même si l'enfant ne devient pas homo, cette sexualité nuisible pèsera d'un poids insupportable sur son équilibre adulte...

Autrefois, en cas d'expérience précoce, faute d'un modèle gay visible et institué, les parents tendaient à minimiser l'incident qui ne pouvait que s'inscrire dans un processus de maturation hétérosexuelle. Aucun modèle permanent n'existait pour nourrir leur peur que l'enfant soit aspiré par une autre sphère...

c) les nantis.

De temps en temps, pour faire oublier les profits colossaux réalisés par les spéculateurs et les maîtres de "l'horreur économique", on jette un notable en pâture aux classes pauvres.

Déjà, à d'autres époques, puritains et calvinistes prêchaient que le sodomite Note 127 témoignait "d'un mépris envers les pauvres". Les idées puritaines devenaient "dans des mains ignorantes, les armes terribles d'une revanche sociale" Note 128.

On se souvient du notaire de Bruay-en-Artois, trop nanti pour être honnête... Dans cette même région industrieuse, un film d'Yves Boisset présente Une femme flic qui, seule face à l'omerta locale, met fin aux agissements d'une conspiration de nantis ligués pour violer des enfants d'ouvriers Note 129. A quelques kilomètres de là, l'ignoble Dutroux ne pouvait pas avoir agi seul. Il fallait que derrière lui se cachent des pervers haut placés...

On a beau prouver que, dans les pays de prostitution enfantine et adolescente, la clientèle est à 95% locale et que cette prostitution, aux racines purement autochtones, prospère en outre sur la pauvreté dans laquelle on laisse ces pays s'enfoncer, rien n'y fait. Le responsable ne peut être que le passager de "viol charter", ce nanti qui vient pourrir des enfants, frères des nôtres, qui fouillent si dignement dans des tas d'ordures pour survivre. Dans un débat d'Arte sur le sujet, le douteux Zorro suisse Ziegler insistait à plusieurs reprises pour préciser que les salauds corrupteurs étaient "tous en costume-cravate..."

On s'est aperçu, il y a peu, que les moralisateurs des plateaux de télévision, les grands dénonceurs publics, figuraient parmi les nantis les mieux payés de France ! Se mettre du côté des plus modestes en tapant sur les "pervers" haut placés, cela peut rapporter gros !

d) la justice.

André Gide, le "contemporain capital Note 130 " n'a jamais travaillé. Il est le parfait exemple du nanti pédéraste. Au début du siècle il fut juré d'assises ; il pourrait aujourd'hui être jugé pour viols et tourisme sexuel...

La Justice est, nous l'avons vu, soumise aux pressions croisées des médias et des politiques. Les news sont de plus en plus gorgées de judiciaire. L'hermine pâlit sous les flashs.

Dans certains domaines essentiels, notamment la violence physique et le respect de la propriété, elle a du mal à rentrer en condamnation. Que faire contre des bandes de jeunes qui, venus assister au procès de l'un des leurs, huent les magistrates et pissent contre les portes de la salle ? On ne peut pas risquer un embrasement des cités. Les échéances politiques approchent...

Et que dire de ces policiers présents au procès de certains d'entre eux, accusés de "tortures et actes de barbarie" sur des prévenus, traitant en pleine salle d'audience et sans se gêner les magistrates d'"enculées" et de "salopes" parce que le verdict ne leur avait pas plu Note 131 ? Avec succès d'ailleurs, puisque, conscients qu'on ne peut pas se mettre la police à dos, des magistrats libéreront les présumés tortionnaires en appel.

Les crimes commis par des mineurs sont, eux aussi, de plus en plus fréquents. Une association de trente parents dont les enfants ont été tués par des mineurs s'est créée, indignée par le laxisme dont la justice a souvent fait preuve à l'égard d'adolescents multirécidivistes violents Note 132.

Il reste quand même un secteur où la Justice agira sans mollir et sans sourciller. Dans des affaires de mœurs sans violences, des magistrats encouragés par la rumeur publique prononcent des sentences de mort carcérale. Cela compense. Nous citerons cette brève du Parisien Note 133:

" R.T., accusé de viols ou d'agressions sexuelles sur dix enfants, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle... Pour s'attirer l'affection de ses victimes, il leur offrait des cadeaux ou des voyages. "

Voilà donc ce qu'en quatre petites lignes on peut retenir de plus grave pour justifier l'emprisonnement"à mort" d'un homme de 54 ans ! Au lieu de les violer brutalement, ce qui aurait été plus franc, le monstre offrait des cadeaux et des voyages... contre de l'affection. Ça dépasse l'entendement ! Pour la peine, il ne bénéficiera même pas des grâces présidentielles accordées aux mutilateurs et aux assassins...

En matière d'abus et de mineurs délinquants en particulier, la Justice semble inféodée à un secteur psycho-social qui, nous l'avons amplement démontré, a perdu le nom de science en s'affranchissant de l'exigence de la preuve "sans laquelle tout discours se condamne aux fragilités de la croyance et à la naïveté des convictions" Note 134.

Malgré ses errements et sa dépendance, notre Justice sans Pyrénées se voudrait absolue et universelle.

e) l'enfant mutant.

Suite à l'affaire Dutroux, une marche blanche avait fait descendre 300 000 Belges dans les rues. Les médias avaient réussi à persuader la population que des Dutroux il y en avait partout, grâce à la complicité du gouvernement qui comptait en son sein une mafia pédophile (Botte avait les noms).

Au delà du pilonnage médiatique, comment expliquer plus profondément le succès que ces campagnes ont rencontré dans l'opinion ? Nous avons mentionné la revanche sociale, très circonscrite, autorisée contre les pourris au pouvoir qui s'envoient les enfants du peuple.

Il semble bien, aussi, que la protection de la jeunesse permette d'occulter un problème que notre société a du mal à regarder en face : la protection contre la jeunesse.

L'incarcération de plus de deux millions de personnes a permis de réduire un peu la délinquance globale aux E.U. En revanche, le nombre des mineurs arrêtés pour meurtre a augmenté de plus des deux tiers Note 135 ! De temps à autres, un massacre scolaire – 6 en 18 mois ! – émeut l'opinion. On se demande avec combien d'années de décalage les mêmes carnages vont se produire en France... On sait que, chez nous, les crimes de mineurs explosent déjà et que la violence scolaire est en constante augmentation.

Dans ce contexte, la protection sexuelle semble être le dernier pouvoir entre les mains de parents qui ne peuvent plus "corriger" leurs enfants – dans tous les sens du terme.

C'est aussi l'ultime rempart dressé contre un monde extérieur marchand et dédivinisé.

En outre, on constate que le progrès technique permanent accentue le décalage entre générations. Les enfants nés avec l'informatique s'y meuvent avec aisance, parfois avec génie, alors que les parents, eux, piétinent. Les vedettes du sport ou de la chanson, de plus en plus jeunes, ont moins à attendre de leur famille que de leur coach ou de leur producteur qui sauront les guider et gérer leur ascension.

Les parents conservent encore la "garde du corps" de l'enfant. Ils ne peuvent, toutefois, l'exercer seuls. Il doivent collaborer avec les institutions scolaires et socio-éducatives chargées de les assister et de les orienter dans leur tâche. Un refus pourrait entraîner un soupçon de dérive sectaire, voire sectaro-pédophilique.

En s'obnubilant sur un agresseur sexuel largement fantasmé, les parents donnent une forme tangible à toutes les forces diffuses qui éloignent et menacent leurs enfants. Ceux dont les enfants, privés d'amour, ont rencontré le pédéraste consolateur, sont les premiers à vouloir la mort de celui sur qui la société les autorise à rejeter la responsabilité de tout le malaise familial !

La consubstantialité parent-enfant, poussée à l'extrême, est parfois illustrée par des faits divers tragiques. C'est le rituel d'anéantissement familial. Le parent suicideur, pour qui l'enfant n'est qu'un prolongement de lui-même, donne la mort à sa progéniture avant de se supprimer. Mais c'est dans la discrétion que meurent ces enfants sans prénom, victimes de rancunes adultes ou d'une explosion de normalité bourgeoise...

VI. CONCLUSION.

Comment le rapport Bauserman a t-il été accueilli aux E.U. ? Très fraîchement, comme on pouvait s'y attendre ! Des attaques virulentes ont été portées contre la très puissante A.P.A. Note 136 qui publie la revue où l'article de Bauserman avait paru. Les médias, à l'instar du fameux docteur Laura – une Ménie Grégoire yankee – y sont allés de leurs hoquets courroucés, "on croit rêver", "ça me rend malade", accusant tout simplement l'A.P.A. de complicité avec les violeurs d'enfants... Les attaques étaient si violentes que les journaux ont pu parler d'une véritable croisade menée contre les auteurs du rapport.

L'A.P.A., passablement ébranlée, publia deux communiqués contradictoires, l'un affirmant qu'elle avait toujours lutté contre l'abus sexuel et qu'elle continuerait à le faire et l'autre qu'elle avait examiné la recherche incriminée sous toutes les coutures et l'avait trouvé scientifiquement valide.

Le Congrès eut une réaction très américaine : il demanda comment une recherche qui aboutit à des conclusions aussi incorrectes avait pu être financée. Des députés s'insurgèrent à l'idée que les deniers publics aient pu servir à obtenir des résultats aussi désagréables, fussent-ils scientifiquement incontestables. En réalité, aucun fonds n'a été investi dans cette étude. Les chercheurs l'ont menée bénévolement durant leur temps libre. Quant à l'autre A.P.A., Note 137 également mise en cause, voyons ce que dans un jargon impayable ses représentants ont déclaré (textuellement) :

" Nous n'acceptons pas les recherches incorrectes, et toute recherche qui déclare possible le consentement de l'enfant est incorrecte. "

" Un enfant ne peut consentir s’il n'a pas atteint l'âge où il est légalement autorisé à consentir. "

Le moins que l'on puisse dire, c'est que de tels sophismes nous renvoient plus aux interdits religieux qu'à la rigueur scientifique !

Pour finir, l'A.P.A. déclarait qu'elle n'avait tenu compte que de la valeur scientifique de la recherche et avait négligé ses implications sociales et politiques, ce qu'elle promettait de ne plus faire à l'avenir... Le rapport fut transmis à Clinton qui, au mois de juin 99, ne l'avait toujours pas lu.

Le problème, il est vrai, est délicat. Si malgré des contre-études qui, n'en doutons pas trouveront facilement un financement, on n'arrive pas à nier la validité du rapport Bauserman, la justice américaine s'expose à une cascade de procès en réparation, intentés par ceux qu'une conception trop systématique de l'abus a fait condamner.

Il serait préférable de contraindre Bauserman à abjurer sa théorie, comme Galilée avait dû le faire en son temps... Revenons un instant à nos Créationnistes que Darwin, on le sait, dérange dans leurs convictions religieuses. Nul doute que, s’ils étaient au pouvoir, ils s'indigneraient qu'on dilapide l'argent public pour étayer des thèses évolutionnistes...

Les capacités de réaction et d'adaptation du système de l'abus sont proportionnelles à la force qu'il a déjà acquise. Celle-ci, on l'a vu, est considérable. Il serait donc illusoire d'espérer qu'il implose tout à coup sous l'impact d'une vérité révélée ! On a donc toutes les raisons de craindre que la recherche scientifique soit de plus en plus bridée par les interdits et inféodée aux idéologies à la mode.

Pour notre part, nous admettrons, à l'instar de tous les experts qui l'ont examiné, que le rapport est scientifiquement irréprochable. Nous rappellerons, avant de conclure, quels en sont les points forts :

• Le rapport remet en cause des théories infondées sur la définition de l'abus et sur ses conséquences.

• Il permet de recentrer l'attention sur les abus réels, physiques, moraux ou sexuels.

• Il devrait, en toute logique, interdire que des relations consenties entre un adulte extérieur à la famille et un adolescent soient assimilées à des viols et traitées sur le même plan que les sévices réels dont certains enfants ont à souffrir.

• Il devrait interdire aussi que des condamnations en justice soient fondées sur la théorie notoirement fausse voulant que l'abus sexuel cause systématiquement des dommages irréparables. L'aspect potentiellement négatif de certains types de rapports inter-générationnels ne doit pas occulter la possibilité (statistiquement supérieure) d'effets positifs ou neutres.

• Les Droits de l'Enfant, totalement fictifs, devraient commencer à être respectés. Ils ne devraient pas permettre que la violence soit confondue avec l'initiation sexuelle. Il ne devrait plus être possible que les auteurs d'atteintes physiques parfois définitives soient traités avec plus de compréhension que les auteurs d'actes socialement proscrits, mais dont le caractère dangereux ou même non bénéfique est plus que douteux. L'échelle des peines encourues doit être revue et redevenir proportionnelle à la gravité reconnue et avérée des actes commis. La logique pernicieuse, qui permet aujourd'hui à l'infanticide d'être plus recevable que l'aventure sexuelle Note 138, finit par aboutir à l'incrimination et à l'emprisonnement de jeunes enfants coupables de jeux sexuels entre eux. Elle doit être dénoncée.

• Les apprentis sorciers de l'abusiness doivent cesser de sacrifier ces enfants qu’ils font commerce de protéger.

• Toute personne arguant d'une théorie prétendument scientifique pour obtenir la condamnation pénale d'un délinquant sexuel, ou entretenant sciemment la confusion entre un interdit religieux, moral ou social et une vérité expérimentale établie, devrait être poursuivie.

Le rapport Bauserman montre aussi que les folles campagnes émancipatrices des années 70, revendiquant une liberté sexuelle totale et sans contrôle de l'enfant, se sont révélées éminemment critiquables et contre-productives.

Même si elles sont minoritaires, les réactions négatives existent, le rapport le montre bien. Pour les filles, c'est une minorité importante, et chez les garçons il existe aussi de vraies victimes de l'abus. La même étude, qui interdit de considérer tout pédéraste comme nuisible, prouve aussi que certains d'entre eux au moins le sont.

Le traumatisme est rare dans les rapports pédérastiques. Néanmoins, on ne peut retirer à la société son droit de regard sur les pédomaniaques compulsifs, les fétichistes de l'imberbe, dont les délires obsessionnels peuvent relever de soins psychologique ou d'une sanction pénale adaptée.

Parmi tous ces fous d'enfance, combien cultivent un talent ou une passion qu'ils auraient à cœur de transmettre à l'éphèbe de leurs songes ? Même si beaucoup d'érastes se fantasment volontiers en nouveaux Socrates, doux initiateurs à une vie charnelle mâtinée de philosophie ou maîtres platoniques, le contexte actuel ne favorise guère l'émergence des mentors modernes. Ils sont aujourd'hui remplacés, avec un succès fort mitigé, par des acteurs sociaux de terrain, des éducatrices spécialisées...

Monterlant écrivait :

" Les mouvements de jeunesse sont pleins d'hommes que, du dehors, on admire d'être si zélés et qui ne le sont que parce que c'est là qu'ils satisfont leurs penchants fondamentaux. Ils ont fait coïncider leur devoir et leur plaisir, ce qui est sûrement la meilleure façon de donner au devoir une bonne trempe. "

Il ne faut surtout pas imaginer que ces éducateurs troubles se livraient à des orgies pédophiles ! La plupart sublimaient leurs désirs... Au moins n'étaient-ils généralement pas mis au pilori pour une attention trop tendre portée à leurs garçons, une caresse sur les cheveux ou un baiser au coucher.

Aujourd'hui, pour continuer avec Montherlant, l'abbé De Pradts (La Ville dont le prince est un enfant) serait mis en garde à vue dès l'acte I et le Supérieur inculpé pour non dénonciation ! A la fin, Souplier, coupable de viol sur un camarade plus jeune (c'est la scène de la remise) serait emmené menottes aux poignets...

Une des pièces majeures du répertoire dramatique français, revisitée par un metteur en scène correct, l'effet serait cocasse si on arrivait à oublier qu'une entreprise de nettoyage éthique est en marche. Aux E.U., dans les universités, on fait la chasse aux œuvres européocentrées qui représentent quand même l'essentiel de notre héritage culturel. On impose des quotas d’œuvres féministes, ethniques, gays, sans égard pour leur valeur intrinsèque... En France, Mme Bouillon propose d'interdire toute œuvre de fiction laissant envisager une possibilité d'amour sexué transgénérationnel. Mme Bouillon, qui est aussi procureur de son état, nous ramène au problème le plus grave, le plus difficilement réversible, celui sur lequel nous voulons clore ce commentaire: les dérives judiciaires.

Le nouveau Code Pénal permettait de distinguer nettement entre l'atteinte sexuelle et l'agression. Il proposait une majorité raisonnable en deçà de laquelle un contrôle et une répression modulable pouvait s'exercer au cas par cas. Il a hélas été dénaturé et détourné de ses buts initiaux. Des intentions louables ont cédé le pas à une répression infondée dans sa férocité.

Il faudrait donc revenir à l'esprit du nouveau Code, en étant bien conscients qu'en l'état, notre société n'est pas près de tolérer une pédomanie en roue libre qu'elle a elle-même installée en retirant à l'éraste tout rôle éducatif.  Souhaitons toutefois que l'étude publiée par Bauserman, Rind et Tromovitch contribue à réintroduire la Raison dans nos tribunaux séculiers possédés par les démons du temps...

Lausanne, décembre 1999.

 Le Monde du 26 janvier 1977:

Nous avons reçu le communiqué suivant:

"Les 27, 28 et 29 janvier, devant la cour d'assises des Yvelines vont comparaître pour attentat à la pudeur sans violence sur des mineurs de quinze ans, Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckardt, qui arrêtés l'automne 1973 sont déjà restés plus de trois ans en détention provisoire. Seul Bernard Dejager a récemment bénéficie du principe de liberté des inculpés. Une si longue détention préventive pour instruire une simple affaire de "moeurs " où les enfants n'ont pas été victimes de la moindre violence, mais, au contraire, ont précisé aux juges d'instruction qu'ils étaient consentants (quoique la justice leur dénie actuellement tout droit au consentement), une si longue détention préventive nous parait déjà scandaleuse. Aujourd'hui, ils risquent d'être condamnes à une grave peine de réclusion criminelle soit pour avoir eu des relations sexuelles avec ces mineurs, garçons et filles, soit pour avoir favoris et photographié leurs jeux sexuels. Nous considérons qu'il y a une disproportion manifeste d'une part, entre la qualification de "crime" qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés; d'autre part, entre la caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d'une société qui tend reconnaître chez les enfants et les adolescents l'existence d'une vie sexuelle (si une fille de treize ans a droit à la pilule, c'est pour quoi faire?) La loi française se contredit lorsqu'elle reconnaît une capacité de discernement d'un mineur de treize ou quatorze ans qu'elle peut juger et condamner, alors qu'elle lui refuse cette capacité quand il s'agit de sa Vie affective et sexuelle. Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit. Nous ne comprendrions pas que le 29 janvier Dejager, Gallien et Burckhart ne retrouvent pas la liberté." 

Ont signé ce communiqué:

 

Louis Aragon, Francis Ponge, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Judith Belladona docteurMichel Bon, psychosociologue Bertrand Boulin, Jean-Louis Bory, François Chatelelet Patrice Chéreau, Jean-Pierre Colin, Copi, Michel Cressole,
Gilles et Fanny Deleuze, Bernard Dort,  Franoise d'Eaubonne, docteur Maurice Erne, psychiatre Jean-Pierre Faye, docteur Pierrette Garrou, psychiatre Philippe Gavi,
docteur Pierre-Edmond Gay, psychanalyste, docteur Claire Gellman,                docteur Robert Gellman, psychiatre André Glucksmann, Félix Guattari,              Daniel Gurin, Pierre Guyotat, Pierre Hahn, Jean-Luc Henning,  Christian Hennion,
Jacques Henric,  Guy Hocquenghem,  docteur Bernard Kouchner,  Franoise Laborie,
Madeleine Lak,  Jack Lang, Georges Lapassade, Raymond Lepoutre, Michel Leyris,
Jean-François Lyotard, Dionys Mascolo, Gabriel Matzneff, Catherine Millet,
Vincent Montail,  Docteur Bernard Muldworf,  psychiatre Négrepont, Marc Pierret,
Anne Querrien,  Grisldis Ral,  Franois Régnault, Claude et Olivier Revault d'Allonnes, Christiane Rochefort, Gilles Sandier, etc…
 

 

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